En mars 1815, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, administrateur du Museum d’histoire naturelle et professeur à la chaire de zoologie, demande l'autorisation officielle de « profiter de la circonstance offerte par la présence à Paris d'une femme bochimane pour donner avec plus de précision qu'on ne l'a fait jusqu'à ce jour, les caractères distinctifs de cette race curieuse. » Du statut de bête « curieuse », la Hottentote Baartman Saartjie passe à celui de cobaye humain. Elle est exposée nue sous les yeux avides de scientifiques et de peintres. Le 1er avril 1815, Geoffroy Saint-Hilaire présente un rapport dans lequel il compare le visage de l'infortunée à celui d'un orang-outang. Et ses fesses à celles des femelles des singes mandrills.
Georges Cuvier, père de l'anatomie comparée, zoologue et chirurgien sous Napoléon Bonaparte, estime quant à lui que Saartjie est la preuve patente de l'infériorité de certaines races. Peu après la mort de Saartjie, il entreprend de la disséquer au nom du progrès des connaissances humaines. Le compte-rendu de son travail devant l'Académie de Médecine, en 1817, offre un témoignage exemplaire des préjugés et des propos à caractère raciste que pouvaient tenir les scientifiques de ce siècle. La conclusion de Cuvier est sans appel : « Les races à crâne déprimé et comprimé sont condamnées à une éternelle infériorité. »
Le squelette et un moulage en plâtre de Sartjie Baartman sont ensuite exposés au Musée de l'Homme à Paris, assortis des commentaires « scientifiques » de Cuvier. Les doléances des visiteurs eurent-elles raison de cet exhibitionnisme douteux ? Ou bien tout simplement la fin de l’ère colonialiste ? Le fait est qu’en 1974, André Langaney, directeur du laboratoire d'anthropologie du musée, fait retirer le corps de la vitrine où il est exposé, et le confie à l’obscurité des caves du musée.
En 1994, au lendemain de la fin de l'apartheid en Afrique du Sud, l'ethnie des Khoisan demande officiellement à Nelson Mandela que leur soit restituée la dépouille de Saartjie Baartman. Des premières négociations sont entreprises. Sans grands résultats. La France faisant valoir l'inaliénabilité, selon la loi, des collections nationales et l'intérêt scientifique de la dépouille. L'affaire dort dans les tiroirs bureaucratiques des diplomates tandis que le squelette de Saartjie continue à prendre la poussière dans les caves du Musée de l'Homme.
Ce n'est qu'en 2001 qu'un sénateur d'Île-de-France, Nicolas About, s’empare du dossier et interpelle à l’Assemblée le secrétaire d'État au Patrimoine et à la décentralisation culturelle de l'époque, Michel Duffour. Il dépose une proposition de loi visant à rapatrier le corps de la Vénus hottentote en Afrique du Sud. La presse s'empare à son tour de l’affaire, qui bénéficie de surcroît de l’émoi suscité par l’annonce du démantèlement du Musée de l'Homme au profit du Musée des Arts premiers. Après moult tergiversations, la proposition de loi est adoptée par le Sénat le 29 janvier 2002, un texte de loi transmis à l'Assemblée nationale le 30 janvier, adopté définitivement le 21 février et promulgué le 6 mars (Journal Officiel du 7 mars 2002), décidant la restitution officielle par la France de la dépouille de Saartjie Baartman à l'Afrique du Sud.
Ce n'est pas pour autant la fin des ennuis pour notre malheureuse Sawtche. Si la date de remise du corps est fixée au 29 avril 2002, il faut encore fixer une date pour l’inhumation et décider du rite de cette inhumation. Nouvelle brouille à la clé ! Un comité spécial est mis en place pour prendre toutes les dispositions nécessaires au bon déroulement de l'hommage national et des funérailles. Pendant ce temps, le cercueil de la jeune Khoisan attend patiemment à la morgue du Cap.
