Chroniques de femmes - EDITO
Sandro Botticelli, La Naissance de Vénus,
Tempera sur toile, 172,5 × 278,5 cm.
Galerie des Offices, Florence.
LA NAISSANCE DE VÉNUS DE BOTTICELLI
C’est vers 1485 que Sandro Botticelli peint la célèbre Naissance de Vénus. Pour satisfaire une demande des Médicis et orner leur maison de campagne de Castello. Était accrochée à ses côtés une autre toile bien connue, Le Printemps. Cela pourrait laisser à penser que les deux tableaux ont été commandités en même temps. Ce qui n'est pas le cas, Le Printemps ayant été peint quatre ans plus tôt.
Pour les villas d'agrément, il est alors coutume de réaliser ― par commodité et par souci économique ― des peintures sur toile. Les sujets choisis sont la plupart du temps des paysages et décors naturels. Les personnages représentés évoluent dans l'eau ou par les champs, souvent à proximité d'un bassin ou d'une rivière. Autant d'éléments que l'on retrouve dans La Naissance de Vénus.
La scène peinte par Botticelli figure l'arrivée de Vénus sur l'île de Cythère, juste après sa naissance dans les flots. On peut redécouvrir cet épisode de la vie de Vénus dans un texte de Homère, Hymne à Aphrodite, qui a directement inspiré le maître italien. Du ciel tombent des roses dont la naissance aurait coïncidé avec celle de Vénus. Mouvement qui confère au tableau une impression de légèreté et de douceur. Une figuration allégorique que Botticelli maîtrise à la perfection. C’est ainsi, par exemple, que, pour représenter le vent, il le personnifie en dieu Zéphyr étreignant la brise Aura et poussant la déesse vers le rivage.
Vénus prend place dans une coquille flottant sur l'eau. Coquille symbolisant l'écume marine formée autour du sexe du dieu Ouranos que, pour faire affront à son père, Chronos a jeté dans les flots tumultueux. Le corps de Vénus a le modelé d'une statue antique, la couleur de sa peau évoquant étrangement la consistance du marbre. Les motifs noirs des contours de la toile détachent Vénus de l'ensemble de la composition et la mettent en valeur au milieu des flots, des fleurs et des vents. La femme apparaît ici dans toute sa splendeur, s'exposant dans sa nudité divine.
Est-ce la pudeur ou la tentation de l’impudeur que Botticelli a voulu peindre dans cette toile ? On admirera le naturel avec lequel cette jeune beauté surgie des ondes s’offre aux regards, et la gracieuseté de sa chevelure posée sur son bas-ventre, éludant de la sorte toute possibilité d’attirance charnelle. Aucune connotation sexuelle, à mes yeux, dans cette œuvre toute sensuelle de Sandro Botticelli. Dans cette nudité élancée, je vois davantage la béatitude d'une âme convertie à la beauté et la figuration d'une pure idéalité. L'érotisme est tout juste suggéré, avec cette pointe d'ambiguïté associant le pur et l'impur, le caché et le dévoilé. Dénué de toute contrainte vestimentaire, ce corps féminin frôlant la perfection paraît cependant occulter l’intimité qu’il atteint. Comme si l’on ne pouvait atteindre ce à quoi l’on aimerait prétendre. Trait de génie qui nous vaut l’émotion esthétique que cette œuvre suscite et qui nous rappelle, discrètement, notre animalité vaincue.
Marielle Lefébure
D.R. Texte Marielle Lefébure
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Admirer Sandro Botticelli _________
Merci Marielle pour cette réflexion !
L'œuvre de Botticelli est très sensuelle oui !
Quand les artistes sont géniaux, érotisme et sensualité sont indissociables. C'est de la beauté de l'âme dont ils parlent, les corps sont des prétextes à leur autoportrait. La Renaissance italienne ("Rinascimento") a entre autre permis cela en dépit des nombreuses commandes officielles d’œuvres artistiques à caractère religieux.
Le site Internet de la Fondation
JACQUES-EDOUARD BERGER
permet de parcourir en détails l’œuvre de Alessandro di Mariano Filipepi, ( 1445 – 1510 ) dit Sandro Botticelli .
