JE CHOISIS L’ÎLE
« Je choisis l’île parce qu’elle frappe d’absurdité la reculade, qu’elle décourage l’évasion et rend vaine l’avidité.
Je la choisis comme on rompt les amarres, on brûle ses vaisseaux. Pour me trouver plus sûrement sans médiateur - ainsi que dans ces schismes où le fidèle veut en revenir à la simplicité des origines.
« Se dépouiller, et d’abord d’une traîne de paon, grands espaces terrestres où déployer nos vanités ; et se faire l’otage d’un lieu sans fin lavé, récuré, où paresse ni démission ne se conçoivent. Comme on se livrerait au bûcher purificateur - et qui oserait dire qu’on ne vit pas ici dans un embrasement ?
« Se dépouiller pour mieux accueillir, mieux recevoir, en sa ruée à peine soutenable - l’immensité. (Si vaste soit un continent, il n’est pas, lui, tout entier à votre seuil !)
« Se dépouiller pour prendre sa mesure. Or, ce n’est que dans l’île - ou en montagne ou au désert, et c’est tout un - au cœur de l’éventail des éléments, qu’on se découvre un dérisoire fétu. Je choisis l’île parce que le grand miroir qui l’entoure n’est pas de ceux qui flattent l’homme… »
François Solesmes, L’Île même, Encre marine, Fougères, 2005, page 25.
FRANÇOIS SOLESMES Voir aussi : - (sur artslivres.com, n° 27, 15 juin 2006) un entretien avec François Solesmes ; - (sur Terres de femmes) François Solesmes/L'île est d'abord femme. |
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L’île, son île ________________
L’avion maintenant survole la mer… dans le lointain s’approche une montagne fluctuante… un contre-jour violent déplie ses froissures telluriques… ce drapé de granite la recouvre entièrement de neige…c’est une île montagne… l'île… son île…
En toute impunité, il vit en symbiose avec le paysage, avec les couleurs et les formes de son univers insulaire… il sait que sa terre est l’alcôve des ses chimères, qu’elle exhale une fragrance enivrante d’immortalité…
Il contemple son île. Sa vue succombe à la diversité des paysages, à la luxuriance entrevue… son regard court au point de fuite où les échappées ouvrent sur des aplats marins tendus sur des profondeurs d'abîme… elles butent sur le chatoiement d'une lumière qui rosit les cimes enneigées… son monde est montagnes et marines à la fois … Un taillis ouvre à la rêverie d’un vert d'émeraude où les sous-bois submergent les silhouettes hirsutes des châtaigniers… Une anse inondée de soleil darde les lames d'une plage surchauffée…c‘est celle qu’elle affectionne… elle aime s‘y baigner…
La fusion des couleurs qu’il y a déposées ennoblit le prisme chromatique, il réduit à néant le blanc primordial et le noir absolu… il prétend qu’ils ne sont pas couleur mais sa défectuosité… Comme Leonardo da Vinci évoquant un souvenir d’enfance, ensemble ils s’inventent un roman écrit à quatre mains, peuplé de chimères et d’anges cybernétiques que des pixels électroniques enverraient sur la toile pour abolir les frontières des sentiments… pour conjurer la mer baignant l’Atlantide de leur relation…
Extrait du – journal d’un piètre séducteur - , auteur inconnu …
Amicizia
Guidu ___________________
Rédigé par : Guidu | 04 avril 2005 à 11:49