Catherine de Médicis
Image, G.AdC
CATHERINE DE MÉDICIS, LA « REINE NOIRE »
Catherine de Médicis, la « reine noire », la grande Catherine de France, veuve du roi Henri II de Valois, a marqué le royaume d’une sombre réputation. Vêtue de voiles noirs depuis la mort d’Henri, elle hante les couloirs du Louvre. Suivie de René, son fidèle parfumeur italien. Son complice en concoction de poisons qu’elle distribue sur son passage. Femme de l’ombre redoutable, on la dit cruelle, cynique, machiavélique. Accusée d’avoir fomenté les guerres entre catholiques et protestants, elle est aussi celle que l’on soupçonne d’être l’organisatrice, au mois d’août 1572, du massacre de la Saint-Barthélemy.
Pourtant, enfant, la fille de Laurent II de Médicis (duc d’Urbino) et de Madeleine de la Tour d’Auvergne est une gracieuse « mignonnette » qui sait se faire aimer de tous. Très tôt orpheline, elle est élevée dans les monastères de sa ville natale où elle reçoit une éducation austère mais soignée, tout imprégnée des valeurs de la Renaissance. Puis, arrachée à sa studieuse réclusion, elle est envoyée à Paris pour parfaire ses humanités. Mais aussi pour y épouser Henri d’Orléans, fils cadet de François Ier et de la reine Claude de France. Mariage célébré en 1533 par le pape Clément VII. Qui obtient, moyennant finances, que la princesse renonce à l’héritage médicéen. Au cours des premières années qui suivent les épousailles, Catherine n’a pas d’héritier. Soupçonnée de stérilité, elle est à deux doigts d’être répudiée. Quant à Henri, il est sous le charme et sous la coupe de sa maîtresse, la très belle Diane de Poitiers : qui le conjure de n’en rien faire.
La mort inattendue du dauphin François, frère aîné d’Henri, vient bouleverser le cours des choses. Henri prend donc la place de son frère défunt dans son rôle de dauphin de France.
À la mort de François Ier en 1547, Henri d’Orléans monte sur le trône sous le nom de Henri II. Entretemps, Catherine a eu l’heur d’enfanter. Dix enfants en tout. Dont sept atteindront l’âge adulte. Parmi eux, trois de ses fils deviendront rois de France. Et reines, deux de ses filles. Mais Catherine de Médicis prend ombrage du pouvoir de plus en plus grand de sa rivale Daine et de l’influence qu’elle exerce dans son entourage. C’est également à Diane qu’échoit la fonction d’éducatrice. Catherine est réduite au silence. Reléguée au second plan, elle souffre et se tait. Jusqu’au jour où Henri II, cruellement blessé au cours d’un tournoi, meurt. Le 10 juillet 1559. À l’âge de quarante ans. Après douze années de règne. À compter de ce jour, Catherine ne quitte plus ses voiles noirs.
Aux fêtes qui ont célébré la signature du traité de paix du Cateau-Cambrésis succèdent les cérémonies de deuil. Catherine, tenue d’observer une réclusion de quarante jours, choisit le Louvre pour abriter son chagrin. Et surveiller de près la mise en place du nouveau gouvernement. Assuré par son fils aîné François, à peine âgé de 15 ans et marié depuis quelques mois à la très puissante Marie Stuart (qui apporte l’Écosse dans sa corbeille de mariée). Dans le même temps, Catherine s’occupe de marier ses filles. Élizabeth, l’aînée, au roi d’Espagne. Claude au duc de Lorraine. Reste Marguerite, la petite dernière. Margot. Qui lui donne bien du fil à retordre.
Mais c’est dans les arts que Catherine se réalise pleinement. Elle convie des artistes de talent, sculpteurs français et italiens en l’honneur et en la mémoire de son époux. Qu’elle grandit en le célébrant et en l’immortalisant. Catherine pense aussi à elle. Elle rayonne de l’aura de celui dont elle contribue à édifier le culte. Ce qui ne la protègera nullement des traquenards familiaux auxquels elle se trouve confrontée, ni des luttes intestines qui fleurissent autour d’elle. Car François II n’a pas la carrure nécessaire pour régner et Marie Stuart est manipulée par ses oncles, les Guise.
Catherine de Médicis, fille de banquiers et de riches commerçants italiens n’était pas appelée à régner. Le sort, qui en a décidé autrement, l’a propulsée au cœur des tempêtes religieuses qui divisent le royaume et ensanglantent la France. Conflits qui culminent avec la nuit de la Saint-Barthélemy. Dont le souvenir est inaltérablement associé à la « reine noire ».
Vilipendée par les uns, défendue par les autres, elle est la reine la plus controversée de France. C’est au XIXe siècle qu’elle atteint toute sa grandeur mythique. Sous la plume apologétique de Balzac, et sous celle venimeuse de Michelet. Quant à Alexandre Dumas, il fait de Catherine un personnage dramatique. Une héroïne du romantisme noir.
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
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Il y a quelque temps, j'ai revu le film de Patrice Chéreau, la Reine Margot où Virna Lisi campait une éblouissante Reine Catherine.
C'est vrai que Dumas a pris quelques libertés avec l'histoire s'appuyant beaucoup sur le corpus légendaire des protestants, mais il faut avouer que dans ce rôle de mère amoureuse, cherchant à tout prix à préserver sa nichée, elle est tout simplement extraordinaire.
L'amour éprouvé pour un homme qui aimait ailleurs, l'héritage complexe des Medici et la passion pour le troisième fils, la confrontation avec les pouvoirs montants des protestants et des Guise, tout cela devait être lourd à porter.
Une femme complexe et un personnage d'une carrure exceptionnelle, il est temps que l'Histoire officielle lui rende l'hommage qui lui est dû.
Je crois qu'avec Isabeau de Bavière et Marie-Antoinette, elle forme un trio de reines qui ne laisse guère indifférent.
Rédigé par : Hecate | 13 avril 2005 à 12:47