Source
LES VERGERS DE TOMBOUCTOU
Notice explicative
Deux mille et onze, ô temps où des palmes sans nombre
Bruissaient, ombrageant tomates et concombres
Autour de Tombouctou,
Et des arbres mentaux, plantés par les édiles
Proposaient des vergers aux studieuses sybilles
Et aux dormeurs itou !
1
J’étais sorti de mon corps endormi
J’étais debout sous l’arbre à songes
Près de la citerne à souvenirs
Le gardien me rappela que la pêche est
Interdite en cette saison et qu’il faut laisser
Mûrir les songes.
2
Bel arbre que j’ai planté, arbre à réponses,
J’ai regardé souvent à la brise spirituelle
Palpiter tes feuilles doubles, pareilles
A la feuille sombre et claire du tremble.
3
Il n’est pas bon de trop longtemps sortir la nuit
Dénouer sa chevelure sensible sous l’arbre à paroles.
On apprend trop de choses. À la longue cela fatigue
Le pouvoir d’ignorer le lendemain.
4
Dormeuse,
Je garde loin de toi les esprits des morts futiles,
Les pensées des voyageurs distraits, les désirs des
Vieillards affligés d’incontinence mentale.
Dormeuse, viens
Me rejoindre sous l’arbre à rencontres.
Je te dénouerai dans la lumière jaune de mon repos.
Demain tu te réveilleras
Contente.
5
Les petites âmes aiment l’arbre à mensonges,
Les petites âmes vont y sécher leurs petites larmes.
Par de petits émois les petites âmes ajournent
La saison de grandir.
6
Passé trente ans ne plante plus d’arbres à miroirs,
Passé quarante, taille court l’arbre à gloire,
Passé cinquante, arrose l’arbre à silence,
Pour qu’un matin, descendant au verger,
Pleuvent sur toi les fleurs de la tranquillité.
7
Je t’ai attendue sous l’arbre à fidélité,
Je t’ai espérée sous l’arbre à mémoire.
Excuse-moi. J’étais bête. Ô douce, ô sage, je te
Retrouve enfin sous l’arbre du sommeil…
Jean-Paul de Dadelsen, L'Européen in Jonas suivi de Les Ponts de Budapest et autres poèmes, Gallimard, Collection Poésie, 1962 et 2005, pp. 203-206.
L'arbre à poèmes, celui que j'aime,
Près des troènes au fond du pré,
L'entends-tu souffler au monde
Une ronde une ronde sans ombres ?
Rédigé par : Jean-François AGOSTINI | 07 janvier 2006 à 00:56
oui, il fallait bien s'attendre sous un arbre, là, sur un banc assises, il fallait bien s'attendre et le temps n'a pas voulu que l'on se voit, qu'on se regarde un peu, le temps n'a pas voulu que l'on se rencontre et il fallait s'attendre encore sous des arbres, toujours des arbres et l'on s'est attendu assises sur un banc, là, ailleurs, toujours et le temps a passé, le temps a passé sur l'attente et a fini par l'effacer je crois.
clem
Rédigé par : clem | 07 janvier 2006 à 09:59
Bonsoir Angèle et vos supers équipiers. Un petit mot pour vous souhaiter une bonne année et vous remercier d'avoir mis en place ce grenier des plaisirs. Ce soir, j'y ai trouvé le jardin de Tombouctou qui est un petit bijou que j'aurais aimé avoir écrit, "Commencements" me parle au coeur, l'extrait musical capte mon âme !! Bref, je passe un chouette moment, chouette dans le sens de "super". A bientôt. Anie
Rédigé par : Anie Tor | 07 janvier 2006 à 10:29
Quelle fraîcheur et quelle profondeur dans Les vergers de Tombouctou, quelle réflexion sur notre condition d'humains, quels délices dans ce jardin planté d'arbres de vie...
Rédigé par : pascale | 07 janvier 2006 à 14:50