Née le 10 avril 1932 à Beyrouth (Liban), Delphine Seyrig est décédée à Paris le 15 octobre 1990 des suites d’un cancer du poumon. Image, G.AdC ET ELLE CETTE VOIX - Tu te souviens d’elle ? • Oui, sa silhouette de satin noir sur les terrasses de Marienbad. - C’était il y a longtemps ? • Oui, longtemps, une autre année, d’une autre époque. - Un temps révolu alors ? • Oui, révolu. - Les années 1930 alors ? • Peut-être, les années d’après sa naissance à elle, sa naissance à Beyrouth. - C’était la fille de l’ambassadeur au Liban ? • Non, tu confonds, ta mémoire se perd. Elle, c’était Delphine. La fille d’Henri Seyrig, chargé de la mission archéologique pour le Liban et la Syrie. L’autre, c’est Anne-Marie, Anne-Marie Stretter. Souviens-toi, la femme de la légende. - La légende du Gange ? • Oui, cet amour-là. Son amour pour le vice-consul. Un homme vierge. - Un amour rare, alors ? • Oui, rare, c’est ça ! - Mais tu l’avais rencontrée ailleurs ? • Ailleurs, oui, là-bas, loin, c’était après Venise, il avait plu sur le delta. - J’entends des bribes de musique. • Les Variations Diabelli, c’est la musique de l’ambassade. - Et le chant de la mendiante, cette litanie le long du fleuve ? • Oui, il y a aussi la mendiante ; celle de Savannakhet, Laos. - Et elle ? Cette voix ? • Une voix lente, hors du temps, je ne la connais qu’à elle. - Et elle ? • Elle ? « On la trouve à Pékin « Et puis à Mandalay. « À Bangkok. « On la trouve à Bangkok. « À Rangoon. À Sydney. « On la trouve à Lahore. « Dix-sept ans. « On la trouve à Calcutta… - Calcutta ? • Oui, Calcutta, tu sais bien, son nom de Venise dans Calcutta désert ! - Et maintenant ? • Maintenant, c’est fini. Elle était déjà morte depuis longtemps. Elle est morte à Calcutta. C’est écrit : « À Calcutta : « Elle meurt. Angèle Paoli D.R. Texte angèlepaoli |
DELPHINE SEYRIG Source ■ Voir | écouter aussi ▼ → (sur Terres de femmes) 25 juin 1961 | Sortie du film d'Alain Resnais, L'Année dernière à Marienbad → (sur YouTube) un extrait du film India Song de Marguerite Duras → (sur les Inrockuptibles) Pourquoi L’année dernière à Marienbad reste un sommet de modernité cinématographique ? → (sur le site du Festival International du Film de La Rochelle) une très belle fiche biographique sur Delphine Seyrig par Jean-Marc Lalanne |
En souvenir de Delphine, cette minute sonore d’India Song, une musique de Carlos d’Alessio pour le film de Marguerite Duras, et dans lequel Delphine Seyrig jouait le rôle d’Anne-Marie Stretter. Et en cadeau, cette interprétation de la chanteuse chilienne Marianna Montalvo.
« Pour ce qui est d’India Song, la musique de Carlos d’Alessio est encore avec moi, elle m’entoure, m’habite comme à la première minute où j’ai entendu la musique de cet homme, musique du désir qui est l’essence même du film. [...] India Song n’est pas un film pour être regardé ni aimé, c'est l’envers du cinéma, India Song, c’est tout, sauf du cinéma. » (Marguerite Duras)
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Bonjour Angèle,
Que de souvenirs, cette voix inégalable, des moments de plaisir rare en compagnie de Delphine Seyrig...
Bonne journée au son de cette musique envoûtante.
Elisanne
Rédigé par : double je | 15 octobre 2005 à 14:52
Connaître quelqu'un déjà amoureux de D.S. avant même qu'elle tourne dans India Song, se demander s'il est après redescendu du septième ciel, et s'interroger, perplexe, sur ce que cet homme est devenu. Il tend l'oreille, paraît-il, lorsqu'il entend une voix de femme qui évoque la sienne - toute voix de femme, peut-être. Ferme les yeux... Il prétend qu'elle est toujours là. JM.