Le 9 août 2002, après une cérémonie œcuménique célébrée selon les rites khoisan et ceux de l'Église du Christ de Manchester (la jeune femme avait été baptisée dès son arrivée sur le sol anglais), Saartje Baartman est inhumée près du village de Hankey (Eastern Cape), en présence du président Mbeki et de nombreux dignitaires. Il aura fallu près de deux siècles à Saartjie pour trouver enfin le repos.
Deux cent ans, c'est long. Notre regard actuel est certes choqué par une telle démonstration d'étroitesse d'esprit. Il est vrai qu'il est plus aisé aujourd'hui, avec le recul, de juger ces pratiques inacceptables. Il en était alors tout autrement, les préjugés racistes étaient dans l’air du temps. Il se murmurait que, dans ces lointaines contrées, l'Occidental, de par sa supériorité naturelle, avait une mission civilisatrice et d’éducation, les Droits de l'Homme n'étant que vaines théories (les droits de la femme étant eux encore plus abstraits).
Ce ne fut sans doute pas la seule raison de l'engouement provoqué par l'exposition du corps de Saartjie Baartman aux yeux du public. Elle était femme, noire, ancienne esclave, dotée d'organes sexuels démesurés, exhibée dans toute l'impudeur de sa nudité. Un mélange de mystère et d'obscénité. Il est fort probable qu’elle suscita des pulsions de toutes natures et notamment érotiques chez les visiteurs venus la contempler, qui la considéraient comme un être inférieur pour mieux se prouver à eux-mêmes la supériorité de leur « race », mais certainement aussi pour se rassurer sur la bonne santé d’une libido dont ils devaient passer les effets sous silence. Saartjie Baartman servit bel et bien d’alibi à la mise sous chape de nombreuses frustrations.
« La Vénus hottentote conquit donc sa renommée en tant qu'objet sexuel, et la combinaison de sa bestialité supposée et de la fascination lascive qu'elle exerçait sur les hommes retenait toute leur attention ; ils avaient du plaisir à regarder Saartjie mais ils pouvaient également se rassurer avec suffisance : ils étaient supérieurs. » (Stephen Jay Gould, Le Sourire du flamant rose, Seuil/Points Sciences, 2000).
Marielle Lefébure
D.R. Texte Marielle Lefébure
Commentaire d’une fidèle lectrice de Terres de femmes (Nathalie Vuillemin)
L'histoire est choquante et les conclusions scientifiques de l'époque aussi, mais il faut tout de même garder un certain nombre de faits à l'esprit : la pensée « biologique » du début du XIXe siècle n'a absolument rien à voir avec la nôtre. Elle tâtonne et s'exprime en des termes qui ne sont PAS scientifiques, au sens où on l'entend aujourd'hui. L'idée d'une hiérarchie des races, influencées notamment par des climats qui produiraient des êtres (humains, animaux et végétaux) dégénérés (ce sont les mots d'alors), est très ancienne, et a été cultivée par les plus grands philosophes des Lumières : entre autres Buffon et Raynal, ce dernier s'opposant par ailleurs fermement dans plusieurs textes au colonialisme. Il ne faut donc pas tout confondre, quitte à accepter certains paradoxes. A l'époque où Saint-Hilaire et Cuvier écrivent, on ne sait encore rien, par exemple, de la fécondation, qui ne sera décrite et observée avec précision qu'au milieu du XIXe siècle. Les théories de la reproduction de l'époque sont franchement folkloriques à nos yeux. Cela n'excuse rien et le ton de ces savants est insupportable pour nous, comme l'est celui de Darwin et de la plupart des savants du XIXe s. lorsqu'ils décrivent les peuples dits « sauvages ».
Mais on ne peut pas lire l'histoire de la science à la lumière de nos connaissances actuelles. Sans quoi on trouverait chez Galilée, Newton, Pasteur, et même chez de grands noms du XXe siècle, des aberrations qui autoriseraient à tout rejeter. On le peut, mais c'est alors le propre d'une pensée totalitaire, aussi idiote que de vénérer ces grands noms de la science comme des génies infaillibles.
