Ph., G.AdC
MORT ET QUINTESSENCE
« Un deuil ne se borne pas, comme on le dit souvent, à envahir les sentiments ; il consiste plutôt en une fréquentation ininterrompue du disparu, comme si ce dernier devenait plus proche. Car la mort ne le rend pas seulement invisible : elle le rend aussi plus accessible à notre regard. Elle nous le vole, mais elle nous le complète également d’une manière inédite. Dès le moment qui fige pour nos yeux ces contours mouvants qui traduisent l’action et les changements constants d’une physionomie, celle-ci nous révèle souvent pour la première fois sa quintessence, l’élément que le déroulement de l’existence ne nous donnait pas le loisir de percevoir complètement. »
Lou Andreas-Salomé, Rainer Maria Rilke, Maren Sell & Cie, 1989, page 11.
Note d'AP : J'ai découvert cet ouvrage (que je cherchais depuis longtemps) chez un bouquiniste de Marseille. J'ai commencé à le lire dans le TGV qui me ramenait sur Paris (au lendemain de la mort d'une personne qui m'était très chère). Cet extrait est l'incipit de l'ouvrage (écrit peu après la mort de Rilke). Cela m'a conduit à entamer une discussion passionnante de deux heures avec ma voisine de train (une professeur de sociologie de Paris-VII).
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