Très douce matinée passée, mercredi 8 février, en compagnie de Brina Svit. Dans l’intimité lumineuse de son appartement parisien. J’avais prévu d’interviewer Brina pour Terres de femmes, mais tout s’est déroulé de manière si peu protocolaire. La conversation s’est installée, amicale, détendue, drôle. Elle a coulé, fluide, jusqu’à l’arrivée de Pascal (le mari de Brina) et de Leni (sa fille). La table ronde s’est alors agrandie et de trois (Brina, Yves et moi), nous sommes passés à cinq. Brina, elle, est passée du salon à la cuisine et s’est mise au « piano ». En un tournemain, le repas était prêt. Et l’humeur toujours aussi joyeuse et fraternelle. C’est par un « fil rouge » (celui que je tire à chacune de mes lectures des romans de Brina Svit) que s’était amorcé notre échange. A. P. |
Qu’en est-il de ce « fil rouge » ? B.- Oui, c’est vrai, « fil rouge » est une expression récurrente chez moi. J’ai besoin d'un fil rouge. Si la structure tient, tout tient. Après, je me sens libre, je peux dévier de route, me laisser surprendre par les détails, correspondances… Je n’en perçois pas tout de suite le sens, mais ça s’impose à un moment donné… Comme la musique de Schumann à la fin d’Un cœur de trop. Je n’aime pas particulièrement Schumann. Disons plutôt que je ne le connais pas bien. Je connais beaucoup mieux Brahms par exemple. Mais il s'est immiscé tout seul dans mon livre… Je n’ai compris qu’après coup qu’il tombait à pic. Par son romantisme, par ses voix intérieures… Et puis c’est quelqu’un qui a toujours créé des trios amoureux dans sa vie. Schumann-Clara-Brahms. Voilà, on y est dans mon roman ! Quel est le rôle des références musicales ? B.- Ce sont les musiques que j’aime, qui m’accompagnent tous les jours. Mais je ne veux pas en faire des références justement. A vrai dire, j’aimerais me défaire de ma culture. Je n’accorde pas une valeur en soi à la culture. Mon prochain roman portera aussi sur cette question : « Est-ce qu’on a besoin d’art dans notre vie ? Qu’est-ce que c’est que l’art, qu’est-ce que c’est que la vie ? » Oui, il y aura des citrons, par exemple. Un détail. Un détail lumineux. Comme chez Manet. Comme une tache de couleur. Le fil jaune, si tu veux… Mais c’est surtout un roman sur le tango. Et les références cinématographiques ? B.- Oui, c'est vrai qu'il y en a dans Un cœur de trop. Il y a Bergman, il y a Godard. Persona et Bande à part. Tout le roman est construit autour de l’idée de Persona. Deux femmes qui ne se parlent pas, qui règlent leurs comptes… Une narration à deux voix, voire trois plus tard. Composer un roman est aussi juxtaposer des états émotionnels différents. Mais ce qui compte surtout pour moi, c’est l’émotion. Je ne veux pas rendre ma littérature hermétique. Je pense toujours à ma coiffeuse en Slovénie, dans mon village. Elle lit mes livres. Elle me fait des commentaires. Alors je veux qu’elle comprenne tout. S’il y a des petites références ou citations qui lui échappent, ce n’est pas grave… Mais je veux qu’elle marche avec moi, qu’elle soit touchée par mon histoire. Qu’à la fin, elle pleure… Pleure pour quelqu’un d’autre que soi-même, comme dit Susan Sontag. Tu vois, on est encore dans la culture. Comment qualifierais-tu ton roman ? B.- Je voulais écrire un roman sur la sentimentalité. Sur deux façons différentes d’être sentimentale. Celle de Simone et celle de Lila. Mais au fond, je ne sais pas bien ce que veut dire être sentimentale. Est-ce que la phrase de Cioran que je mets en exergue* est vraie ? Je ne sais pas. C’est pour ça qu’elle est là. Parce que je ne le sais pas… Je veux partir à la découverte de quelque chose avec ce roman… C’est ce qui t’a conduit à choisir ce final sur les larmes de Simone ? B.- Ce ne sont pas les larmes de Simone. Elle veut que son amie pleure. C’est pour ça qu’elle ne lui dévoile pas ce qu’elle sait et que Lila ne sait pas. Alors Lila va peut-être pleurer. Et le lecteur aussi, qui en sait plus qu’elle ? En tout cas, je voulais aller vers une certaine catharsis au sens d’Aristote, celle qui met fin à l’identification. Celle qui nous lave de nos émotions. Quelle est pour toi la couleur dominante du roman ? B.