Et il y a fort à parier que certaines théories d'aujourd'hui paraîtront sous certains aspects bien folkloriques (et scandaleuses) à nos héritiers... Sachons donc recontextualiser, cela évitera bien des amalgames et des fermetures d'esprit.
Ces ignominieuses ignominies ont la vie dure. C'est aussi ce genre de propos "scientifique" qui a "fait" les beaux jours de la présence belge au Rwanda avec les conséquences que l'on sait, ou encore la "naissance" de l'ivoirité.
Je ne sais pas si le racisme "scientifique" préexistait en Afrique, mais le XIXe siècle européen a laissé dans tous ces pays une trace sanglante, dont les dividendes ne font que commencer à tomber (si je peux utiliser ce langage commercial !).
Rédigé par : Adeline | 04 avril 2005 à 16:26
Oui, je suis d'accord avec Adeline. Je connaissais un peu l'histoire, mais c'est toujours choquant.
Rédigé par : JC-Milan | 04 avril 2005 à 21:05
Sur un sujet à peu près identique, lire Cannibale de Didier Daeninckx. La pitoyable aventure de deux malheureux « spécimens » de Nouvelle Calédonie, importés en France pour agrémenter l’Exposition coloniale de 1931. Embarqués sous l’effet de beaux discours et de belles promesses, les canaques sont en réalité destinés à remplacer les crocodiles, trouvés empoisonnés dans le marigot !
Rédigé par : Angèle Paoli | 05 avril 2005 à 12:13
Le rapprochement avec Cannibale de Daeninckx est pertinent, merci Angèle! Une histoire réelle et répugnante que l'auteur raconte avec une certaine maladresse par moments (écriture hachée, trop rapide, comme si écrite dans l'urgence) mais peu importe, l'essentiel est qu'il en parle! Qu'il aborde ce comportement colonialiste qui a divisé les gens. Certains néo-calédoniens ont ressenti cela comme de la honte et de l'humiliation, d'autres ont pris cela pour une reconnaissance et un honneur d'être choisis comme modèle. L'endoctrinement peut avoir la vie dure!
Il convient d'effacer l'aspect romancé du récit pour en retenir l'essentiel: l'exploitation outrancière et l'infériorisation d'une "race". A ne pas oublier car ces préjugés courent toujours, quoi qu'on en dise au pays de la liberté de pensée et des droits de l'Homme.
Rédigé par : Marielle | 05 avril 2005 à 18:15
très bon article, c'est assez triste son histoire et surtout triste que ce soient ces scientifiques qui aient permis le progrès mais à quel prix, on se poserait bien cette question: au détriment de quel être ?
Rédigé par : guilaine | 21 juillet 2005 à 00:35
Toujours très choquant. Merci de reparler de cette histoire; je suis étonnée que sa dépouille ait été exposée jusqu'en 1974 ! C'est tout de même assez récent... ce qui pose des question sur la soi-disant supériorité d'une nation comme la notre....et qui explique bien des conflits, et tant de frustration de la part des pays colonisés. A ce sujet, que penser de la présence insistante des troupes francaise en Côte-d'Ivoire? J. Chirac pense-t-il imposer par la force le choix d'un président qui lui convienne ? Démonstration d'un pays qui cherche à garder son pouvoir de colonisateur... En 2005, rien n'a vraiment changé.......
Rédigé par : nancy | 22 octobre 2005 à 22:47
à lire aussi, Les Fantômes du roi Léopold II de Adam Hochschild (Belfond, 1999). Ce roi si catholique, ce roi bâtisseur, qui détenait pour lui seul le Congo Belge.
