TANT D'ASTRES
TANT D’ASTRES qu’on
nous fait miroiter. J’étais,
quand je t’ai regardée ― quand ? ―
dehors chez
les autres mondes.
Ô ces voies, galactiques*,
ô cette heure qui nous fit
passer le poids
des nuits dans la charge de nos noms**. Il n’est,
je le sais, pas vrai
que nous avons vécu, il est
seulement passé, aveugle, un souffle entre
Là et Pas-là et Par moments,
un œil a vrombi, comète, filant
vers de l’éteint, au fond des gouffres,
là où mourait la braise, se tenait,
tétins somptueux, le Temps
sur qui déjà croissait, grimpait, redescendait
et débordait ce qui
est ou était ou sera ―,
je sais,
je sais et tu sais, nous savions,
ne savions pas,
n’étions pas ici en effet et non là-bas,
et par moments,
pour peu que seul le néant fût dressé entre nous, nous
nous sommes entièrement trouvés.
SOVIEL GESTIRNE
SOVIEL GESTIRNE, die
man uns hinhält. Ich war,
als ich dich ansah ― wann ? ―,
draußen bei
den anderen Welten.
O diese Wege, galaktisch,
o diese Stunde, die uns
die Nächte herüberwog in
die Last unsrer Namen. Es ist,
ich weiß est, nicht wahr,
daß wir lebten, es ging
blind nur ein Atem zwischen
Dort und Nicht-da und Zuweilen,
kometenhaft schwirrte ein Aug
auf Erloschenes zu, in den Schluchten,
da, wo’s verglühte, stand
zitzenprächtig die Zeit,
an der schon empor ― und hinab ―
und hinwegwuchs, was
ist oder war oder sein wird ―,
ich weiß,
ich weiß und du weißt, wir wußten,
wir wußten nicht, wir
waren ja da und nicht dort,
und zuweilen, wenn
nur das Nichts zwischen uns stand, fanden
wir ganz zueinander.
* Allusion, sans doute, au poème de Nelly Sachs, Die Stunde zu Endor (du 13 au 17 juin 1960, Nelly Sachs avait rendu visite aux Celan à Paris). Mais aussi référence implicite au roman de Jean-Paul, Der Komet.
** Nächte-Mast consonne avec Nelly Sachs… [D'après les notes du traducteur]
Paul Celan, Die Niemandsrose [La Rose de personne], in Choix de poèmes réunis par l’auteur, Gallimard, Collection Poésie, 1998, pp. 172-175. Traduction de Jean-Pierre Lefebvre.
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NOTE : Ce poème de Paul Celan a été mis en musique en 1988 par le compositeur Martijn Hooning. Ce lied a notamment été interprété par la soprano néerlandaise Karin van Arkel (court extrait d'enregistrement live [21 janvier 2002] ICI).
Flap ... l'oiseau se pose et dépose sur le thème ...
*
Céleste clameur
Fourmillent les étoiles aux univers perdus
En spirales incessantes à l’éclosion des rêves
Au vide sidéral sidérées presque nues
A l’idée que le temps ne jamais ne s’achève
Le bruit qui se répand en clameurs explosives
Bouleverse mes sens rationnels par nature
De chocs d’astres néants que l’énergie avive
A l’onde des géants qui se donnent en pâture
Blanches naines ou trous noirs que voilà populace
Par trop perturbatrice à l’humaine conscience
Regrettant la faiblesse des prières si lasses
Ecrites aux origines au grès des défaillances
L’univers qui dévoile ainsi sans à propos
A l’humble serviteur d’une Terre en arpège
Son image céleste mêlée de quiproquos
Impulse sa folie à l’homme sacrilège
*
busard
Rédigé par : busard | 06 décembre 2005 à 11:20
... nice to find my piece here :)
Martijn Hooning
Rédigé par : Martijn Hooning | 14 avril 2006 à 18:17