- Le blanc, bien sûr. Tout est blanc dans le roman. La neige, la robe de mariée, le parfum qui a une note de cœur blanche… L’idée de l’innocence qui est assez kitch, comme le lac d’ailleurs. Simone se dit « innocente » … Mais elle est aussi méchante, non… ? Le lac existe-t-il vraiment ? B.- Oui. Je l’ai posé sur la carte, chapitre 46, qui commence par : « Prenez une carte d’Europe… » Et plus loin je dis : « Un emblème national, imaginez tout un peuple qui s’identifie avec cette image idyllique, on se sent élu comme on peut, n’est-ce pas… » Pour moi, c’est un endroit kitch. C’est pour ça qu’une partie de cette histoire se passe là. Il y a du kitch dans la sentimentalité. Kundera le dit beaucoup mieux que moi. Le kitch rassure, n’est-ce pas, nous renvoie une image réconfortante du monde… c’est pour ça que mes compatriotes aiment ce lac, avec une île au milieu et une petite église au-dessus. Y a-t-il un lien entre cette image du lac et ton identité ? B.- Non, surtout pas. Déjà je ne suis pas Slovène de cette façon-là… D’ailleurs je me sens de moins en moins Slovène. Puis je ne veux pas me laisser enfermer. Française ? Slovène ? Franco-slovène ? Parisienne ? Aujourd’hui mon triangle géographique est : Zagrajec, mon village slovène à la frontière italienne, Paris et Buenos-Aires. Pourquoi Buenos-Aires ? B.- A cause du tango. J’adore danser le tango. Le tango est un raccourci incroyable vers les autres. C’est la fraternité, la sensualité, le dialogue surtout… On sait tout de suite à qui l’on a affaire. On est en contact direct avec l’autre. Et ça engage tout l’être. On ne peut pas tricher. Et puis, je suis une joueuse. J’aime m’approprier les codes et le langage des autres. Le tango, c’est à la fois libre et codé. C’est une ouverture sur tous les possibles. Tu es toujours une extra-communautaire ? Comme dans Moreno ? B.- Disons que je ne veux pas dire « nous », mais « je ». Mais pas à la manière de l’autofiction. C’est vrai qu’avec Moreno, j’ai redécouvert le mot « extra-communautaire ». C’est un mot très péjoratif, mais je lui ai donné un sens positif qui me convient très bien. Et je l’ai exploité au maximum dans mon écriture. Je ne suis pas un « écrivain slovène ». Je suis un écrivain tout court. Pourquoi écrire des romans et non des autofictions ? B.- Parce que je suis romancière. J’aime inventer. Inventer veut dire trouver. Trouver veut dire être riche. J’aime être riche de cette façon romanesque. Chercher ce genre d’or… Voilà mon genre.
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BRINA SVIT Brina Svit, photographie de Philippe Matsas ■ Brina Svit sur Terres de femmes ▼ → Cela s’appelle l’aurore (Coco Dias ou la Porte Dorée) [lecture d’AP] → Coco ou le désarroi de Brina → Le Dieu des obstacles (lecture d’AP) → Les incertitudes du désir (Une nuit à Reykjavík) [lecture d’AP] → Turris eburnea (Moreno + bio-bibliographie)[lecture d’AP] → Nouvelles définitions de l’amour (lecture d’AP) → Brina Svit, Petit éloge de la rupture (lecture d’AP) → Un cœur de trop [lecture d’AP] → Visage slovène (lecture d’AP) → Rue des Illusions perdues (Con brio) [lecture d’AP] → (en commentaires sur Terres de femmes) Mort d'une Prima Donna slovène → (dans la galerie Visages de femmes) Portrait de Brina Svit (+ extraits de Moreno, Un cœur de trop, Coco Dias ou la Porte Dorée) ■ Voir aussi ▼ → (sur Terres de femmes) une bibliographie sélective d’ouvrages d’écrivains contemporains slovènes ou de langue slovène traduits en français |
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Il va vraiment falloir que je me mette au plus vite à la lecture de Brina Svit ! Pourquoi pas à l'occasion du prochain salon du livre ?!
Comme convenu entre nous, je retranscris ci-dessous la petite synthèse sur la littérature slovène que j'avais écrite en son temps sur Zazieweb. Je m’étais inspiré pour partie du "Que sais-je ?" de Georges Castellan consacré à la Slovénie, augmenté des ajouts et précisions de Critias (Yves Thomas, le webmestre de TdF).