Rédigé par : irène | 25 mars 2006 à 15:03
Je connaissais déjà l'histoire, mais pas les conclusions de ces scientifiques. Je crois que nous sommes en droit de nous poser aujourd'hui des questions sur les conclusions des travaux des scientifiques de cette époque. Si leur esprit était si borné et partisan, leurs travaux n'en étaient-ils pas affectés ?
Rédigé par : Ainey | 01 mai 2006 à 16:08
Je pensais que les blancs étaient intelligents. Voilà une preuve de leur idiotie. Quelle étroitesse d'esprit! C'est bien dommage pour des êtres qui se croient hyper supérieurs. Ils sont vraiment nuls! Quel dommage!
Rédigé par : Blandine J | 03 mai 2006 à 13:08
Je pense que c'est bien dommage qu'il ait fallu 2 siècles pour que cette pauvre femme trouve enfin repos sur sa terre d'origine, on a tellement abusé d'elle, de sa dignité, de son intimité et qu'aujourd'hui ces actes sont plus ou moins pas trop reconnus dans certains pays Européens.
Je pense que c'est des pages de l'histoire de l'esclavage du peuple noir qui sont bafouées c'est révoltant et honteux que des humains aient pu agir ainsi.
Rédigé par : luzayday Aurélie | 31 octobre 2006 à 17:43
Tout ce comportement humain peut s'expliquer par les limites de l'époque (XVIIIe siècle). Il a fallu attendre que Sigmund Freud et C.G. Jung et la psychanalyse aient fait exploser le subconscient de l'homme pour comprendre ce qui a nourri la curiosité lascive et libidinale de cette époque. Les dimensions des organes sexuels n'influant que sur le fantasme et non sur le plaisir retiré d'un coït.
En outre, aucune race ne peut aujourd'hui prétendre être supérieure aux autres, ni sur le plan sexuel, ni sur d'autres plans.
Le retard de développement que connaît l'Afrique noire n'est que relatif. Au finish, on se rattrapera...
Georges O.SEMETE
Kinshasa, RDC
Rédigé par : Georges O. SEMETE | 07 février 2007 à 10:47
Je trouve cette histoire vraiment choquante et le fait que bon nombre d'entre nous, Africains noirs, dont nos aïeux furent victimes de l'esclavage et du colonialisme, sont encore de nos jours traités de singes, de race inférieure par une certaine frange de soi-disant intellectuels et de partisans complexés par la différence qu'a engendrée un être ou (énergie) d'une immense créativité. Je les plains car, quoi qu'ils fassent, ils ne pouront arrêter la marche du temps qui se veut toujours plus positive et constructive pour l'humanité... ils seront phagocytés.
Rédigé par : lembaréni | 22 juin 2007 à 14:02
C'est une série de bourdes qui a permis les progrès de la science, je veux bien. Mais celle-ci est la preuve même de l'idiotie et de la connerie de ce Étienne Geoffroy Saint-Hilaire et ce Georges Cuvier, qui à mon avis étaient plus des vecteurs de racisme, des voyeurs impudiques et vicieux plutôt que de vrais scientifiques. Ils ont fait aussi de fausses déclarations sur les mesures de volumes crâniens en postulant que les cerveaux les plus petits étaient ceux des moins intelligents et par conséquent des races inférieures. Il s'est avéré à leur détriment que les leurs (cerveaux) n'étaient pas plus gros. Je pense qu'ils devraient perdre quelques points à leur notoriété!
Rédigé par : Alicia Mbella | 28 février 2008 à 10:26
J'en avais toujours entendu parler, maintenant j'en sais un peu plus. Merci.
