Ph. D.R.
Canari (Haute-Corse), le 5 septembre 2005
« Robin Renucci à l’épreuve du syndrome de l’échec », tel est le titre de l’article consacré à Robin Renucci dans le Journal de la Corse du 26 août 2005 (voir extrait ci-dessous). La lecture d’un pareil titre laisse bien sous-entendre les sérieuses difficultés que rencontre aujourd’hui, en Corse, ce grand professionnel du théâtre. Difficultés qui mettent sérieusement en péril les actions d’U Teatrinu du Giunssani.
J’ai pu moi-même apprécier l’été dernier les qualités et la richesse de ce théâtre. C’est ainsi qu’au mois d’août 2004, dans le cadre des 7es rencontres internationales de théâtre en Corse, j’ai assisté à la première création mondiale d’une pièce de Julien Green, L’Étudiant roux, restée inédite. La transposition théâtrale avait été effectuée par l’auteur lui-même d’après son roman Moïra (1950) et achevée en 1991. Du 9 au 19 août 2004, cette pièce - dont la mise en scène de Jean-Claude Penchenat faisait montre d’une haute tenue artistique - a tourné dix jours durant dans huit villes et villages de Corse (de Castifao à Ajaccio) et a bénéficié d’un énorme succès « grand public ».
Superbement interprétés par une palette d’acteurs talentueux, les personnages de Julien Green, déchirés entre tradition et modernité, mysticisme discret et sensualité violente, se mouvaient dans le décor magique du « Théâtre de verdure » de Cunchigliu. Niché au creux de ce hameau de Barrettali, au pied de l’église de l’Annonciade. La mise en scène de Robin Renucci, tout à la fois sobre, élégante et raffinée, était nimbée du halo de la pleine lune. Les cigales accompagnaient de leurs stridulations ardentes le silence recueilli de l’assistance, suspendue aux lèvres des acteurs. J’ai gardé un souvenir ébloui de la Moïra donnée au cours de cette nuit d’été par Robin Renucci.
Cette année 2005, la commune de Barrettali a de nouveau accueilli Robin Renucci dans son théâtre. Avec la pièce Un fil à la patte de Georges Feydeau. Il faut espérer avec Jacques-Marie Coti, auteur de l’article consacré au metteur en scène corse, que les audaces culturelles et le courage de Robin Renucci l’emporteront sur les « frilosités politiques et administratives » actuelles. Et les forces vitales sur les principes de régression et de mort.
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
EXTRAITS CHOISIS de l’article de Jacques-Marie Coti, « Robin Renucci à l’épreuve du syndrome de l’échec », paru dans le Journal de la Corse n° 10447 (semaine du 26 août au 1er septembre 2005).
« Depuis huit ans, Robin Renucci s’acharne à faire exister dans la vallée du Giunssani, une expérience de création et de formation théâtrale exceptionnelle […]
Cette aventure est exemplaire de ce qui pourrait être fait en Corse sur le plan culturel et artistique.[…]
Un tel projet, à la fois artistique et social, puisqu’il s’agit bien de faire vivre, de donner une âme, à une région en train de dépérir, a besoin de s’inscrire dans la durée. Or, les années passant, les intérêts médiatiques s’émoussent et les Rencontres internationales du Giunssani deviennent ce qu’on appelle un « marronnier ». Du coup la reconnaissance a tendance à fléchir et le soutien politique à devenir plus improbable.
Les changements politiques ne sont pas bénéfiques à ce genre d’entreprise. Une nouvelle majorité n’est généralement pas trop portée à soutenir ce qui l’a été par la précédente. Les contraintes économiques et budgétaires servant d’alibi, les aides et subventions diminuent et les financements deviennent aléatoires. Or, ce genre d’entreprise a besoin d’être soutenu par une volonté politique inébranlable. D’autant plus que l’implication et la pertinence locales sont contestées.[…]
Les rencontres internationales du Giunssani ont besoin de trouver un second souffle et toutes les recettes possibles pour éviter ce syndrome spécifiquement insulaire qui fit disparaître Miguele Raffaelli et tant d’autres. « C’est trop beau pour la Corse », une formule qui masque des jalousies , des frilosités politiques et administratives qui risquent de faire mourir une entreprise incontestablement exemplaire. [...]»
