Image, G.AdC
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LE VISAGE DE GARBO « Garbo appartient encore à ce moment du cinéma où la saisie du visage humain jetait les foules dans le plus grand trouble, où l’on se perdait littéralement dans une image humaine comme dans un philtre, où le visage constituait une sorte d’état absolu de la chair, que l’on ne pouvait ni atteindre ni abandonner. […] dans ce visage déifié, quelque chose de plus aigu qu’un masque se dessine : une sorte de rapport volontaire et donc humain entre la courbure des narines et l’arcade des sourcils, une fonction rare, individuelle, entre deux zones de la figure ; le masque n’est qu’addition de lignes, le visage, lui, est avant tout rappel thématique des unes aux autres. Le visage de Garbo représente ce moment fragile, où le cinéma va extraire une beauté existentielle d’une beauté essentielle, où l’archétype va s’infléchir vers la fascination de figures périssables, où la clarté des essences charnelles va faire place à une lyrique de la femme. » Roland Barthes, Mythologies, Éditions du Seuil, 1957 ; Collection Points Essais, 1970, pp. 65-66-67. ■ Voir aussi ▼ → le site www.greta-garbo.de (en allemand) → (sur Carnets d'une marraine) la Divine |
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L'âge moyen de notre public a un peu baissé, mais en bons sales mômes que nous tentons de rester, nous ferons tout notre possible pour rester fidèles à l'esprit de nos illustres (et parfois intenables) précurseurs :)
bon week-end,
bien cordialement
Florian
Programmateur du Studio des Ursulines
Rédigé par : Florian | 22 janvier 2006 à 11:36
Ah!! La Divine! Une de mes "admirables"...
"Garbo parle"; "Garbo rit": voilà les arguments massues pour vanter ses films à l'époque.
Peu d'actrices auront autant marqué leur époque et tout le cinéma.
Même si elle n'est pas ma préférée de toutes les actrices, Garbo, c'est un mythe. C'est ce visage, froid et parfait, cette beauté nordique à couper le souffle. Garbo, c'est en fait l'anti-Louise Brooks. On aime Brooks, tandis qu'on admire Garbo, sans oser la toucher réellement, en effleurant seulement son image, tant la grâce la sublime.
Garbo, c'est aussi le mystère, cette éclipse totale, comme si la plus belle lune, lasse d'être montrée, s'était cachée à tout jamais. Garbo ne sortit de sa pénombre d'ermite que pour gagner le tombeau...
C'est cela, un mythe... ça nous fascine à jamais, parce que cela nous dépasse.
(NB: J'ai regretté, par pure inclination personnelle, que l'on ne trouve pas, dans vos "Portraits de femmes", au demeurant splendides, la grande Katharine Hepburn.)
Rédigé par : Alfred Teckel | 22 janvier 2006 à 23:01
Je me souviens avoir entendu un jour, il y a longtemps, le critique de cinéma Remo Forlami déclarer que Greta Garbo était l'incarnation même de la star telle qu'on l'entendait encore il y a quelques années. Eh oui, le voilà bien le mythe de la star, distante jusqu'à en être inaccessible, au propre et au figuré ; et non, la star n'est pas ce concept galvaudé, cet anglicisme (américanisme ?) qu'on entend à tout bout de champ, pour un oui ou un non, pour la minette d'un jour ou le bellâtre d'un instant. Pauvre Greta au statut déchu... étoile pâlie par la mode du vocabulaire excessif...
Rédigé par : pascale | 23 janvier 2006 à 12:58
Votre page n'est pas muette et sait rendre divinement hommage à Greta Garbo.
Rédigé par : Dominique Hasselmann | 17 décembre 2010 à 09:04