Aquatinte numérique originale, G.AdC, d'après Bocca' Sofa du groupe de designers italiens Studio 65, éd. Gulfram Italy, 1971 en hommage aux lèvres de Marilyn Monroe. COME AMORE NASCE NEL PASTORE A l’ombra d’un bel faggio Silvia e Filli Sedean un giorno, ed io con loro insieme, Quando un’ape ingegnosa, che cogliendo Sen’ giva il mel per que’ prati fioriti, A le guancie di Fillide volando, A le guancie vermiglie come rosa, La morse e le rimorse avidamente : Ch’a la similitudine ingannata Forse un fior la credette. Allora Filli Cominciò lamentarsi, impaziente De l’acuta puntura : Ma la mia bella Silvia disse : « Taci, Taci, non ti lagnar, Filli, perch’io Con parole d’incanti leverotti Il dolor de la picciola ferita. » [...] Così dicendo, avvicinò le labra De la sua bella e dolcissima bocca A la guancia rimorsa, e con soave Susurro mormorò non so che versi. Oh mirabili effetti ! Sentì tosto Cessar la doglia, o fosse la virtute Di que’ magici detti, o, com’io credo, La virtù de la bocca Che sana ciò che tocca. À l’ombre d’un beau hêtre étaient un jour assises Phyllis et ma Sylvie, et j’étais avec elles, Quand une ingénieuse abeille, qui allait Parmi les fleurs des prés pour butiner son miel, S’en vint en voletant sur les joues de Phyllis, Sur les joues de Phyllis, vermeilles comme roses, Et les piqua, les repiqua, avidement : Car sans doute abusée par cette ressemblance, Elle les prit pour une fleur. Phyllis alors Commença de gémir, qui ne supportait pas La cuisante piqûre; Mais ma belle Sylvie lui dit : « Allons, tais-toi, Tais-toi, ô, ma Phyllis, ne te lamente plus, Car je sais la façon, par des mots enchantés, D’enlever la douleur de ta petite plaie. » […] Tout en parlant de cette sorte, elle approcha Les lèvres de sa belle et si suave bouche Jusqu’à la joue piquée, et dans un doux murmure Chuchota je ne sais quelle incantation. Oh ! merveilleux effet ! Elle sentit bientôt Que cessait la douleur, par la vertu peut-être D’une telle formule, ou, comme je le crois, Par la vertu de cette bouche Qui guérit tout ce qu’elle touche. Torquato Tasso, Amyntas. Acte Ier, Scène II [Comment l’amour vient aux bergers]. Anthologie bilingue de la poésie italienne, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, pages 661-662. ______________________ Aminta (Amyntas), pastorale dramatique en vers et en cinq actes, avec prologue et chœurs, du poète Torquato Tasso (Le Tasse, né en 1544 à Sorrente et mort à Rome en 1595), a été composée au printemps 1573 et représentée pour la première fois le 31 juillet de la même année à la cour de Ferrare, sur l'île de Belvédère, sur le Pô, « où les ducs de Ferrare aimaient à organiser des fêtes et dont le cadre champêtre s’harmonisait à merveille avec le sujet pastoral de la pièce ». Elle a été traduite en français pour la première fois en 1584 sous le titre de Fable bocagère. |
TORQUATO TASSO Alessandro Allori (1535-1607), Portrait of Torquato Tasso, 1585-90 Huile sur toile, Galleria degli Uffizi, Florence ■ Torquato Tasso sur Terres de femmes ▼ → Di nettare amoroso → Tacciono i boschi e i fiumi ■ Voir aussi ▼ → 15 mai 1567 | Naissance de Claudio Monteverdi (+ « Ecco mormomar l’onde » de Torquato Tasso) |
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..." et dans un doux murmure
Chuchota je ne sais quelle INCARNATION "
quand on lit trop vite, voilà le genre de (joli) lapsus qu'on se fabrique.
J'en suis pas trop mécontent de mon lapsus. Je me le garde comme roue de secours.
Bises garagistes.
dB
Nota : chez Elvira aussi la joie de trouver les versions BILINGUES des poèmes qu'elle nous propose.
Rédigé par : dibrazza | 10 juin 2005 à 07:30
Incarnation ou "Et verbum caro factum est" ?
"Prévenez moi si je suis mort(e)
et surtout prévenez mon ombre
Quel embarras d'être sans corps
C'est la source d'ennuis sans nombre"
Incantation de Claude Roy. Suite des vers mis en poste-it ce matin
Amicizia
Rédigé par : Angèle | 10 juin 2005 à 09:06