Ph, G.AdC
UNA VECCHIA
« Parlare fino ad uscire dalle parole,
un ampio intreccio di sospiri
e di vicoli. Le lunghe glosse
di ogni più minuta fatica, i resoconti
degli anni e dei secoli dei morti.
Miracoli e naufragi. Calendari.
Silenzio, dopo.
Dalle finestre. Ti avvolge. »
UNE VIEILLE
« Parler jusqu’à sortir des paroles,
un entrelacs sans fin de soupirs
et de ruelles. Les longues gloses
sur la moindre peine, le compte rendu
des années, des siècles, des morts.
Calendriers, miracles, naufrages.
Puis, le silence.
Qui vient des fenêtres. T’enveloppe. »
Fabio Pusterla, Deux rives, Cheyne éditeur, Collection D’une voix l’autre, Le Chambon-sur-Lignon, 2002, page 47 ; 2e éd. 2004. Traduit de l’italien par Béatrice de Jurquet et Philippe Jaccottet.
BIO-BIBLIOGRAPHIE DE FABIO PUSTERLA
« Né dans un pays d’alpes, de grèves et d’eau, tout près de la frontière suisse », Fabio Pusterla est un poète des liminaires et des confins, des frêles frontières où s’estompent les lignes entre deux « rives imaginaires, hors de vue », des lisérés de lumière en forme de fentes grises échappées dans les brumes de l’aube. Les mots affleurent, comme esquissés, indéfinissables et incertains. Ainsi que le souligne Philippe Jaccottet, tout, à travers la « voix ferme, sobre admirablement maîtrisée » de Fabio Pusterla, est « toujours à la fois quotidien, proche, vrai et vaste, réel et néanmoins mystérieux ».
Né à Mendrisio (Suisse italienne ; canton du Tessin) le 3 mai 1957, Fabio Pusterla a grandi dans la ville-frontière de Chiasso. Il est licencié ès lettres modernes de l'Université de Pavie. Il vit entre Lugano et Albogasio (à la frontière entre la Suisse et l'Italie) et enseigne actuellement la langue et la littérature italiennes au lycée cantonal de Lugano 1. En 1991, il a été membre du comité fondateur de la revue de littérature Idra, publiée jusqu'en 2001 chez Marcos y Marcos, un petit éditeur milanais spécialisé dans la littérature de Suisse alémanique. Grand Prix Schiller 2011, il a reçu en 2013 le Prix suisse de littérature.
Poète et essayiste, il est aussi traducteur. Il a traduit en italien Yves Bonnefoy (L'Anti-Platon), Nicolas Bouvier, André Frénaud, Guillevic, Nuno Júdice, Corinna Bille, Maurice Chappaz, Eugenio De Andrade, Benjamin Fondane, Jean-Luc Nancy, mais surtout Philippe Jaccottet (sept recueils. Cf. « Traduire Jaccottet » de Fabio Pusterla). Travail de traducteur pour lequel il a obtenu, en 1994, le prix Prezzolini.
Fabio Pusterla est notamment l’auteur des recueils poétiques suivants :
- Concessione all’inverno, Bellinzona, Casagrande, 1985 ; rééd. 2001
- Bocksten, Milano, Marcos y Marcos, 1989 ; rééd. 2003
- Le cose senza storia, Milano, Marcos y Marcos, 1994
- Danza macabra, Camnago, Lietocolle, 1995
- Bandiere di carta, Scandicci, Fabrizio Mugnaini, 1996
- Isla persa, Locarno, I semi del salice, 1997 ; rééd. 1998
- Laghi e oltre, Camnago, Lietocolle, 1999
- Pietra sangue, Milano, Marcos y Marcos, 1999
- Folla Sommersa, Milano, Marcos y Marcos, 2004
- Movimenti sull'acqua, Camnago, LietoColle, 2004
- Storie dell'armadillo, Milano, Quaderni di Orfeo, 2006
- Le Terre emerse. Poesie scelte 1985-2008, Torino, Einaudi, 2009
- Corpo stellare, Milano, Marcos y Marcos, 2010
- Argéman, Milano, Marcos y Marcos, 2014
et d'un essai sur la poésie contemporaine :
- Il nervo di Arnold, Saggi e note sulla poesia contemporanea, Milano, Marcos y Marcos, 2007.
Fabio Pusterla a obtenu le Prix Gottfried Keller 2007 pour l'ensemble de son œuvre.
• Ouvrages disponibles en français :
- Fabio Pusterla, Me voici là dans le noir, Lausanne, Éditions Empreintes, 2001. Traduction de Mathilde Vischer
- Fabio Pusterla, Une Voix pour le noir. Poésies 1985-1999, Éditions d'En bas, 2001. Préface de Philippe Jaccottet. Traduction de Mathilde Vischer (édition bilingue)
- Fabio Pusterla, Deux rives, Cheyne éditeur, 2002. Traduction de Béatrice de Jurquet et Philippe Jaccottet (édition bilingue)
- Fabio Pusterla, Les Choses sans histoire, Lausanne, Éditions Empreintes, 2003. Traduction de Mathilde Vischer
- Fabio Pusterla, Ultimes paysages, L'Arrière-Pays, 2009. Traduction de Éric Dazzan (édition bilingue)
- Fabio Pusterla, Pierre après pierre, anthologie de poèmes, édition bilingue, éditions MétisPresses, Genève, 2017, pp. 84-85. Traduction de Mathilde Vischer.
A la vieillesse aimée
"S'il m'était possible
à moi de dire : "Oui, que je me souvienne !"
au lieu de ce cruel : "Foin de souvenirs"
Si ce passé mien
était pareil
à cette allée matinale,
plaisant, transparent, attirant l'or
bleu du matin
à l'orient !"
"Si pudiera decir
yo "¡Que sí recuerde!"
en vez de este cruel "¡Que no recuerde!"
¡Si su pasado mío
fuese como es esta alameda matinal,
gustoso, trasparente, atraedor al oro
azul de la mañana
por oriente !"
Juan Ramon Jiménez, Beauté, José Corti, pp. 41-43.
Rédigé par : Yves | 09 février 2006 à 21:10
Est-il possible que moi, d'Italie, je doive découvrir des auteurs de langue italienne ...en français ?
C'est pourtant ce qui m'arrive en venant dans "L'Ile au Trésor" d'Angèle...
à travers cette poésie et quelques "rimando" que tu as indiqués, il me semble que les vers et le style de Pusterla sont "imprégnés" de montagne, à l'air sec, au profil essentiel, au parfum caché comme ces petites fleurs à protéger.
bises
Rédigé par : madeinfranca | 10 février 2006 à 05:19
Pour toi tout spécialement, madeinfranca, un regalo, un petit cadeau. Fabio Pusterla disant à voix haute le poème Paesaggio* (Paysage), extrait du recueil Le cose senza storia (Marcos y Marcos, Milano, 1994).
" Qui piove per giorne interi, tavolta per mesi.
I sassi sono neri d'acquate,
i sentieri pesanti [...]"
"Ici il pleut des jours entiers, pendant des mois parfois.
Les pierres sont noires d'averse,
les sentiers lourds. [...]" (traduit de l'italien par Béatrice de Jurquet et Philippe Jaccottet).
(J'envoie la traduction à qui me la demande).
Baci a te,
Angela/Anghjula
* Le format est en RealPlayer (Source Radio 3 : Fahrenheit - La poesia del giorno)
Rédigé par : Angèle | 11 février 2006 à 20:28