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CHASTETÉ, CHASTETÉ
Je n’ai jamais été chaste
[…] je vais droit au but
directe et sans limites
[…] quand je veux un homme je n’y vais pas par quatre chemins
je lui saute sur le poil et l’assaille et m’accroche
[…]
Je n’ai jamais été chaste
dès que j’ai eu l’âge de la puberté
j’ai soigné ma peau en me frottant contre les mecs
les excès de masturbations ne m’ont pas donné d’acné
moi à dire vrai je ne croyais pas aux virginités
j’ai grandi dans la rue à la dérive
et mon sexe m’accompagnait
Je n’ai jamais été chaste j’ai été une roulure
personne ne m’a enseigné la malice j’étais née avec
très tôt j’ai commencé à vibrer et je n’ai pas torpillé mes cadences
Je n’ai jamais été chaste à quoi sert d’être chaste ?
Puisque même avec terreur tremblant de précautions
nous aimer est tout ce qui nous reste.
Zoé Valdés, « Chasteté, chasteté », Une habanera à Paris, poèmes d’anthologie, Gallimard, Collection Du monde entier, 2005, pp. 85-86. Extrait de Vagón para fumadores, 1996. Traduit de l’espagnol (Cuba) par Claude Bleton.
NOTE : cette anthologie a paru aux éditions Gallimard en même temps que le troisième roman de Zoé Valdés, Louves de mer.
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Je suis bien avec cette idée, libre, prêt à vivre avec les conséquences et mordre à pleines dents dans les phantasmes.
Rédigé par : Gregorio | 09 mars 2005 à 05:00
Elle fait un peu peur ton anti-chasteresse... L'ordalie orgastique est sans doute une belle perspective à condition qu'on n'y use pas son grain de peau et son désir comme au contact d'une meule dont les étincelles n'éclairent que le plafond. Ce beau chant vigoureux résonne néanmoins comme une furieuse envie de vivre et plus encore comme un symptôme de carence affective et sensuelle. Les orgasmes intellectuels ne sont que des contrefaçons. Mais pourquoi pas, si on se sent comme en prison !
Rédigé par : M.P. | 09 mars 2005 à 12:39
"Le monde est mort et c'est pourquoi il m'avait exclue. En moi seule se réfugiait la Vie. La vie était dans mon corps, dans mon sexe, et mon dernier devoir était de la sauver en la faisant chanter, vibrer, jouir, éclabousser ce monde envahi de morts"
Alina Reyes, L'exclue, Editions Mille et une nuits, 1999, page 20
Rédigé par : Marielle | 09 mars 2005 à 16:50
En manière de facétie métaphorique ce passage d'un vieux livre d'André Maurois "Ni Ange, Ni Bête" trouvé chez un bouquiniste (A replacer dans son contexte -1929- pour mesurer le chemin parcouru !) :
"Philippe, le dimanche suivant, se retrouva à Epagne avec un vif plaisir. Les jeunes filles demandèrent la permission d'aller avec lui faire une courte promenade au bord de la Somme.La rivière, très haute, lisse et rapide, coulait comme un canal de Versailles, entre deux nobles rangées de grands arbres.
- Cette rivière, dit Philippe,va me donner bien du tourment.
- Pourquoi ? dit Catherine, complaisante.
- Mon devoir d'ingénieur est de l'empêcher de vous inonder: ce n'est pas facile.
- Comme ce doit être intéressant, dit Catherine.
Il leur expliqua assez longuementle fonctionnement des écluses et le régime de la Somme sur lequel il avait déjà trouvé le temps de former desidées originales et définitives.
- Je suis, dit Geneviève, ignorante comme une nonne.Au couvent on nous apprenait chaque année la géographie des Lieux Saints, mais jamais celle de la France. Depuis que je suis sortie, je lis des romans, je chante : je suis paresseuse.
Philippe demanda quelles impressions lui avait laissées le couvent.
- Nous étions très heureuses : toutes les élèves rivalisaient de pratiques et d'exaltation.
- Mais que vous enseignait-on ?
- L'histoire religieuse, les papes, les schismes... Puis le dogme : le cours était fait par un jeune abbé timide qui n'aimait pas mes questions. Il n'était pourtant pas bête."
André Maurois, Ni Ange Ni Bête, Roman, Le Livre Moderne Illustré, J.FERENCZI & FILS EDITEURS PARIS, 1929, p. 42-43.
Rédigé par : M.P. | 09 mars 2005 à 19:13
La dictature (notamment cubaine) est-elle une contrefaçon ? Qui parle d'orgasmes intellectuels ? Ni l'exilée Zoé Valdés avec ce qu'elle a vécu au plus vif de sa chair à Cuba. Ni moi, dans la chair de ma vie. Mais hélas, je n'ai pas le talent de Zoé Valdés pour le dire avec autant de force.
« Plus haute, chaque nuit, cette clameur muette sur mon seuil, plus haute, chaque nuit, cette levée de siècles sous l’écaille, […]
Toute chose à naître s’horripile à l’orient du monde, toute chair naissante exulte aux premiers feux du jour !
Et voici qu’il s’élève une rumeur plus vaste par le monde, comme une insurrection de l’âme…
Tu ne te tairais point, clameur ! que je n’aie dépouillé sur les sables toute allégeance humaine. (Qui sait encore le lieu de sa naissance ?) »
Saint-John Perse, Exil, Seghers, Poètes d’aujourd’hui, 1971, pp. 173-174.
Rédigé par : Angèle Paoli | 09 mars 2005 à 19:21
CATTURATA________________
Catturata.
Scoperta di essere stata catturata.
Nessuna attenzione nel non essere catturata.
Catturata.
Impressa.
Coniata.
Marchiata.
Ingannata.
Distratta.
Amore affamato da belva.
Una belva in gabbia che ruggisce.
Impazienza.
Freddo.
Lampo.
Il disincanto del nulla.
Moto di onde sotto la luna.
Incantesimo di luna.
Dannata!
Maledetta incoerenza!
Maledetta incoscienza!
Sottile senso di disgusto.
Il pianto della tua forza nelle mie mani.
L’odore, il sapore, il colore, il tatto, la vista; percezione di ogni cosa che esiste.
Come il fiuto infallibile di un incantatore di sirene.
- Ivana Visconti - 19/02/2001 ______________________
Rédigé par : Guidu | 09 mars 2005 à 21:28