![]() Laure et Pétrarque Image, G.AdC 6 avril 1327 C’est le 6 avril 1327, en l’église Sainte-Claire en Avignon, que Messer Francesco Petrarca, né à Arezzo le 20 juillet 1304, rencontre pour la première fois Laure de Noves. Rencontre qui fut pour le poète l’événement le plus marquant de sa vie. Il est à peu près acquis aujourd’hui par la critique que la Laure qui inspirera son œuvre au poète était depuis deux ans déjà l’épouse d’Hugues de Sade. De cette rencontre naîtra l’amour de Pétrarque pour sa Dame, « forme angélique », mais humaine, mortelle. Un amour que la disparition de Laure, emportée par la peste en 1348, ennoblira encore. Le poète, rongé par le deuil, s’abîme dans les extrêmes d’une contemplation qui tantôt le plonge dans la tourmente d’une amère douleur, tantôt l’élève jusqu’à une joie extatique, quasi hallucinée. Laure eut-elle connaissance du rôle fondamental et fondateur qu’elle joua sur l’œuvre du poète ? Nul à ce jour ne peut le dire. BENEDETTO SIA 'L GIORNO Benedetto sia 'l giorno, e l’mese, et l’anno, Et la stagione, e 'l tempo, et l’ora, e 'l punto, E 'l bel paese, e 'l loco ov’io fui giunto Da’ duo begli occhi che legatro m’ànno; Et benedetto il primo dolce affanno Ch’i’ ebbi ad esser con Amor congiunto, Et l’arco, et le saette ond’i’ fui punto, Et le piaghe che 'nfin al cor mi vanno. Benedetto le voci tante ch’io Chiamando il nome de mia donna ò sparte, E i sospiri, et le lagrime, e 'l desio ; E benedette sian tutte le carte Ov’io fama l’acquisto, e 'l pensier moi, Ch’è sol di lei, si ch’altra non v’à parte. Que bénis soient le jour et le mois et l’année, La saison et le temps et l’heure et le moment, Le beau pays et le lieu où je fus atteint Par deux beaux yeux lesquels alors m’ont enchaîné ; Et bénis soient aussi le premier doux tourment Que je sentis à être avec Amour lié, Et son arc et ses traits, dont je fus transpercé, Et la plaie qui pénètre au-dedans de mon cœur ; Bénis soient à jamais les mots que j’ai sans nombre Répandus pour clamer le cher nom de ma dame, Et mes soupirs et mes larmes et mon désir ; Et bénis à jamais toutes les écritures Où je lui donne un grand renom et ma pensée Qui n’appartient qu’à elle et où n’a part nulle autre. Francesco Petrarca, Il Canzoniere, Anthologie bilingue de la poésie italienne, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1994, pp. 210-211. |
■ Pétrarque sur Terres de femmes▼ → 26 avril 1336 | Pétrarque, L'Ascension du Mont Ventoux → 18 juillet 1374 | Mort de François Pétrarque |
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À la louange de Laure et de Pétrarque
Chose italienne où Shakespeare a passé
Mais que Ronsard fit superbement française,
Fine basilique au large diocèse,
Saint-Pierre-des-Vers, immense et condensé,
Elle, ta marraine, et Lui qui t'a pensé,
Dogme entier toujours debout sous l'exégèse
Même edmondschéresque ou francisquesarceyse,
Sonnet, force acquise et trésor amassé,
Ceux-là sont très bons et toujours vénérables,
Ayant procuré leur luxe aux misérables
Et l'or fou qui sied aux pauvres glorieux,
Aux poètes fiers comme les gueux d'Espagne,
Aux vierges qu'exalte un rythme exact, aux yeux
Épris d'ordre, aux cœurs qu'un vœu chaste accompagne.
Paul Verlaine, extrait du recueil Jadis et Naguère
Rédigé par : Marielle | 06 avril 2005 à 16:40
Classique, propre, net. Carré. Un italien épuré. Et en même temps, qui ne peut se reconnaître dans ces vers?
Rédigé par : JC-Milan | 06 avril 2005 à 20:37
Chère Angèle,
Connaissiez-vous ce texte de Sylvie Doizelet, extrait du récit La Dame de Pétrarque?
« Du 6 avril 1327 (c’était vous le savez un vendredi saint) au 18 juillet 1374, un homme a souffert, un homme a aimé, et vous vous moquez de lui. Pendant quarante-sept ans, un homme a connu le supplice d’être « suspendu, arrêté » dans une attente et un désir sans fin, est resté tout au long d’une existence « entre vivant et mort », sans espoir de trouver de repos à son tourment »
Sylvie Doizelet, La Dame de Pétrarque, Gallimard 1999, p.13
Rédigé par : jane | 09 avril 2005 à 13:19
L'amour impossible et bouleversant entre la belle Laura et le poète.
Les poèmes de Petrarque sont l'occasion d'une série incroyable de jeux de mots avec le prénom de l'aimée : Laura, l'aura.
Par ailleurs, le chantre Italien livre une humanité et une psychologie incroyables en son temps (de mémoire, il écrivait "lo star mi strugge e il fuggir non m'aiuta"). Dans la même veine "humaniste" puisque c'est de cela dont il est question, l'échange dans le "Secretum meum" entre lui et Saint Augustin, fait l'apologie d'une introspection avant la lettre.
Rédigé par : Fabrice Farre | 26 avril 2012 à 07:02