Rédigé par : Albert | 28 novembre 2008 à 09:20
L'histoire est choquante et les conclusions scientifiques de l'époque aussi, mais il faut tout de même garder un certain nombre de faits à l'esprit: la pensée "biologique" du début du XIXe siècle n'a absolument rien à voir avec la nôtre. Elle tâtonne et s'exprime en des termes qui ne sont PAS scientifiques, au sens où on l'entend aujourd'hui. L'idée d'une hiérarchie des races, influencées notamment par des climats qui produiraient des êtres (humains, animaux et végétaux) dégénérés (ce sont les mots d'alors), est très ancienne, et a été cultivée par les plus grands philosophes des Lumières : entre autres Buffon et Raynal, ce dernier s'opposant par ailleurs fermement dans plusieurs textes au colonialisme. Il ne faut donc pas tout confondre, quitte à accepter certains paradoxes.
A l'époque où Saint-Hilaire et Cuvier écrivent, on ne sait encore rien, par exemple, de la fécondation, qui ne sera décrite et observée avec précision qu'au milieu du XIXe siècle. Les théories de la reproduction de l'époque sont franchement folkloriques à nos yeux.
Cela n'excuse rien et le ton de ces savants est insupportable pour nous, comme l'est celui de Darwin et de la plupart des savants du XIXe lorsqu'ils décrivent les peuples "sauvages".
Mais on ne peut pas lire l'histoire de la science à la lumière de nos connaissances actuelles. Sans quoi on trouverait chez Galilée, Newton, Pasteur, et même de grands noms du XXe siècle, des aberrations qui autoriseraient à tout rejeter. On le peut, mais c'est alors le propre d'une pensée totalitaire, aussi idiote que de vénérer ces grands noms de la science comme des génies infaillibles.
Et il y a fort à parier que les théories d'aujourd'hui paraîtront sous certains aspects bien folkloriques (et scandaleuses) à nos héritiers...
Sachons donc recontextualiser, cela éviterait bien des amalgames et des fermetures d'esprit.
Rédigé par : Nathalie Vuillemin | 08 avril 2010 à 13:33
Pour être franche, cette histoire me dégoute mais ne m'étonne guère. En ce qui est des termes physiques employés, je dois dire que cela laisse penser qu'il s'agit de maladies alors que ce sont des particularités physiques normales, je regrette. La norme n'est pas forcément d'avoir des fesses plates. D'ailleurs, si ces scientifiques avaient été réellement des scientifiques (c'est-à-dire possédant de la science), ils auraient su qu'il existe une multitude de particularités chez les êtres vivants et que la normalité est foncièrement inexistante.
Et voilà que l'on a trouvé des "bizarreries" chez un être humain que l'on se met à examiner, attirés par cette curiosité... C'est pathétique vraiment. Cette une belle illustration de la bêtise humaine.
Et ne parlons pas de Georges Cuvier, professeur d’anatomie comparée au Museum national d’histoire naturelle (ou plutôt imbécile à ses heures perdues), qui a disséqué les organes de cette pauvre femme après sa mort... En la qualifiant de "singe" de par ses particularités à réagir, de part ses gestes !
Et ne parlons pas du peu de considération des Européens envers cette femme. Vivante ou morte elle a été considéré comme un déchet.
Et ne parlons pas de ce qu'a enduré cette femme. Mon dieu, je dois dire que lorsque je lis de telles choses, je suis amplement plus dégoutée qu'à la seconde précédente où je les ignorais. Le passé ne peut être enterré croyez-moi. Dans tous les cas, je n'oublierai jamais l'histoire, les faits horribles qui ont eu lieu dans le passé, et cela change considérablement ma façon de me comporter à l'heure actuelle.
Ne parlons pas... Et si parlons en, encore et encore, parlons en. Je ne m'attarderai pas.
Rédigé par : AD | 08 juin 2010 à 06:40
Jamais une femme n'aurait eu une telle ignominie vis à vis de cette femme Hottentote. Seul, l'homme était capable d'une telle chose pour faire du fric et exhiber la particularité physique de notre amie . J'ai honte en tant qu'humain car nous sommes capables des pires choses dans certains instants de la vie, soit en participant soit par notre silence, notre lâcheté est toujours présente.
