«
Nous ne vivons vraiment que quelques heures de notre vie… »
Albert Camus, Carnets, Cahier n°6 (avril 1948-mars 1951), Gallimard, Collection blanche, 1964, page 252.
Henri Cartier-Bresson
Albert Camus, 1947
Magnum Photos
Source
Il y a cinquante-deux ans, le 4 janvier 1960, Albert Camus était tué sur le coup dans un accident de voiture au lieu-dit « le Grand Frossard », à Villeblevin, près de Montereau (Yonne). Il avait 47 ans. La voiture que conduisait Michel Gallimard, neveu de l’éditeur Gaston Gallimard, s'est écrasée contre un platane. Aux côtés d'Albert Camus, on retrouvera le manuscrit (en cours d'écriture) du Premier homme, son journal, Le Gai Savoir et Othello. Michel Gallimard succombe à ses blessures cinq jours plus tard. Albert Camus était né à Mondovi (Algérie) le 7 novembre 1913.
Ci-après, le script d'un entretien radiophonique avec Albert Camus, réalisé par Martine de Barcy pour Radio-Canada, autour de la création de la pièce Les Possédés (date de diffusion : 20 décembre 1959, 15 jours avant la mort d’Albert Camus) => Interview en accès audio libre (3min 47s). Cette entrevue fut l’une des dernières accordées par l’écrivain.
• Martine de Barcy :
« Mais je crois, Monsieur Camus, aussi loin que l’on remonte dans votre œuvre, on voit toujours le théâtre présent, et même déjà dans votre passé, puisque vous avez, dans votre vie d’étudiant à Alger, monté un certain nombre de pièces. Et vous avez vous-même joué. »
• Albert Camus :
« C’est exact, d’une part il n’y avait pas de théâtre à Alger ; comme j’en avais la passion, j’ai simplement créé un théâtre moi-même, un petit théâtre d’amateurs et d’autre part pour gagner ma vie, j’ai joué dans des troupes professionnelles en tournée. »
• Martine de Barcy :
« Mais que représente donc le théâtre pour vous attirer à différentes étapes de votre carrière ? »
• Albert Camus :
« Eh bien, je ne sais pas, souvent les créatures de théâtre me paraissent plus réelles que les créatures de la vie et, en tout cas, c’est un monde où je me sens beaucoup plus à l’aise que dans la vie courante. »
• Martine de Barcy :
« Mais n’y a-t-il pas pour vous contradiction entre l’œuvre créatrice d’homme de théâtre et celle de l’homme de lettres qui écrit des romans ou des essais ? »
• Albert Camus :
« Il n’y a aucune contradiction pour moi parce que le théâtre me paraît le plus haut des arts littéraires en ce sens qu’il demande la formulation la plus simple et la plus précise à l’intention du plus grand public possible et, pour moi, c’est la définition même de l’art. »
• Martine de Barcy :
« Pourquoi avez-vous choisi cette œuvre de Dostoïevski spécialement ? »
• Albert Camus :
« Je l’ai choisie spécialement parce que je l’aime spécialement et j’ai toujours vu ces personnages dans une lumière dramatique, dans une lumière de scène, par conséquent j’ai été tenté de les porter à la scène. »
• Martine de Barcy :
« Mais ce roman paraît un peu touffu et certains disent même confus à la lecture ? Est-ce que ça ne présente pas quelque difficulté justement pour la schématisation scénique ? »
• Albert Camus :
« En fait, le roman est certainement touffu mais il n’est certainement pas confus. En ce sens que la logique intérieure qui est propre à Dostoïevski peut très bien s’y retrouver. C’est cette logique que j’ai justement essayé de retrouver et j’ai simplement éliminé ce qui était touffu pour ne garder que cette logique intérieure. »
• Martine de Barcy :
« Eh bien, Monsieur Camus, puisque vous avez l’amabilité de nous lire quelque chose, je vais vous demander de nous situer le passage. »
• Albert Camus :
« C’est très simple. Ce sont exactement les premières phrases prononcées au début de la pièce par le narrateur lorsqu’il arrive devant le public. Ce narrateur, qui fait aussi partie des personnages de la pièce, arrive devant un rideau noir. »
« Mesdames, Messieurs,
Les étranges événements auxquels vous allez assister se sont produits dans notre ville de province sous l’influence de mon respectable ami le professeur Stépan Trophimovitch Verkhovensky. Le professeur avait toujours joué, parmi nous, un rôle véritablement civique. Il était libéral et idéaliste ; il aimait l’Occident, le progrès, la justice, et, en général, tout ce qui est élevé. Mais sur ces hauteurs, il en vint malheureusement à s’imaginer que le tsar et ses ministres lui en voulaient personnellement et il s’installa chez nous pour y tenir, avec beaucoup de dignité, l’emploi de penseur exilé et persécuté. Simplement, trois ou quatre fois par an, il avait des accès de tristesse civique qui le tenaient au lit avec une bouillotte sur le ventre. […]
Là commence mon histoire. »
Albert Camus, Les Possédés (d'après Dostoïevski), in Théâtre, récits, nouvelles, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1962, page 925.
