Écho
Ph., G.AdC
« J’avais saisi, comme un sourire qui meurt lentement, comme une joie qui s’en va sur la pointe des pieds, cette atmosphère d’un soir de là-bas dans sa fraîcheur et sa tendresse.
Je l’avais saisie, souveraine d’une heure (et un peu plus peut-être) mais souveraine, mais dominante.
Je l’avais saisie pour ne point l’oublier, mais comme une enfance. »
Paroles pour une île, Promotion et Edition, Paris, 1967, p. 11.
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Champ Libre
Ph, G.AdC
« Effondrement de tous les détails
Dans un grand bruit de clauses disloquées
Un cliquetis de virgules
Une pluie de futurs antérieurs
Celui qui cherchait les fenêtres
A tout brûlé de ses bougies impatientes
Pompiers, restez dans vos casernes
Fin d’une maison étroite
Sous la poussée d’un cœur géant »
Déroulement
Ph, G.AdC
« Des heures au plafond
dans l’essoufflement des pensées
à l’orée des tabagies
des heures légèrement
sur la montée des eaux dormantes
montgolfière sans lassitude
lestée de tous les soupçons
des heures dangereusement
écume avec la dernière vague des rumeurs
des heures tendrement
sur le sofa des derniers mots
au bureau des messageries
Dans la guérite du veilleur
des journées sans crier gare »
Personne
Ph, G.AdC
« Chaque matin mes sosies
je vous enrichis de subtils cadeaux
et je vous envoie à vos vies
différentes
Chaque soir mes sosies
vous m’apportez vos bornes
vos barbelés, vos mimes, votre boue
quand vous n’aviez qu’à contrôler le ciel »
Le goût de l’eau
Ph, G.AdC
« Vérifie tes tonneaux, arrondis
tes jarres
nettoie le puits et les fontaines
Remplis les bacs, les cruches et les aiguières
Réveille fiasques, gourdes et carafes
et tout autour dessine une frise d’amphores
Mais bientôt
Assure-toi le concours des mers
un bonheur n’arrive jamais sans soif »
Contours apparents, Collection Les poètes de Laudes, n° 12, cahier 95, septembre 1989.
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Ph, G.AdC
« Il écoute impassible un vent familier
glisser dans les fenouils
une langue étrangère
amadouer les ronces
Il écarte sans bruit les branches
et nous regarde dresser la liste
des objets de sa tombe »
Ougarit, la terre, le ciel, textes réunis par Marie-Ange Sebasti et Joël Vernet, La Part des Anges Éditions, 2004.
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Ph, G.AdC
« Ils arpentent longtemps
des terroirs généreux
qui les chargent d’amphores, de pierres précieuses
et du sommeil de vieilles divinités
ils atteignent parfois
des marges arides
qui les somment de révéler
des vies évaporées
[ …]
Ils posent leurs cahiers
et leurs tessons
fatigués d’avoir réveillé
les terres brûlées
Ils ont trouvé le puits et le palmier »
« Les marges arides (extrait) » in Friches, Cahier de Poésie Verte, n° 85, trimestriel, hiver 2004, pp. 5-6.
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Image, G.AdC