Il n'y a pas si longtemps, en France, il y avait des lancers de nains !!!! Comme quoi, rien ne change avec l'être dit supérieur, il y aura hélas des martyrs.
Rédigé par : Thierry | 26 juillet 2010 à 12:14
Ce qui m'écoeure dans cette histoire, c'est que le peuple africain est très passif face à son histoire et vis-à-vis de l'Europe. Si nous prenons le cas des juifs qui sont très unis, leur cause est bien défendue dans le monde entier.par contre les Africains qui ont subi tous les maux de ce monde n'arrivent pas à s'unir pour revendiquer leur droit. Alors question : quand est-ce que le peuple africain se décidera à défendre sa cause après tant de milliers de souffrances, de maladresses, de haines, de racisme et quoi d'autre. Intellectuels africains de tous bords, réveillez-vous car personne ne viendra revendiquer vos droits pour vous. Alors je compte sur vous.Cessez de vous laisser manipuler par l'occident au XXIe siècle. Surtout les leaders politiques qui continuent de créer des guerres ethniques dans nos petits pays, quand je prends le cas de la Côte d'Ivoire avec ses leaders d'opposition corrompus qui font la honte des nouvelles générations.Que Dieu nous garde.
Rédigé par : Koffi | 04 août 2010 à 03:14
Malheureusement comment l'Afrique pourrait être une terre de bonheur alors que des hommes corrompus la gouvernent ?
Sans parler de ses ressources qui sont très prisées des occidentaux.
Rédigé par : AD | 10 septembre 2010 à 16:43
J’aime, je comprends et j’approuve bien le ton modéré voire conciliateur de la réaction de Mme. Vuillemin ; bien sûr qu’il est bien de savoir resituer certains faits et bon nombre de nos connaissances, et surtout nos connaissances scientifiques. Mais aussi, elle le dit très justement : « cela n’excuse rien… », mais absolument rien du tout me plais-je à souligner et pour cause ; d’où tenons-nous que la science et seulement la science doive orienter nos licences à l’égard des autres ?
Malgré toute la justesse d’une telle posture, je dois dire qu’elle ne m’est pas si facile à tenir pour ce qui est de l’histoire de cette femme, et qui fut aussi celle d’une vilénie faite à l’égard de toute une frange de l’humanité. Recontextualisons beaucoup de choses ; et à vrai dire tout, mais arguer de l’état de la science pour rendre raison de pareilles conclusions racistes, simplement malveillantes et à la limite de la médisance gratuite et pure ; je crains que ce ne soit trop facilement absoudre des gens moralement indéfendables.
Rédigé par : Aïgba Raymond. | 28 octobre 2010 à 02:12
Paris 1931, l'Exposition coloniale. Inspiré d'un fait authentique, le livre de Didier Daeninckx , Cannibale, rappelle comment des Kanak ont été utilisés afin de "remplacer" l'attraction que devaient exercer les crocodiles du marigot morts, juste avant l'inauguration officielle, victimes d'une nourriture inadaptée.
(96) - Folio - 3290.
"- Le respect, chez nous en pays kanak, il ne vient pas de la naissance comme la couleur des yeux. Il se mérite tout au long de la vie. Quand nous sommes partis de Nouméa, on nous a promis que pendant notre séjour à Paris nous resterions toujours ensemble. Que nous serions libres de nos mouvements.
(...)
Au lieu de cela, nous sommes restés dans le froid, sans vêtements, avec juste un bout de manou autour des hanches. On nous a mis derrière des grilles, comme des bêtes sauvages, entre la fosse aux lions et le marigot des crocodiles... Tout le monde nous présente comme des cannibales, les enfants nous jettent des cacahuètes, on prétend que nous vivons avec plusieurs femmes. (...)... nos compagnes étaient obligées d'exhiber leurs seins....(...) Les gardiens nous frappent si nous oublions de pousser des cris d'animaux féroces devant les visiteurs ! Ce qu'on nous donne à manger, nos chiens s'en détournent...".