Chère Angèle,
Camus est un de mes auteurs français préférés: j'ai profité d'une bronchite assez grave avant Noël où je devais garder le lit pour relire L'Etranger, Noces, L'Eté - j'adore surtout ses descriptions du paysage et ses sensations face au soleil, la mer, les odeurs...
J'ai aussi lu La Chasse de nuit et bien sûr le conte corse qui m'a beaucoup plu; j'en aime beaucoup le langage et je peux tout très bien imaginer!
La semaine prochaine, je partirai au ski avec mes élèves, pour deux semaines, et je ne pourrai pas suivre le blog - ça va me manquer!
J'espère que la petite pause de fin d'année t'a fait du bien et que les fêtes se sont bien passées.
Amitiés
Uschi
Rédigé par : Uschi | 05 janvier 2006 à 00:03
Bonjour Uschi,
Je t'ai écrit plusieurs fois à l'adresse ci-desssus, mais mes courriers me reviennent systématiquement. Aussi je t'écris ici, sur TdF, puisque je sais que tu viens à ma rencontre tous les jours.
J'ai été heureuse de te lire hier, ma chère Uschi. Il me semble qu'il y a des lunes que je ne t'ai pas croisée. Depuis ton séjour à la neige, en fait. Tu dois croire que je te néglige, mais il n'en est rien. Dis-moi comment je puis te joindre. J'enrage lorsque la technique se met en travers de mon chemin.
Quand pars-tu en Corse ? J'espère que tu auras du beau temps, pas trop pluvieux, pas trop froid. Les cyclamens sauvages seront peut-être déjà sortis sur le sentier en dessous de la tour qui mène au couvent. Quelle merveille!
Je penserai à toi. Profite bien de tout, de la lumière, de l'espace, des odeurs, de toute cette beauté grandiose que nous aimons et qui nous habite.
Amicizia
Angèle
Rédigé par : Angèle | 14 février 2006 à 13:16
Du 24 au 28 avril 2006 se tiendra à Alger et Tipasa un Symposium international autour de "Camus et les Lettres algériennes : l'espace de l'inter-discours". Ce symposium est organisé par l'Université d'Alger et l'Université Paul Valéry-Montpellier III.
Pour plus de renseignements, écrire à :
- [email protected]
- [email protected]
ET cliquer ICI.
Rédigé par : Agenda culturel de TdF | 01 avril 2006 à 20:27
Quelle belle découverte ce matin!
Au hasard d'une recherche sur Camus confiée à google, j'ai découvert vos terres.
Des instants de bonheur, au parcours de vos choix, photos, textes, histoires, tout donne envie de suivre vos voyages.
Je reviendrai.
Merci
Marie-Hélène Wanneroy Smiejan
Rédigé par : Marie-Hélène Wanneroy Smiejan | 15 mai 2006 à 15:01