Le Livre de Poche, 1991.
Ph., G.AdC LA FOLIE MALAISE Tout à la fois inspirée par les techniques narratives de Dostoïevski et par les travaux de Sigmund Freud, la nouvelle de Zweig, Amok ou le Fou de Malaisie, écrite en 1922, a de quoi intriguer et surprendre. Par son titre alternatif d’abord, qui ne permet aucunement de percer le mystère qui s'annonce. Par sa structure savante, faite d’emboîtements successifs de récits, dont les narrateurs jouent jusqu’au bout leur rôle de relais ; par sa surprenante dimension « d’inquiétante étrangeté » (selon l’expression « consacrée » de Freud à propos de L'Homme au sable de E.T.A. Hoffmann) qui maintient le lecteur dans un équilibre fragile, parfois proche de l’insoutenable. Sur le fil. Pris en otage, le premier narrateur l’est par la parole du médecin rencontré une nuit de mars 1912 sur le transatlantique qui fait route vers l’Europe. Le second narrateur, le médecin, est lui l’otage de cet "amok" dont il a hérité des forces maléfiques dans la jungle du fin fond de la Malaisie. Mais cet "amok" n’est-il pas aussi la métaphore de la passion amoureuse dont ne peut rendre compte aucun langage ? Et voilà le médecin de Malaisie prisonnier de puissances qui le dépassent, le malmènent et l’entraînent vers sa perte. L’un et l’autre narrateur se trouvent ligotés, à des degrés divers bien sûr, dans les rets d’un réel dont ils ne tirent plus les fils. La confession du fou échouera à délivrer le fou de sa folie. Le journal rédigé par le premier narrateur à la suite de cette confession restera sans lecteur. La presse locale sera impuissante à rendre compte des faits survenus. Reste la nouvelle dont Zweig nous confie les multiples clés. Pour de multiples tiroirs. Angèle Paoli D. R. Texte angèlepaoli |
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