Ph., G.AdC
« Dammi tu il moi sorso di felicità prima che sia tardi »
Implora, in tutto simile alla mia, una voce bassa
E fervida lungo i dedali del risveglio risonando.
“Da dove risale, a chi si svolge”
Mi chiedo io tra il sonno non sapendo altro di lei.
Se non oscuramente che un dolore antico quanto l’uomo l’incalza e l’accompagna
E avvero intanto la notte nel suo ultimo,
Più frenetico balzo verso l’alba – il nuovo enigma inghiottirla.
“Se mai qualcuno le risponderà”
Mi dico dibattendomi,
Segmento di lucertola,
Nel terricio bruciato da quella folgore spessa.
E vedo de li a poco, mentre un po’ dormo e un po’ penso,
un acqua meravigliosa raccogliersi
In due mani fini e trepide, serrate
Nella loro giumella un po’ infantile, un’acqua azzurra
Giù dalle fenditure d’un antica roccia dolorosa stillando.
“ A meno non sia parte dell’inganno”
Insinua e si rifiuta di pensarlo
La mente tra sonno e veglia vacillando ebbra. »
Mario Luzi, Su fondamenti invisibili (1960-1979), in Tutte le poesie, volume primo, Garzanti Editore, Gli Elefanti, 2005, p. 367.
« Donne-moi ma gorgée de bonheur avant qu’il ne soit trop tard,
Implore, en tout semblable à la mienne, une voix basse
Et fervente résonnant dans les dédales du réveil.
« D’où remonte-t-elle, à qui s’adresse-t-elle ? »
Me demandé-je dans mon sommeil ne sachant rien d’elle
Sinon obscurément qu’une douleur aussi vieille que l’homme la presse et l’accompagne
Et en même temps je sens la nuit qui l’engloutit dans son dernier,
Son plus frénétique bond vers l’aube – la nouvelle énigme.
« Peut-être quelqu’un lui répondra-t-il »
Me dis-je en me débattant,
Segment de lézard,
Dans le terreau brûlé par cette foudre épaisse.
Et je vois peu après, mi-dormant mi-pensant,
Une eau merveilleuse se recueillir
En deux mains fines et tremblantes, serrées
En un creux quelque peu enfantin, une eau bleue, je crois,
Tombant goutte à goutte des fentes d’une roche antique et douloureuse.
« A moins que cela ne relève du leurre »,
Insinue mais se refuse à admettre
L’esprit vacillant – ivre – entre sommeil et veille.»
Mario Luzi, L’Incessante Origine, 1985, in Anthologie bilingue de la poésie italienne, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, pages 1354-1355 ou L'Incessante Origine, Flammarion, 1985, page 219. Traduction de Philippe Renard et Bernard Simeone.
Il manque à ce très beau texte une exergue :
"Le bonheur ! Sa dent, douce à la mort, m'avertissait; au chant du coq, - ad matutinum, au Christus venit, - dans les plus sombres villes..."
Arthur Rimbaud, Délires II - Alchimie du verbe, in Une saison en enfer
Rédigé par : Yves | 11 juin 2005 à 15:17