Rédigé par : Jean-Marie. | 15 octobre 2005 à 21:50
Je crois l'avoir découverte pour la première fois dans Muriel de Resnais, lors d'une séance de ciné-club. J'ai vu plus tard L'Année dernière à Marienbad, film qui était pourtant antérieur. Mais rappelez-vous, Jean-Marie, le trouble de la rencontre (et donc l'émotion de tout cinéphile) entre Antoine Doinel (Léaud) et la femme du marchand de chaussures (Delphine Seyrig en Fabienne Tabart). Et le "merci pour ce frugal repas". C'était bien avant India Song, c'était en 1968. C'était dans Baisers volés. Notez qu'il y avait aussi Michael Lonsdale, qu'on retrouvera dans India Song. Quant à Mathieu Carrière, le choc avait eu lieu bien avant India Song également : dans Rendez-vous à Bray (1971)d'André Delvaux, inspiré de la nouvelle de Julien Gracq : Le Roi Cophetua. Qui nous avait permis de faire connaissance de Bulle Ogier, qu'on allait retrouver la même année dans La Salamandre. Autre actrice-culte...
Rédigé par : Yves | 16 octobre 2005 à 09:27
Delphine Seyrig, avant d'être l'héroïne de Muriel ou de Marienbad, reste, dans ma mémoire, la plus extraordinaire, la plus merveilleuse des interprètes de Tchekhov.
Qui l'a vu dans La Mouette en reste imprégné à jamais - sa voix, si particulière, aussi marquante que celle de Maria Casarès, vient souvent murmurer, à mon oreille : "Non ! ne me reconduisez pas !". Ce sont ses dernières paroles dans La Mouette - et cette femme reste également une des figures emblématiques de la lutte des femmes pour leur droit d'être reconnues... Merci Delphine ! Merci d'avoir été ! Merci de revenir hanter ma mémoire ! Je crois que j'ai aimé cette femme...
Rédigé par : jean-claude koutchouk | 23 février 2007 à 16:42
Oui, Jean-Claude, nous l'avons beaucoup aimée. Je ne l'ai pas vue dans La Mouette de Tchekhov et je le regrette vivement, mais je l'ai vue sur scène, éblouissante, dans Sarah et le cri de la langouste de John Murrell. Bouleversante aussi dans l'inoubliable Letters home. Une adaptation théâtrale par Rose Leiman Goldenberg d'une correspondance adressée par Silvia Plath à sa mère. Adaptation qui sera reprise par la suite au cinéma par Chantal Akerman.
Rédigé par : Angèle Paoli | 24 février 2007 à 00:14
Sur mon blog aujourd'hui, allez savoir pourquoi...
Savez-vous que je suis avec Michael Lonsdale, Sami Frey (et quelques autres...) l'un des - j'imagine ! - rares hommes à avoir tenu Delphine Seyrig dans ses bras. C'était je pense en 1978, vraisemblablement à pareille époque, les souvenirs ne reviennent pas sans raison. Je me rendais ce jour-là à la "Compagnie du Désert Occidental", première boutique de fringues que des amis avaient ouverte depuis déjà quelques années rue des Rosiers - maintenant il y en a plein... Il pleuvait un peu et au moment où j'ouvris la porte pour entrer, la sublime, habituée de l'endroit en voisine, loupant en sortant la marche un peu glissante, trébucha avec élégance et se laissa couler dans mes bras. Je la recueillis. Elle se redressa et le regard un peu perdu, de sa voix incomparable me susurra : "Merci !". Et oui !
Jaloux !!!!
Rédigé par : PPle Moqueur | 17 novembre 2007 à 00:24
J'ai été amoureux de Delphine pendant mon adolescence et même après. A distance, malheureusement. J'ai eu la chance de la voir dans L'Aide-mémoire de Jean-Claude Carrière au théatre de l'Atelier avec Henri Garcin. Elle me manque toujours.
Rédigé par : Guy Lombardo | 01 avril 2009 à 13:46
Merci de cette confidence, Guy. Je crois que cette femme a marqué toute une génération. Je peux dire que j'ai aussi aimé Delphine Seyrig, tout en sachant bien que je ne suis pas la seule à l'avoir été. Qu'importe ! Elle est toujours une grande dame, sublime de présence dans nos mémoires.
Rédigé par : Angèle Paoli | 03 avril 2009 à 00:36
Jusqu'au 11 octobre 2010, cycle Delphine Seyrig à la Cinémathèque française.
Rédigé par : Agenda culturel de TdF | 06 octobre 2010 à 17:55
Bonjour
J'ai revu avec bonheur hier soir 13 février 2012 sur Arte "Baisers volés" de François Truffaut, avec Delphine Seyrig et Jean-Pierre Léaud. Une Delphine Seyrig plus belle que jamais, avec cette voix qui enchanta mes vingt ans.
En cherchant à en savoir davantage sur elle, je viens de tomber sur votre site. Mes félicitations : celui-ci est remarquable d'esthétique, de finesse et de qualité. L'hommage que vous lui avez rendu est riche d'émotion. Merci
Denis Bobenrieth
Rédigé par : Denis Bobenrieth | 14 février 2012 à 12:44