Jacques-Marie Coti
L’Aria de Robin Renucci
Né en 1956 au Creusot (Saône-et-Loire), le réalisateur, acteur et scénariste français Robin Renucci est d’origine corse. Ancien élève de l'Ecole Charles Dullin et du Conservatoire d'Art Dramatique de Paris, il fait ses débuts sur grand écran en 1981, dans Eaux profondes de Michel Deville (avec Jean-Louis Trintignant et Isabelle Huppert). Après avoir joué dans Les Misérables de Robert Hossein et Fort Saganne d'Alain Corneau, il joue le rôle d’un critique d'art dans Escalier C de Jean-Charles Tacchella, prestation qui lui vaut en 1986 une nomination au César du Meilleur acteur. Par la suite, il joue notamment sous la direction de Claude Chabrol dans Masques (1987), de Diane Kurys dans Les Enfants du siècle (1999) et de Jean-Pierre Mocky dans Le Furet (2003). En 2004, il réalise son premier film dont il est aussi le scénariste : Qui a dit que nous étions morts ?
L’ARIA, une démarche d’éducation populaire
En 1998, Robin Renucci s’installe à Olmi-Cappella en Haute-Corse, en plein cœur du Parc Régional, dans la région du Giunssani. Il y crée l’ARIA, l’association des Rencontres Internationales Artistiques, un pôle d’éducation et de formation pour la création théâtrale. Ce projet entraîne tout aussitôt la redynamisation d’une région en voie de désertification. Ouverte à tous, l’ARIA s’inscrit dans une démarche exigeante d’éducation populaire dans l’esprit de Jean Vilar et du TNP, qui cherchait à faire accéder le plus large public possible à un répertoire de qualité. Mais ce sont les Rencontres Internationales de Théâtre en Corse (dont la 8e édition s’est tenue cet été 2005), qui ont le plus contribué à la renommée de l’ARIA, même si l’association poursuit ses activités tout au long de l’année.
ARIA
Bâtiment Battaglini
20259 Olmi-Cappella
tél. : 04 95 61 93 18
e-mail : [email protected]
Pour mieux connaître Robin Renucci, voir
Allocine et le site de l’ARIA.
Pour ceux qui peuvent recevoir France3 Corse, dimanche 11 septembre,
à 18h00, Cuntrastu : magazine de la rédaction
L'invité : Robin Renucci
Le comédien Robin Renucci est l’invité de l’émission Cuntrastu de la rentrée.
Dans les villages de Balagne, son théâtre populaire connaît de plus en plus de succès depuis sa mise en place il y a sept ans déjà. Nous évoquerons en sa compagnie la dimension culturelle et artistique de la Corse, ses projets, ses ambitions. Une émission proposée par Robert Latxague et présentée par Charles Frigara.
Rédigé par : Nadine | 10 septembre 2005 à 16:13
Ci-après un communiqué qui nous a été adressé par Robin Renucci :
Politique et « people » Qui soutient qui ?
La campagne présidentielle s’achève. Chacun aura bientôt, en conscience, à choisir son (sa) candidat(e) dans les urnes. Il en va de la liberté républicaine et du droit de chaque citoyen de faire savoir auparavant, ou pas, s’il entend soutenir publiquement l’un ou l’autre. Artiste de théâtre et de cinéma, à ce titre modestement connu du public, j’ai choisi pour ma part de n’affirmer aucun engagement public.
Pour autant, j’ai accepté de dialoguer avec plusieurs candidat(e)s sur un thème pour lequel, avec d’autres, nous militons depuis des années : la question de l’art et de la culture dans l’éducation. Pour ce faire, j’ai répondu notamment à l’invitation de François Bayrou lors d’une rencontre publique au Sénat, en présence de nombreux professionnels de l’art, de la culture et des médias, comme j’ai accepté le dialogue avec Marie-George Buffet dans les colonnes de l’Humanité, ou encore avec de nombreux militants socialistes. Le débat fut parfois rugueux et, je l’espère, utile.
Mais voilà...
Trois secondes sur une image télévisée ont suffi pour qu’aussitôt la rumeur enfle à vitesse d’Internet : « Robin Renucci soutient François Bayrou ! » Il n’y aurait rien de déshonorant à une telle attitude, mais il se trouve qu’elle est inexacte. Dans un article paru le 5 avril 2007 dans La Tribune , intitulé : Présidentielle, les « people » choisissent leur camp ,une journaliste me range encore parmi les soutiens de Bayrou, manquant ainsi à son devoir élémentaire de vérification de l’information. Me voici enrôlé de force, par des médias peu soucieux de précision, dans la horde des « people », sans autre possibilité que d’essayer, à main nue, de freiner la rumeur. Tâche surhumaine !
En tirer cependant quelques réflexions...