Les premiers textes en langue slovène connus sont les Feuillets de Freising (Brižinski spomeniki). Ils ont été écrits entre 972 et 1039 pour des besoins d’évangélisation. La langue était en effet utilisée par les couches les plus basses de la société (bien que les bourgeois et la petite noblesse la connaissaient), ainsi que par le clergé.
C’est avec le luthéranisme que le slovène entama sa carrière de langue littéraire. Les idées de la Réforme se répandent bien en Slovénie. On doit mentionner Primož Trubar (1508-1586), qui, imprégné des idées nouvelles, hésita toutefois à rompre avec Rome. Ses prêches en slovène dans la cathédrale de Ljubljana attiraient les foules.
En 1550, les deux premiers livres en slovène paraissent, dont un Catéchisme en langue slovène.
En 1555, paraît l’Evangile selon saint Matthieu, et en 1582, le Nouveau Testament.
L’œuvre de Trubar est prolongée par Jurij Dalmatin (1547-1589) et Adam Bohorič (1520-1600). Dalmatin traduisit l’intégralité de la Bible en slovène (considérée pendant longtemps comme le modèle du slovène littéraire, et fut même utilisée par les prêtres catholiques sur autorisation du Pape).
Bohorič est l’auteur de la première grammaire slovène.
En dehors de la publication de livres utilitaires, le XVIIIe siècle marque les premières publications de poésie, dirigées par le père Janez Damascen (pseudonyme de Felix Dev, 1732-1786).
Au tournant du siècle, un cercle savant se forme autour du baron Zois (1747-1819), né de père italien et de mère slovène, protecteur de nombreux artistes, il tint une sorte de salon dans son hôtel particulier.
Cette époque, marquée par le baron Zois, vit aussi l’émergence du théâtre et le prolongement des œuvres historiques de Valvasor (1641-1693), notamment en la personne de Linhart (1756-1835), auteur d’adaptation de pièces allemandes, et d’un ouvrage historique.
Parallèlement, un certain nombre de personnalités, dont Vodnik (1758-1819), s’efforcent de planifier la langue, en écrivant des manuels.
Au début du XIXe siècle paraissent de nombreuses grammaires, mais aussi des publications diverses (livres de cuisine, manuels d’obstétrique, etc.)
La grammaire de Kopitar (1780-1844), un grand philologue, est la première grammaire moderne. Kopitar a fait créer une chaire de langues slaves à l’université de Vienne (1849). On crée aussi des chaires de slovène dans les lycées.
Le début du XIXe siècle est marqué par Matija Čop (1797-1835) (grand érudit), Vodnik (1758-1819) (jeune prêtre, auteur de nombreux poèmes, dont une Ode à Napoléon), et surtout France Prešeren (1800-1849).
Prešeren est considéré comme le plus grand poète slovène. Issu d’une famille paysanne de Carniole, il fait son droit à Vienne, et devient clerc de notaire.
Empruntant des formes poétiques dans toutes les époques et tous les pays, il adapte "la poésie slovène [aux] formes les plus exigeantes et les plus pures de la poésie occidentale".
Auteur d’élégies, de poèmes amoureux désespérés, de poèmes épiques, et d’adaptations de chants populaires, il a contribué à donner aux Slovènes une vraie langue littéraire.
La seconde moitié du XIXe donne à la langue slovène ses premières œuvres marquantes en prose.
On peut citer notamment J. Cigler (1792-1869), auteur d’un récit picaresque : La Chance dans le malheur (Sreča v nesreči) ; Janez Trdina (1830-1905) ; M. Valjavec (1831-1897) ; L. Svetec (1826-1921).
De nombreuses revues paraissent à cette époque et contribuent au développement de la langue et de la littérature slovène.
Le roman paysan allemand s’implante en Slovénie avec un auteur marquant et un peu part, Fran Levstik (1831-1887). Auteur de Martin Krpan, il fut aussi un grand défenseur de la langue slovène.
Les revues Slavija (Klagenfurt) et Vaje (Ljubljana) seront un vivier d’écrivains et de poètes, dont : Simon Jenko (1835-1869), auteur de poèmes sur les thèmes de la nature, l’amour et la mélancolie, mais aussi plus politiques, il est surnommé le "Heine slovène" ; Fran Erjavec (1834-1887), auteur de romans populaires ; J. Menciger (1838-1912) ; Josip Jurčič (1844-1881), auteur de romans historiques et paysans, dont le grand succès Le Janissaire slovène (Jurij Kozjak) ; Ivan Tavčar (1851-1923), auteur de nombreux romans et nouvelles, et aussi député et maire de Ljubljana ; Janko Kersnik (1852-1897), auteur de romans bourgeois et paysans ; Josip Stritar (1836-1923), grand écrivain, il est surtout connu pour ses analyses littéraires ; Simon Gregorčič (1844-1906), excellent poète ; Anton Aškerc (1856-1912), poète paysan et folkloriste.
