Ritratti di donne
Ph., G.AdC
ELLE LEONOR
Je ne l’ai pas vraiment connue. Même si je l’ai souvent vue, je ne l’ai jamais vraiment rencontrée. J’aurais pu, j’aurais voulu. Elle était là, pourtant, qui nimbait de ses mystères les mystères du Cap Corse. Elle dépliait sa silhouette de sirène au large des écueils, dans les eaux vertes de l’été. Elle nageait dans la lumière du soleil ou de la lune, dans la crique du couvent San Francesco. L’ancien couvent de Nonza (XIIIe s.), dont elle avait racheté quelques pans de murs.
Un beau jour d'été 1952, elle a été là. Elle est arrivée par la mer, entourée d’éphèbes blonds et bruns. Elle est arrivée avec ses abyssins argentés qu’elle gardait à l’abri dans ses ruines. Ils paressaient à l’ombre, couchés sous les grands figuiers de Barbarie. Jour après jour, elle se baignait nue dans l’écume. Enroulée dans les tulles de chapeaux qu’elle avait créés. Les rires des éphèbes bruns et blonds montaient vers la montagne. Ensemble, ils menaient joyeuse sarabande, de nuit et de jour. Elle ne se montrait que rarement au village. Pour les vernissages d’expositions préparés en son honneur. Chaque matin de l’été, une vieille paysanne descendait à dos d’âne, par le sentier muletier, les paniers chargés des produits du jardin.
La vieille paysanne est morte. Nul ne sait plus quand. Les chats sont repartis vers des terres oubliées. La belle a disparu. Ses rêves chimériques se sont noyés dans les eaux vertes de l’été.
Il m’arrive parfois de descendre au couvent par le sentier douanier. Je vais à sa rencontre et m’étonne de son absence. Je rêve de franchir les pans de murs en ruine gardés par les grands figuiers. Des rires montent encore, le temps d’un été. Mais ils sont sans visages. Sur la crête des vagues, je cherche le sien, nimbé de tulles clairs.
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
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Fenêtre sur le jardin de Leonor. Leonor et la mer. Les grandes extravagances, vagues venant du large. Et le soir, un scintillement qui nous prend toute, ou tout, comme on est et n'est pas, dans l'esprit de ce corps toujours au bord. De quoi. JM.
Rédigé par : Jean-Marie | 18 janvier 2006 à 16:25
[…Cailloux ridés rugueux grimés de sel…] [Laissés là pour mémoire…] (*)
…Sur une plage d'azur pilonnée d'une insupportable chaleur qui déverserait un soleil au zénith assommant de ses lingots de plomb le moindre murmure…
C'est ainsi qu'à l'instant la page s'est recouverte de bleu
L'encre de l'océan a déteint sur le blanc
L’écume persiste comme une mémoire irrédentiste
Elle parle de ces lieux de rendez-vous impossibles
Amicizia
Guidu______
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(*note) C’est ce que dit Angèle ! Où ça ? Facile ! Il suffit de se servir de l’outil de "Recherche plein texte" (Google) sur >Terres de femmes, en haut dans la colonne de gauche, juste sous l’horloge (l’horloge oui justement...), en y insérant ces mots.
C’est magique Terres de femmes !
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Rédigé par : Guidu | 30 mars 2006 à 18:58