Enregistrement du 2 février 1969
Disque Barclay 5291162
édité en 1995
C'EST EXTRA
Au lendemain d’une tournée triomphale de six mois et deux jours après la fameuse table ronde (6 janvier 1969) entre les trois grands de la chanson française (Léo Ferré, Jacques Brel et Georges Brassens), Léo Ferré (Monaco, 24 août 1916 - Castellina in Chianti, 14 juillet 1993) embrase les planches de Bobino, à Paris, avec « Pépée » et trois chansons rouge révolte et sexe de feu: « Ni Dieu ni maître », « C’est Extra » (le tube de l'année 69, chanté pour la première fois sur scène) et, en apothéose finale, « Les Anarchistes », un petit chef-d’œuvre enfoui derrière les fagots depuis 1967. Les drapeaux noirs flottent dans la salle. Léo Ferré poursuivra son récital jusqu’au 3 février.
LES ANARCHISTES
« Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent
La plupart Espagnols allez savoir pourquoi
Faut croire qu'en Espagne on ne les comprend pas
Les anarchistes
Ils ont tout ramassé
Des beignes et des pavés
Ils ont gueulé si fort
Qu'ils peuvent gueuler encor
Ils ont le coeur devant
Et leurs rêves au mitan
Et puis l'âme toute rongée
Par des foutues idées
Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent
La plupart fils de rien ou bien fils de si peu
Qu'on ne les voit jamais que lorsqu'on a peur d'eux
Les anarchistes
Ils sont morts cent dix fois
Pour que dalle et pourquoi ?
Avec l'amour au poing
Sur la table ou sur rien
Avec l'air entêté
Qui fait le sang versé
Ils ont frappé si fort
Qu'ils peuvent frapper encor
Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent
Et s'il faut commencer par les coups d'pied au cul
Faudrait pas oublier qu'ça descend dans la rue
Les anarchistes
Ils ont un drapeau noir
En berne sur l'Espoir
Et la mélancolie
Pour traîner dans la vie
Des couteaux pour trancher
Le pain de l'Amitié
Et des armes rouillées
Pour ne pas oublier
Qu'y en a pas un sur cent et qu'pourtant ils existent
Et qu'ils se tiennent bien bras dessus bras dessous
Joyeux, et c'est pour ça qu'ils sont toujours debout
Les anarchistes »
Ci-après, Léo Ferré chante « Les anarchistes » en italien (Gli anarchici)[Source] [Format Windows Media Player]
GLI ANARCHICI
« Non son l'uno per cento ma credetemi esistono
In gran parte spagnoli chi lo sa mai perché
Penseresti che in Spagna proprio non li capiscano
Sono gli anarchici
Han raccolto già tutto
Di insulti e battute
E più hanno gridato
Più hanno ancora fiato
Hanno chiuso nel petto
Un sogno disperato
E le anime corrose
Da idee favolose
Non son l'uno per cento ma credetemi esistono
Figli di troppo poco o di origine oscura
Non li si vede mai che quando fan paura
Sono gli anarchici
Mille volte son morti
Come è indifferente
Con l'amore nel pugno
Per troppo o per niente
Han gettato testardi
La vita alla malora
Ma hanno tanto colpito
Che colpiranno ancora
Non son l'uno per cento ma credetemi esistono
e se dai calci in culo c'è da incominciare
Chi è che scende per strada non lo dimenticare
Sono gli anarchici
Hanno bandiere nere
Sulla loro Speranza
E la malinconia
Per compagna di danza
Coltelli per tagliare
Il pane dell'Amicizia
E del sangue pulito
Per lavar la sporcizia
Non son l'uno per cento ma credetemi esistono
Stretti l'uno con l'altro e se in loro non credi
Li puoi sbattere in terra ma sono sempre in piedi
Sono gli anarchici »
|
Retour au répertoire du numéro de janvier 2006
Retour à l' index de l'éphéméride culturelle
Merci pour le lien, je ne connaissais pas cette version. Cet homme était... un homme! Beau de partout, sa poésie est salutaire.
Amour, Anarchie, il avait compris et exprimé ce lien fondamental.
Il me manque, putain qu'il me manque.
Rédigé par : Royka | 08 janvier 2006 à 13:55
Oui, Royka, vous avez raison! Il nous manque ! Il nous manque terriblement ! Enfin, à quelques-uns de "ma" génération. Et c'est pour cela que j'ai voulu lui rendre cet hommage. Aujourd'hui comme hier, il me bouleverse. Mais, si je m'en tiens à ce que j'entends autour de moi, je ne crois pas que Léo Ferré ait encore trop la cote auprès des "djeunes".
Quoi qu'il en soit, votre exclamation finale, hyperboliquement douloureuse, me rappelle quelque chose: comme un accent venu du Sud. Plus précis encore, le parler marseillais !
Bienvenue en tout cas, Royka, car je ne crois pas vous avoir déjà croisé(e?) sur mes Terres.
Amicizia.
Rédigé par : Angèle | 08 janvier 2006 à 18:34
Pour écouter une série d'interviews de Léo Ferré (dont les Radioscopies de 1975 et 1980 et Une nuit avec Léo Ferré avec France Culture en 1988), se rendre sur Léo on the web.
Rédigé par : Webmestre de TdF | 01 février 2006 à 16:48
Les "djeunzes" et Léo ? Hum... la cote chez certains, oublié pour la plupart.
Pour ma part, si j'aime certaines de ses chansons, je dois bien avouer n'avoir jamais accroché vraiment... au contraire d'un Brel ou d'un Brassens, même si cela fait cliché de citer ces deux-là...
Rédigé par : Alfred Teckel | 02 février 2006 à 00:05
Sur YouTube, plusieurs autres extraits de ce récital Bobino :
- Pépée ;
- Petite.
Profitez-en pour regarder :
- la vidéo de l'inauguration de la médiathèque Léo Ferré, à Grigny, le 4 novembre 2006 ;
- les Archives INA ;
- une photo de Léo Ferré trouvée ici.
Rédigé par : Webmestre de TdF | 08 janvier 2007 à 14:21
les anarchistes - la plus belle ou ma préférée
Rédigé par : brigetoun | 23 septembre 2009 à 22:06