1er avril 1924, première au théâtre Josefstadt (Theater in der Josefstadt) à Vienne du
Serviteur de deux maîtres*, de
Carlo Goldoni, mis en scène par
Max Reinhardt, le directeur du Deutsches Theater et l’un des l'un des principaux innovateurs de la technique théâtrale au XX
e siècle.

ARLECCHINO SERVITORE DI DUE PADRONI
Œuvre du dramaturge vénitien Carlo Goldoni, Il servitore di due padroni est publié pour la première fois en 1753 et représenté au Théâtre Italien, à Paris, le 4 mars 1764. Le canevas initial date, lui, de 1745. Il est tout droit tiré de la « Commedia dell’arte » et de la pièce Arlequin valet de deux maîtres (1718) du dramaturge languedocien Jean-Pierre des Ours de Mandajors (1669-1747). Dont Il servitore di due padroni, dans sa manière résolument « moderne », se dégage pourtant.
Car le maître de la dramaturgie italienne du XVIIIe siècle, tout en travaillant de l’intérieur les stéréotypes imposés par le canevas originel, manifeste sa volonté de rénover l’art de la bouffonnerie et des « pantalonnades ». Notamment en remplaçant les improvisations en vogue depuis les origines (XVIe siècle), par le recours à la langue écrite. Que cette langue soit l’italien ou le dialecte vénitien. Cette innovation permet à Goldoni de donner une épaisseur psychologique et une force toutes nouvelles à ses personnages.
L’Arlequin de Goldoni, héros issu du peuple dont il possède toutes les roueries, sort toujours vainqueur de situations embrouillées, construites sur le jeu des masques et la duplicité. L’efficacité de ses stratagèmes, son esprit de répartie, sa verve, la subtilité de ses discours, lui assurent au final la reconnaissance de tous, y compris de ses maîtres, contraints de reconnaître en lui une supériorité qu’ils ont perdue. De ce fait, L’Arlequin est aussi une allégorie du nouveau théâtre et de la société dont il fait la critique.
L'Arlequin est un fait extraordinaire dans l'histoire du théâtre mondial. Des centaines de metteurs en scène l’ont monté. Des centaines d'acteurs ont joué le rôle d’Arlequin. « Des spectateurs l'ont vu naître, puis, plusieurs années après, l'ont vu renaître ; d'autres aussi l'ont reconnu, en Italie et à travers le monde... », déclarera plus tard le dramaturge Giorgio Strehler, l’un des grands disciples de Max Reinhardt, celui qui a le plus influencé la vision "strehlérienne" de l'Arlequin de Goldoni, monté pour la première fois par Strehler le 24 juillet 1947 (avec Marcello Moretti dans le rôle d’Arlequin), mais aussi (dans une nouvelle version) en 1973 au festival de Salzbourg, pour le centième anniversaire de la naissance de Max Reinhardt.
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
* C'est Giorgio Strehler qui, en 1947, ajoutera Arlequin au titre original goldonien. Le titre Arlequin serviteur de deux maîtres, devenu célébrissime, a depuis lors été adopté par les metteurs en scène du monde entier.
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