Le
8 octobre 1953 meurt à Londres
Kathleen Ferrier.
Portrait de Kathleen Ferrier.
Image, G.AdC
EWIG... EWIG
« Ewig … ewig , « éternellement ... éternellement », derniers mots de l’entrée dans l’éternité (sur les deux notes mi et ré) de Der Abschied (L’Adieu), dernier lied du Chant de la Terre (Das Lied von der Erde) de Gustav Mahler. Der Abscheid (L’Adieu) est un amalgame de deux poèmes tang de Mong Jao Yen (mort en 740) et de Wang Wei (699-759), adaptés en vers allemands par Hans Bethge (recueil Die chinesische Flöte, La Flûte chinoise). Mais les quatre derniers vers sont de la main de Mahler lui-même. Ci-après le final de Der Abscheid :
« Wohin ich geh'? Ich geh', ich wand're in die Berge.
Ich suche Ruhe für mein einsam Herz!
Ich wandle nach der Heimat, meiner Stätte.
Ich werde niemals in die Ferne schweifen.
Still ist mein Herz und harret seiner Stunde!
Die liebe Erde allüberall
Blüht auf im Lenz und grünt aufs neu!
Allüberall und ewig blauen licht die Fernen!
Ewig… Ewig... »
« Où vais-je ? Je vais errer dans les montagnes.
Je cherche le repos pour mon cœur solitaire.
Je chemine vers mon pays, vers ma demeure.
Je ne m’aventurerai pas au loin.
Calme est mon cœur, il aspire à son heure !
La terre bien aimée en tout lieu refleurit
au printemps et verdoie de nouveau.
Partout et pour toujours les horizons bleuissent !
Eternellement… éternellement. »
Traduction de Georges Gourdet
Lorsque Kathleen Ferrier chanta pour la première fois Le Chant de la Terre lors du premier festival d’Edimbourg (6-16 septembre 1947), elle était tellement bouleversée qu’elle ne parvint pas à chanter le dernier « ewig » de cette cantilène. Alors qu’elle venait de présenter ses excuses au chef d’orchestre (Bruno Walter) pour ce manquement non professionnel, celui-ci lui répondit tout aussitôt : « Si nous avions tous été aussi artistes que vous, nous aurions tous été en larmes comme vous ».
K.F... J'ai fait écouter cette voix à mes garçons, comme je l'avais un jour reçue de mon père - du fond mystérieux d'un 33 tours noir, à l'époque, qui craquait. Ils n'ont rien dit, comme jadis je n'avais rien dit. Mais je crois que ce fut la même sidération. Ainsi, de génération en génération, le silence s'agrandissait, autour de voix bien-aimées.
Rédigé par : Jean-Marie | 08 novembre 2005 à 14:29
Dans le fichier sonore ci-joint [fichier Mp3 à écouter sur Windows Media Player ou Winamp], Michèle Finck parle d'Yves Bonnefoy et de Kathleen Ferrier (source : émission de France Culture, Du jour au lendemain, Alain Veinstein, 1989) au lendemain de la publication chez José Corti de son ouvrage Yves Bonnefoy, le simple et le sens. Accès direct également possible à partir du site de Michèle Finck.
Rédigé par : Yves | 15 janvier 2006 à 01:39
Le premier enregistrement du Chant de la Terre interprété par Kathleen Ferrier a eu lieu à New York le 18 janvier 1948. Kathleen Ferrier était aux côtés de Set Svanholm et le New York Philharmonic était dirigé par Bruno Walter (Enregistrement live. Label : NYP Editions).
Rédigé par : Yves | 18 janvier 2006 à 08:50
Il faut entendre les Kindertotenlieder de Mahler, par cette voix. C'est de l'ordre de la musique métaphysique, comme certaines fantaisies de Schubert...
Rédigé par : Nathalie | 19 novembre 2009 à 18:23