Les auteurs du groupe "moderna" :
Ivan Cankar (1876-1918) est considéré comme le plus grand écrivain slovène. Né à Vrhnika (sud de Ljubljana), il publie des poésies dans le style décadent dès 1899. Influencé par son époque, il vécut à Vienne et Ljubljana, se consacrant uniquement à la littérature. A partir de 1907, il prend une part active à la vie politique. Auteur complet, il excelle dans la poésie, le roman, la nouvelle, le théâtre.
Oton Župančič (1878-1949), contrairement à Cankar, est un poète de l’harmonie, de l’espérance et la lumière. Directeur du théâtre de Ljubljana et conservateur aux archives, il fut influencé entre autres par le symbolisme, et appela même, dans la fin de sa vie, à la lutte contre les nazis : "Connais-tu, poète, ton devoir ?" (Veš, poet, svoj dolg ?).
Dragotin Kette (1876-1899) et J. M. Aleksandrov (1879-1901) sont deux "poètes maudits" remarquables.
Les auteurs du réalisme :
Vida Jeraj (1875-1932) ; C. Golar (1879-1965) ; M. Pugelj (1883-1929) ; F. Milčinski (1867-1932) ; L. Kraigher (1877-1959). Tous ses auteurs cherchent à s’écarter de l’influence de la moderna.
Quelques auteurs chrétiens progressistes :
Finžgar (1883-1952), prêtre originaire de Carniole, auteur de romans dans la veine de ceux du polonais Sienkiewicz, toujours très appréciés aujourd’hui.
Meško (1874-1964), auteur notamment de récits jeunesse.
Izidor Cankar (1896-1958), cousin de Ivan Cankar, il dirigea Dom in svet, une importante revue culturelle.
Ivan Pregelj, (1883-1952), auteur de la région triestine.
S. Kosovel (1904-1926) est le principal représentant de l’expressionnisme. Originaire du Karst, il est mort très jeune, et les traductions en italien et français ont contribué à le faire connaître à l’étranger.
D’autres auteurs, comme Podbevšek (1898-1981), Jarc (1900-1942) ou Seliškar (1900-1969), ont cherché des formes nouvelles dans l’expressionnisme ou le futurisme.
Dès les années 1930, et encore plus après la guerre et la victoire de Tito, se développe le mouvement du réalisme social et socialiste, avec entre autres Miško Kranjec (1908-1983) ; Prežihov Voranc (1893-1950), de son vrai nom Lovro Kuhar, enfant chéri du régime communiste ; Ciril Kosmač (1910-1980), natif de la région triestine, est attentif aux problèmes sociaux et nationaux ; Ivan Potrč (1913-1993), communiste et militant de la première heure ; A. Ingolič (1907-1992). Quelques auteurs s’éloignent des courants dominants, en se tournant vers le roman historique : Vladimir Bartol (1903-1967) ; ou psychologique : S. Grum (1901-1949).
Pendant la guerre, des éditions clandestines de poètes-partisans existèrent. On peut citer Matej Bor (pseudonyme de Vladimir Pavšič (1912-1993) ; Karel Destovnik (ou Kajuh, 1922-1944) ; France Balantič (1921-1943), résistant mais anticommuniste ; Edvard Kocbek (1904-1981).
Parmi les poètes modernes, les figures essentielles sont : Janez Menart (1929-2004) ; Ciril Zlobec (1925-) ; Ivan Minatti (1924-) ; Gregor Strniša (1930-1987) ; Veno Taufer (1933-) ; Tomaž Šalamun (1941-) ; S. Makarovič (1939-) ; M. Dekleva (1946-) ; M. Jesih (1950-) ; E. Fritz (1940-) ; Boris A. Novak (1953-).
Certains vivent en Autriche et en Italie, comme Kokot, Smole, Kravos.
La poésie slovène demeure d’une très grande vitalité, avec un nombre de revues et de publications importantes compte tenu du petit nombre d’habitants.
Dans les années 1960, les prosateurs se détachent progressivement du réalisme social imposé par le régime, par l’apport de thèmes nouveaux, d’une nouvelle vision de l’Homme, voire d’une poursuite de la tradition d’avant-guerre : Zdravko Slamnik (1932-1992) ; Lozje Kovačič (1928-) ; Andrej Hieng (1925-) ; Alojz Rebula (1924-) ; Boris Pahor (1913-), triestin, résistant interné par les nazis, traduit dans de nombreuses langues, il jouit d’une renommée internationale.
