Le
11 février 1963,
Sylvia Plath se donne la mort. Quelques jours auparavant, le 5 février 1963, elle avait écrit le poème
Edge (Extrémité), son
dernier poème.
Image, G.AdC
EDGE
The woman is perfected
Her dead
Body wears the smile of accomplishment,
The illusion of a Greek necessity
Flows in the scrolls of her toga,
Her bare
Feet seem to be saying:
We have come so far, it is over.
Each dead child coiled, a white serpent,
One at each little
Pitcher of milk, now empty.
She has folded
Them back into her body as petals
Of a rose close when the garden
Stiffens and odours bleed
From the sweet, deep throats of the night flower.
The moon has nothing to be sad about,
Staring from her hood of bone.
She is used to this sort of thing.
Her blacks crackle and drag.
Sylvia Plath, Ariel, Faber & Faber, London, 1965, page 80.
EXTRÉMITÉ
Voici parfaite la femme.
Mort.
Son corps arbore le sourire de l’accomplissement;
L’illusion d’une nécessité grecque
Flotte parmi les volutes de sa toge;
Ses pieds
Nus semblent dire:
Nous sommes arrivés jusqu’ici, c’est fini.
Chaque enfant mort lové, serpent blanc,
Un à chaque petit
Pichet de lait, dorénavant vide.
Elle les a repliés
Dans son corps comme des pétales
De rose se ferment quand le jardin
Se fige et que les odeurs saignent
Des gorges douces et profondes de la fleur de nuit.
Rien ne saurait toucher ni attrister la lune
Qui regarde sans broncher depuis sa cagoule d’os.
Elle a l’habitude de ce genre de chose.
Et ses ténèbres craquent, et ses ténèbres durent. »
5 février 1963
Sylvia Plath, in Valérie Rouzeau, Sylvia Plath/Un galop infatigable, jeanmichelplace/poésie, 2003, pp. 112-113. Traduction de Valérie Rouzeau.
Extraordinaire Sylvia ! Ses poèmes inquiètent, intriguent…
"Rien ne saurait toucher ni attrister la lune
Qui regarde sans broncher depuis sa cagoule d’os.
Elle a l’habitude de ce genre de chose.
Et ses ténèbres craquent, et ses ténèbres durent. "
…Il ne suffit pas de dire
mais de marteler
de creuser de fixer
les mots pour qu’ils
prennent racine
pour qu’ils dérangent
et provoquent…
Rédigé par : nobody | 26 février 2006 à 13:34