Amicizia
Guidu ___________
Rédigé par : Guidu | 10 mai 2005 à 10:50
Pour "mieux comprendre" cette recherche du Beau idéal ("L'Idea") chez Botticelli, il peut être utile de se souvenir que Sandro Botticelli a fréquenté, à la cour de Laurent de Médicis, les philosophes néoplatoniciens Marsile Ficin et Pic de La Mirandole. Par ailleurs, tous les symboles et allégories qui abondent sur cette toile n'étaient "décodables" que par un tout petit cercle d'initiés. Le sens de nombre d'entre eux nous échappe aujourd'hui.
Rédigé par : Yves | 10 mai 2005 à 12:07
Peinture et néoplatonisme
Ce sont les jardins de la villa médicéenne de Careggi, non loin de Florence, qui ont inspiré à Sandro Botticelli ses «roses de neige et de pourpre». Celles qui volètent autour de Vénus. Et qui naissent, dit-on, avec la déesse. Délicatement teintée d’incarnat, la fleur légère a pour nom «Rosa x alba». De l’autre côté de la toile, dans l’espace opposé à Zéphyr et Chloris, des pâquerettes rouges et blanches, des bleuets, des primevères jaunes, symboles du printemps, piquent de leurs broderies le somptueux manteau de pourpre que la nymphe Horae, déesse des saisons, tend à sa compagne. À son cou, un collier de myrte, herbe de Vénus, et à la ceinture, un entrelacs de roses pareil à celui dont Flore ceint ses voiles dans Le Printemps.
Le rivage boisé évoque le jardin sacré des Hespérides. Les feuillages sont nimbés d’or. Mais aussi les troncs. Et une lumière amoureuse caresse les flots. Le visage de Vénus, empreint d’une douce et sage mélancolie, évoque celui de la Vierge Marie. C’est que la cour des Médicis est en effet immergée depuis Cosme de Médicis (fondateur en 1459 de l’Académie platonicienne de Florence) dans le néoplatonisme. Courant philosophique qui s’est poursuivi sous Laurent le Magnifique (1469), puis sous Lorenzino, principal protecteur de Botticelli. Marqué par les enseignements de Marsile Ficin et de Pic de la Mirandole, Botticelli cherche une certaine image de la perfection dans la conciliation entre amour profane (Platon, Pythagore, Aristote) et amour sacré (Plotin, Saint Augustin). Au travers de ce prisme philosophique, l’amour sensuel peut être progressivement transcendé en art de la méditation, de la contemplation et de la connaissance. C’est ce que Sandro Botticelli semble nous donner à lire dans La Naissance de Vénus.
Rédigé par : Angèle Paoli | 11 mai 2005 à 17:55
Le réancrage de cette oeuvre dans son contexte philosophico-historique permet en effet d'éviter bien des contresens (contresens qui consistent la plupart du temps à "parler de soi" avant de parler de l'oeuvre considérée, qui ne sert que de tremplin fantasmatique ou de "divan"). Me reviennent à l'esprit des propos de Balthus en réponse à un journaliste qui l'interrogeait sur le caractère érotique de ses toiles : "Je pense que l'érotisme qu'on trouve dans mes tableaux est dans l'oeil, l'esprit ou l'imagination de celui qui les regarde" (entretiens avec Costantini, éditions Noir sur blanc, 2001, page 80).
Rédigé par : Yves | 11 mai 2005 à 18:22
merci ! tout sa ma bp aider g un commentaire a faire sur La Naissance de Vénus je savai pas commen my prendre mais la je sens ke jvai avoir une note ki tue ! merci encore. bonne continuation. amicalement Nastasia
Rédigé par : Daubige Nastasia | 06 février 2006 à 14:08
merci, j'avais une analyse à faire sur cette oeuvre en histoire de l'art, voilà qui va m'aider, c'est exactement le genre de texte que je cherchais alors merci
Rédigé par : de voltige | 28 mai 2006 à 17:58
Le commentaire est très bon merci cela m'a beaucoup aidé mais cela aurait été encore mieux si vous aviez mis quelques contraintes que Botticelli a rencontrées en faisant son oeuvre.
Rédigé par : ecko | 29 septembre 2006 à 05:48
Je transmets votre commentaire à Marielle. Pourquoi ne vous amuseriez-vous pas à découvrir par vous-même ces contraintes ? Angèle est sûre que vous avez toutes les ressources pour le faire : le talent... et l'audace.
Rédigé par : Webmestre de TdF | 29 septembre 2006 à 14:08