 Anna Magnani par Yousuf Karsh
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JE NE ME SUIS JAMAIS TROMPÉE DE DÉSIR
« Je ne me suis jamais trompée de désir, sans doute parce que le désir me tient lieu de certitude, et par conséquent de volonté. J’hésite ici, non que je doute de la justesse de cette affirmation : je crains seulement de ne pas m’expliquer assez alors même que cela me suffit. »
« Je regarde par mes yeux, et je vois qu’il n’y a plus rien qui vaille la peine d’être regardé. Je ferme donc mes yeux et j’entre dans un rêve, qui est ma vie. »
« Je ferme les yeux. Je dresse la main. Je la tends à bout de bras parce qu’elle est aveugle et qu’elle se glissera peut-être, en vertu de cette innocence, dans la fente qui doit bien, quelque part, séparer ce qui est de ce qui n’est pas ou du moins ce qui est moi de ce qui ne l’est pas. Je veux dire qu’il est impensable – oui, qu’il est nécessaire que toute limite soit signalée par une forme : bord, bourrelet, couture, cicatrice ou lèvre que le toucher disjoint de sa jumelle. J’ajoute que ce signe est indispensable dans l’universel tâtonnement qu’est la relation du vivant avec la vie. »
Bernard Noël, La Langue d’Anna (roman), P.O.L, 1988, pp. 8, 11, 65.
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Le choc, un soir de télé à Munich. Anna Magnani dans La Rose tatouée. Elle parle allemand - sans toutefois d'accent bavarois...
Rédigé par : JC-Milan | 02 avril 2005 à 13:01
Dans Stromboli, Roberto Rossellini, le père du néo-réalisme, transforme Ingrid Bergman, la star de Casablanca, en expatriée confrontée à la vie dure et ingrate d’une petite île volcanique. En apprenant le montage de ce film, Anna Magnani, jalouse que le metteur en scène ne l’ait pas choisie pour le rôle, demande à un autre réalisateur de mettre en scène un remake du film avant l’heure. Il faut voir les deux films dans un impossible face-à-face, un duel à distance.
Rédigé par : Pierre Ménard | 03 avril 2005 à 20:07
Merci Pierre pour cette information. J’ai bien vu Stromboli, j’ai vu aussi le nid d’amour de Rossellini-Bergman sur la côte amalfitaine. J’ai vu Casablanca de Michael Curtiz («As time goes by... Play it again, Sam»), mais je ne connais pas ce remake. Quel en est le réalisateur ?
Je reprends ci-dessous un autre passage de l’ouvrage de Bernard Noël (pp. 73-74):
«J’ai revu Roberto quand il s’est débarrassé de sa Suédoise : Tu ne changes pas, m’a-t-il dit. […] Je lui ai demandé s’il était heureux, et il m’a répondu : Je t’emmerde aujourd’hui et à jamais, dans les siècles des siècles… J’ai ri avec ma gorge : Tu as pris du caractère, j’ai dit, mais tu manqueras toujours d’à-propos. […] Tu es une tueuse d’amour, a-t-il fini par dire. Je le sais, j’ai dit, je n’ai pas un tempérament suédois !»
Rédigé par : Angèle Paoli | 03 avril 2005 à 21:23