2 juin 1970/Mort de Giuseppe Ungaretti
Il y a trente-six ans, dans la nuit du 1er au 2 juin 1970, mourait le poète Giuseppe Ungaretti.
Source : Jean-Philippe Poli, Tour Santa Maria,
dite aussi Tour de Nelson (Cap-Corse), 2005
PRIÈRE
« Lorsque je me lèverai
du tourbillon de la promiscuité
en une sphère limpide émerveillée
Lorsque ma pesanteur me sera devenue légère
Accorde-moi Seigneur le naufrage
Au premier cri de cette jeune journée. »
Giuseppe Ungaretti, « Prière », in Nouveaux Commencements, Vie d’un homme, Poésie 1914-1970, Poésie/Éditions de Minuit-Gallimard, p. 111.
PREGHIERA
« Quando mi desterò
dal barbaglio della promiscuità
in una limpida e attonita sfera
Quando il mio peso mi sarà leggero
Il naufragio concedimi Signore
di quel giovane giorno al primo grido. »
Paris-Milan, 1919
Giuseppe Ungaretti, Vita d’un uomo. Tutte le poesie, Arnoldo Mondadori Editore, 1969.
BIO-BIBLIOGRAPHIE
[rédigée par Yves Thomas, mon compagnon et le webmestre de Terres de femmes]
Il y a eu d’abord, au commencement de la vie d’Ungaretti, au commencement de sa poésie, le désert (Philippe Jaccottet).
Giuseppe Ungaretti est né en 1888 à Alexandrie (Égypte), de parents originaires de Lucca. Durant toute son adolescence égyptienne, il fréquente les milieux intellectuels français et italiens, ses principales lectures portant sur Leopardi, les poètes symbolistes, Mallarmé et Nietzsche. Venu suivre ses études à Paris de 1912 à 1914, il prend pension dans un petit hôtel de la rue des Carmes, s’inscrit à la Sorbonne, suit les cours d’Henri Bergson au Collège de France, fréquente les cafés littéraires et les milieux d’avant-garde français (Braque, Cendrars, Modigliani, Picasso,...) et italiens (les futuristes Boccioni, Marinetti, Palazzeschi,...), et se lie d’amitié avec Guillaume Apollinaire.
Enrôlé volontaire comme simple soldat durant la Première Guerre mondiale, mais aussi poète révolutionnaire, il publie à Udine en 1916 son premier recueil, le Port enseveli (Il Porto sepolto), ouvrant la voie au courant poétique dit "hermétique". Au lendemain de la guerre, alors qu’il est le correspondant à Paris du Popolo d’Italia (le journal de Mussolini) et travaille pour l’ambassade d’Italie, il publie la Guerre (1919), recueil qu’il écrit directement en français et dédie à Apollinaire. A Paris, il fait la rencontre d’André Breton et de Philippe Soupault, mais aussi de Jean Paulhan. Il contribue notamment à la création de la revue rationaliste L’Esprit Nouveau (Le Corbusier/Ozenfant), et collabore à la revue surréaliste Littérature. Installé à Rome à partir de 1921, il travaille au ministère des Affaires étrangères, participe aux activités du groupe de la Ronda (Baldini, Barilli, Cardarelli), tout en écrivant pour les revues littéraires Tribuna et Commerce (la revue fondée en 1924 à Paris par Marguerite Caetani). En 1925, Ungaretti signe le Manifeste des intellectuels fascistes et se rapproche des artistes et hommes de lettres romains (Scuola di via Cavour), parmi lesquels Leonardo Sinisgalli. Au début des années 1930, il collabore à la Gazzetta del popolo, et devient le chef de file de la jeune génération des poètes hermétiques. Il publie en 1931 le recueil l’Allégresse (L’Allegria), et en 1933 Sentimento del Tempo (Sentiment du temps).
Professeur de littérature italienne à l’Université de São Paulo à partir de 1936, son séjour au Brésil est endeuillé par la mort en 1939 de son tout jeune fils Antonietto, deuil qui lui inspirera les vers du recueil la Douleur (Il Dolore, 1947). Rentré dans son pays en 1942, il obtient une chaire de littérature italienne à l’université de Rome, où il enseigne jusqu’en 1959. Durant les dernières années de sa vie, il est notamment "visiting professor" à l’Université Columbia de New York et est fêté par les intellectuels et artistes de la Beat Generation (Greenwich Village). Il meurt à Milan en 1970.
L’intégralité de l’œuvre poétique d’Ungaretti a été rassemblée de son vivant sous le titre Vie d’un homme (Vita d’un uomo. Tutte le poesie, 1969). Ungaretti est aussi l’auteur d’essais critiques et de traductions (Racine, Shakespeare, Góngora, Mallarmé, Rilke, T.S. Eliot et William Blake), publiés à part, mais toujours sous le titre Vie d’un homme.
Voir aussi : - le site-portail (en italien) dédié à Giuseppe Ungaretti ; - (sur Terres de femmes) 7 février 1915/Giuseppe Ungaretti ; - (sur Terres de femmes) Giuseppe Ungaretti/Lointains de paradis perdu. |
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