De Santa Severa à la Tour de Sénèque
Ph. angèlepaoli
Lu à proximité de la Tour de Sénèque (au-dessus de Luri), où s'équilibre la vue sur les deux versants du Cap-Corse :
« Neque enim disputari sine reprehensione potest »/« Il ne peut y avoir discussion sans contradiction » (Cicéron, De finibus, livre I, chapitre VIII).
« Quand on me contrarie, on éveille mon attention, non pas ma colère ; je m’avance vers celui qui me contredit, qui m’instruit. La cause de la vérité devrait être la cause commune à l’un et à l’autre. […] Je festoie et caresse la vérité en quelque main que je la trouve et m’y rends allègrement, et lui tends mes armes vaincues, de loin que je la vois approcher. Et, pourvu qu’on n’y procède d’une trogne trop impérieuse et magistrale, je prête l’épaule aux répréhensions que l’on fait en mes écrits ; et les ai souvent changés plus par raison de civilité que par raison d’amendement ; aimant à gratifier et nourrir la liberté de m’avertir par la facilité de céder ; oui à mes dépens. Toutefois, il est certes malaisé d’y attirer les hommes de mon temps ; ils n’ont pas le courage de corriger, parce qu’ils n’ont pas le courage de souffrir à l’être, et parlent toujours avec dissimulation en présence les uns des autres. Je prends si grand plaisir d’être jugé et connu, qu’il m’est comme indifférent en quelle des deux formes je le sois. Mon imagination se contredit en elle-même si souvent et condamne, que ce m’est tout un qu’un autre le fasse : vu principalement que je ne donne à sa répréhension que l’autorité que je veux. […]
Je cherche à la vérité plus la fréquentation de ceux qui me gourment que ceux qui me craignent. »
Michel de Montaigne, Les Essais, Livre troisième, chapitre VIII, Le Livre de Poche, tome III, pp. 156-157. Edition établie par Pierre Michel.
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oui la vérité guérit l'âme, elle apaise,
et je dirai qu'il y a des gens qui pensent la détenir la vérité et qui, au nom de la vérité, accablent les autres,
mais celui qui est en quête de la vérité saura la reconnaître, c'est toujours celle qui guérit.
clem
Rédigé par : clementine | 14 juillet 2005 à 21:03
De ma terre à moi sans contradiction, une petite discussion en forme de coucou vers ta terre à toi , chère Angèle avec toute ma tendresse et le coeur réjoui par une musique si chaleureuse...
Je t'embrasse
Elisanne
Rédigé par : ludecrit | 15 juillet 2005 à 14:35
Merci Angèle pour ce passage de Montaigne!
Contredire... comme dire différemment, mais tout contre. "Contra-diction" met en scène un mouvement qui oblige à la rencontre. Choc, parfois, qui sépare. Mais aussi "diction", la "dictio" de la rhétorique. "Contre-dire" cache deux "actes de dire", deux "parlures" comme on dit par ici. En ce sens, la phrase de Sénèque pourrait aussi se lire: Il ne peut y avoir de contradiction sans discussion"!
À bientôt. C'est toujours un plaisir de vous lire.
La Juvéniste
Rédigé par : La Juvéniste | 17 juillet 2005 à 05:04