Parmi les expatriés, on peut citer K. Mauser (1918-1977), vivant en Argentine. Chez les Slovènes d’Autriche, le principal auteur est Florjan Lipuš (1937-).
Dans les années 1970, une nouvelle génération émerge, avec en tête Drago Jančar (1948-) ; dont "la maîtrise de la langue et l’intensité dramatique placent l’œuvre de Jančar au premier rang de la littérature slovène d’aujourd’hui".
Sont aussi notables : Rudi Šeligo (1935-2004) ; S. Vuga ; A. Capuder, Franček Rudolf (1944-), etc.
La littérature slovène se compose également de nombreuses œuvres critiques.
Certains écrivains ont réalisé des traductions de grandes œuvres étrangères en slovènes (Gradnik pour Dante et Tagore ; Klopčič pour Heine et Lermontov, etc.). Aujourd’hui, cette tradition se poursuit (Lorca par Udovič, Camões par Capuder).
Rédigé par : Alfred Teckel | 10 février 2006 à 13:39
Ci-après, Alfred Teckel, un extrait du commentaire que je vous avais adressé en réponse :
Merci infiniment, Alfred Teckel, pour ce remarquable travail de synthèse, d’autant plus utile que le Que-sais-je ? de Castellan est hélas toujours indisponible chez l’éditeur. J’aimerais dire un mot particulier sur Brina Svit, les femmes écrivains slovènes étant peu représentées dans la littérature slovène, hors Karolina Kolmanič (née en 1930, mais inconnue en France). La dernière édition de l’ouvrage de Castellan remontant à 1988, il n’a pas été possible à son auteur de prendre en compte le grand talent d’écriture de Brina Svigelj Merat, dite Brina Svit. Svit désignant en slovène « cet instant d'avant l'aube où les oiseaux s'arrêtent de chanter », pseudonyme qui est apparu pour la première fois dans le générique de son premier court métrage, Nikola (1989, avec Brigitte Fontaine. Prix du public au Festival de Dunkerque), film qui sera suivi d’un autre court métrage, Le Balcon (1990, avec Anémone. Prix du jury au Festival de Grenoble), et De Jeanne à Zerline (documentaire sur Jeanne Moreau).
Je viens précisément de lire le premier ouvrage de Brina Svit écrit directement en français (Moreno, publié l’année dernière dans la collection blanche de Gallimard et primé par l’Académie française. Ouvrage dont nous reparlerons. Je crois d’ailleurs savoir qu’angèlepaoli a l’intention d’en dire quelques mots). Le premier essai d’écriture de Brina Svit en langue française remonte en fait à juillet 2001, date à laquelle a été publié dans un supplément spécial du Monde un court récit de 25 pages intitulé L'été où Marine avait un corps, tandis que Moreno a été écrit en avril-mai 2002 en Toscane, dans la propriété (un refuge pour écrivains appelé fondation Santa Maddalena) de la « Baronessa » Beatrice Monti della Corte Rezzori, veuve de l’écrivain Gregor von Rezzori (auteur notamment des Mémoires d’un antisémite et de Neiges d’antan). Cette expérience d’écriture a été pour Brina un vrai bouleversement. Comme le lui avait dit Cioran [...]avec qui elle a longtemps tenté de faire un film : « Lorsqu'on passe d'une langue à une autre on se coupe de son passé, de son enfance. » Aussi l’expérience qu’elle a ainsi vécu a été une expérience radicale, qui lui a fait ressentir au tréfonds d’elle-même qu’elle restait une « extracommunautaire ».[...]
Rédigé par : Yves | 10 février 2006 à 13:49
Mercredi 29 mars à 19h30, Brina Svit est l'invitée (aux côtés de Luba Jurgenson et de Christine Rousseau, journaliste au Monde des livres) d'une soirée-débat à la Maison des écrivains.
Intitulé de la rencontre :
Bernard-l'hermite de la langue française
Débat proposé et animé par Maria Maïlat, écrivain.
L'étranger ou l'étrangère qui se glisse dans l'écriture en français déclenche chez ses interlocuteurs des réactions de doute, pessimisme, curiosité, étonnement.
Lecture des textes des auteurs invités : Valérie Delbord.
Maison des écrivains
53, rue de Verneuil
75007 Paris
Métro : Solférino
tél. : 01 49 54 68 87
Entrée : 3 € - gratuit pour les adhérents, les étudiants et les demandeurs d’emploi.
Rédigé par : Agenda culturel de TdF | 27 mars 2006 à 22:46