Entre le silence prudent – trop prudent – et la libre parole exposée – trop exposée – quelle peut être la place d’un véritable dialogue républicain entre artistes et politiques ? N’aurions-nous, modestes saltimbanques, que le choix de nous cacher ou celui de l’allégeance ? Qui soutient qui, en vérité, dans ce jeu de notoriétés supposées ? Les politiques ont-ils vraiment besoin de ces « comités » artistiques pour consolider leurs positions électorales ? Est-ce le rôle des artistes d’y contribuer ? Les journalistes, enfin, ne trouvent-ils pas là un « angle » facile, amalgamant notamment dans un fourre-tout « people » des comédiens, des académiciens, des auteurs, des sportifs, des chanteurs, des vedettes de télévision..?
Ainsi va notre monde médiatique. Incertain et approximatif. Aux urnes, citoyens !
Robin Renucci (comédien, président de l’ARIA/Corse)
avec Jean-Gabriel Carasso (directeur de l’Oizeau rare)
COURRIER adressé à La Tribune :
J’ai lu avec stupéfaction que, dans un article paru le 5 avril 2007 dans La Tribune, intitulé Présidentielle: les "people" choisissent leur camp, votre journaliste me rangeait parmi les soutiens de François Bayrou, manquant ainsi à son devoir élémentaire de vérification de l’information.
Car non seulement cette information n’a aucune véracité dans la mesure où je ne soutiens pas François Bayrou, mais en plus je m’élève contre cette « peoplisation » de la politique qui consisterait à ce que des personnalités plus ou moins médiatiques montrent le droit chemin à suivre à un peuple égaré, en brandissant l’étendard d’un candidat de la même façon qu’on parierait sur un cheval de course.
Je me fais une autre idée de la politique, et c’est au nom d’un débat public ambitieux que j’ai répondu présent à l’invitation de François Bayrou lors du colloque qu’il a consacré à la culture le 17 février dernier au Sénat.
J’ai dû, à cette occasion, attendre deux heures d’un discours sans relief sur la culture pour lui demander quelle serait la part du budget culturel qu’il comptait consacrer au budget national s’il était élu. A ce jour, il ne m’a toujours pas répondu.
Ce n’est donc pas chez ce candidat que j’ai espoir de trouver écho aux engagements qui sont les miens depuis de nombreuses années en faveur d’une véritable éducation artistique et culturelle dans le cadre du mouvement de l’éducation populaire.
Je me réserve le droit de faire appel à un droit de réponse ,mais je suggère que cela se règle rapidement et cordialement en obtenant un rectificatif en même place et de même importance dans votre prochaine publication.
Par ailleurs , je fais un rectificatif plus général à l‘intention de l’AFP et d’autres agences de presse.
Dans l’attente de votre réponse,
Robin Renucci
Pour mieux saisir le sens politique de mon action et de ma démarche culturelle, je vous invite à lire l’ouvrage qui vient d’y être consacré, Robin Renucci l’ardent insoumis, aux Éditions de l’Attribut.
Rédigé par : Webmestre de TdF | 11 avril 2007 à 10:59
Chers Angèle, Yves et Guidu
Je vous transmets ce communiqué, envoyé par l'association ARIA :
"L'ARIA sous la direction de Robin Renucci a initié depuis 2005 lors des Rencontres Internationales de Théâtre en Corse, une opération intitulée "Corse, je t'écris". L'objectif de ce projet est de découvrir des auteurs, des textes, des mots, des couleurs en lançant un appel à s'exprimer sur son île sous la forme de la correspondance : une lettre adressée à la Corse.
Cette opération est réalisée en partenariat avec "La Corse Votre Hebdo" qui publie un choix de lettres sélectionnées. En parallèle, ces lettres sont lues au cours des Rencontres, au sein de "L'Ortu di i pueti", devant le public nombreux qui se déplace chaque année dans le Giussani.
L'opération a remporté un franc succès et nous avons continué à recevoir des lettres au delà des Rencontres. C'est pourquoi il nous a semblé important de la reconduire et de la renforcer en 2007 en lui donnant plus d'ampleur. Cette année nous proposons aux corses du monde entier d’échanger par le biais d’Internet leurs impressions sur leur île sous forme d’une lettre adressée à celle-ci à la première personne du singulier. Une sélection des meilleures lettres sera faite et lue par l’équipe de L’ARIA lors des 10èmes Rencontres Internationales de Théâtre en Corse.
Nous serions ravi si par le biais de votre association vous pouviez relayer cette information afin de toucher un large public. Diffusion sur votre site, votre journal, lettre d’information ou autre support selon vos possibilités. Nous espérons que vous pourrez réserver le meilleur accueil à notre démarche et restons à votre entière disposition pour vous fournir tous renseignements complémentaires."
Ecrivez-nous à :
L’ARIA bâtiment Battaglini 20259 Olmi Cappella
http://www.ariacorse.org
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Amicizia
Nadine
Rédigé par : Nadine Manzagol | 18 mai 2007 à 05:00