Lourde fièvre de ton enfance
étau de plomb sur ton corps alangui
chapes de pare-feu qui tombent des solives
t’enserrent de leurs plaques pesantes t’emprisonnent t’enclavent
te réduisent l’espace fuit se dérobe à toi l’air raréfié t’obsède
tu cherches par quelle issue inviolable échapper à l’emprise des plombs la force te quitte souffle court haleine chaude d’abandon paupières brûlées d’un feu qu’aucune eau de vie ne parvient à étancher que nul effort ne parvient à soulever cils soudés tu tentes un battement pour déplisser la peau de ton visage défriper le dessin de tes joues libérer l’ancrage de ton nez naufragé au-dessus de ta bouche desséchée vieillie évidée tu cherches en vain à rafraîchir humecter vivifier langue et lèvres arrimées inamoviblement tu tentes un mouvement des membres agglutinés soudés à la chair siamoise de ton corps doigts palmés éventail de peau membrane plissée jointoyée tes dents tombent chapelet encordé de tessons jaunis rancis calcinés tombent tournent pivotent réintègrent leur antre naturel tombent encore chapelet encordé de tessons rancis jaunis calcinés tombent dans la poussière la suie craque sous les dents qui tombent lamentable chapelet gluant de gomme l’étau se resserre sur ton corps anéanti les solives du plafond se rapprochent enserrent tes membres enfiévrés dans une chape de glu bouillante qui t’enveloppe dans ses grumeaux étau de plomb qui se referme
sur ton corps
alangui
de fièvre
l’espace fuit
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
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je t'offrirais bien une pierre philosophale
pour changer le plomb en or
et oublier l’alchimie du temps
Rédigé par : Yann | 11 janvier 2006 à 09:37
Merci Yann. Hors la Médecine Universelle, tu m'offriras bien aussi un petit Élixir ? Nous nous passerons pour l'instant du Soufre Philosophique. Ton talent suffira pour cette alchimie.
Rédigé par : Angèle | 11 janvier 2006 à 10:46
J'y vois le passage des dents (vitrine) de Solal dans Belle du Seigneur, j'y vois le rétrécissement de nos ombres, j'y vois la fuite en notre intériorité. Est-ce enfin le passage ?
Rédigé par : Jean François Agostini | 11 janvier 2006 à 13:58