Le film d'Abdellatif Kechiche, Vénus noire, bien qu'éprouvant, froid, sans compassion, dur est teinté parfois d'une grande pudeur, construit autour de la résistance et de la passivité de cette femme Hottentote douloureusement interprétée par Yamina Torrès. Les conclusions du professeur Cuvier sont terrifiantes (François Marthouret). Et cette longue humiliation est souvent irrespirable, glauque, portant la spectatrice que je suis au bord de la nausée. Film dérangeant...
Rédigé par : christiane | 30 octobre 2010 à 20:03
Les raisons qui en appellent à "l'état actuel des connaissances" (mais l'actuel est mouvant car il vit avec et dans l'Histoire)... ne seront jamais des excuses, évidemment.
Rédigé par : Isabelinea | 31 octobre 2010 à 10:17
je ne connaissais pas cette histoire.....ce film m'a donné envie de vomir. froid et glacial, quelques longueurs un peu complaisantes...ont même suscité quelques rires gras chez quelques spectateurs ! Comme quoi la bêtise est toujours aussi humaine ! Ce que j'ai enduré à la vision de ce film... c'est tellement rien à côté de ce martyre. Soyons toujours attentifs à nos préjugés.
Rédigé par : lefeuvre | 05 novembre 2010 à 14:57
je viens de voir le film Vénus noire et j'ai eu bien du mal à rester jusqu'au bout. pas mal fait quoique un peu long. quand on pense que ce genre de comportement (et même bien pire) existe encore dans nos nations dites "civilisées" ainsi que dans beaucoup d'autres pays .... l'homme a encore beaucoup de progrès à faire......
Rédigé par : brigitte | 13 novembre 2010 à 18:28
Je viens de voir ce film.. choquant..horrible.. ca me donne envie de vomir.. bravo les blancs qui sont vraiments débiles.. inhumains.. je les croyais intelligents..
Brigitte
Rédigé par : dupin | 08 janvier 2012 à 12:36
L'histoire de cette femme est plus que révoltante, je suis française et j'ai honte de l'être.D'autant que le caractère dit "scientifique" apporté comme justification à cette barbarie qu'elle a enduré n'a vraiment pas sa place. Je suis triste et révolté parce qu'il n'en demeure pas moins que la supprématie prétendue de la "race blanche"sur toute autre race est encore en pratique. Il n'y a pas plus faible et rebutant qu'un blanc qui se croit plus cultivé ou éduqué qu'un autre être humain. Cela a toujours existé et existe toujours. Il n'y a qu'à observer le comportement de la communauté internationale (donc la France, les Etats Unis et l'Angleterre) et cette forme de suffisance à se prendre pour des donneurs de leçons sur des peuples d'Afrique ou autres. Vaste hypocrisie qui n'a que trop duré. Quand on observe que lors de la dernière coupe du monde aucun commentaire ou aucune allusion n'a été faite sur le passé peu glorieux de la France envers l'Afrique du Sud !! Ca m'écoeure!!
Rédigé par : Lina | 20 janvier 2012 à 20:57
Comme tous, cette histoire m'a profondément écoeurée, mais je rejoins AD (commentaire du 8 juin 2010) qui souligne qu'on ne peut pas considérer l'histoire sans la remettre dans ce contexte. Sans doute Cuvier et Saint-Hilaire étaient-ils profondément racistes au sens du terme entendu aujourd'hui, en 2012. Mais, dans le contexte du début du 19ème siècle, la science avait beaucoup à apprendre. Les mots n'étaient pas les mêmes. On cherchait à savoir d'où l'on venait (théorie de l'évolution, etc.).
L'histoire est terrible mais de là à dire que je suis honteuse d'être française, il y a un pas. Il me semble qu'en 2012 la situation a bien changé...
Rédigé par : Vivi | 09 mai 2012 à 23:41