Maristelle, Nu
À Colette Deblé
L'ENCRE ET L'EAU
La lumière fait pousser des formes
un corps dans le papier
et pourtant rien
cette énigme va et vient
au bout des yeux
le temps n’est pas égal partout
ni sur toutes les peaux
celles que lave l’encre
retiennent une vie sans vie
l’attente close sur elle-même
une illusion lestée de réalité
ainsi sont faites les images
leur avenir est en nous
leur passé porte pourtant
le présent de leur apparition
le sens et l’instant mêlés
puis emballés dans une peau
voilà le secret des visages
l’âme y vient plus tard
comme une sueur de la mémoire
chaque nom est la prothèse
d’un espoir contre la déception
quelqu’un est là sans être là
il faut s’émouvoir du mystère
l’ombre s’y fait blanche
d’ailleurs les gestes les postures
plombent la ligne du temps
leur perpétuelle répétition
dédouble le passé au présent
l’un sur l’autre devenus transparents
Bernard Noël, Les Yeux dans la couleur, P.O.L, 2004, page 143.
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NULLE PART
"quelqu'un n'a pas posé sa main sur ma nuque
aussi le manque n'a-t-il pas de visage
il est là simplement comme un toucher froid
un rappel de la parfaite solitude"
Ces quatre vers de Bernard Noël sont issus du Reste du voyage, un dex six premiers volumes de la nouvelle collection de poésie en poche "Points Poésie" (p. 53), mise en place en librairie ce jour. Ce volume est préfacé par François Bon.
Rédigé par : Yves | 09 mars 2006 à 16:36