Portrait de Barbara.
Image, G.AdC
«
À l'heure de sa dernière heure
Après bien des années d'errance
Il me revenait en plein coeur
Son cri déchirait le silence
Depuis qu'il s'en était allé
Longtemps je l'avais espéré
Ce vagabond, ce disparu
Voilà qu'il m'était revenu »
Barbara, « Nantes ».

Barbara, Il était un piano noir : Mémoires interrompus,
Fayard, 1998. ISBN : 2213602743
Le 4 février 1969, Barbara (9 juin 1930 - 24 novembre 1997) entame un récital à l'Olympia pour deux semaines (jusqu’au 17 février). Elle est accompagnée par Roland Romanelli à l'accordéon, Michel Gaudry à la contrebasse, Michel Portal au saxophone, Michel Sanvoisin à la flûte à bec. Elle interprète trente chansons dont quinze nouveaux titres, extraits de l'album Le soleil noir, paru l’année précédente.
En première partie du récital, Barbara interprète des chansons du répertoire « début-de-siècle » : « Sur la place », « La complainte des filles de joie », « Veuve de guerre », « Les amis de Monsieur », « Elle vendait des petits gâteaux », « Le grand frisé ».
Dans la deuxième partie, elle interprète ses propres compositions, Georges Moustaki la rejoignant chaque soir sur scène pour chanter en duo « La dame brune ».
Parmi ses chansons : « Gare de Lyon », « Gueule de nuit », « Au bois de Saint-Amand », « L'amoureuse », « La solitude », « Göttingen », « Le soleil noir », « Pierre », « Mes hommes », « Nantes », « Une petite cantate », « Ce matin-là ».
De ce récital à l’Olympia, un double album 33 tours sera réalisé, qui sortira le 11 mars 1969.
Ci-dessous « Göttingen » :
« Bien sûr, ce n'est pas la Seine,
Ce n'est pas le bois de Vincennes,
Mais c'est bien joli, tout de même,
A Göttingen, à Göttingen,
Pas de quais et pas de rengaines,
Qui se lamentent et qui se traînent,
Mais l'amour y fleurit quand même,
A Göttingen, à Göttingen,
Ils savent mieux que nous, je pense,
L'histoire de nos rois de France,
Hermann, Peter, Helga et Hans,
A Göttingen,
Et que personne ne s'offense,
Mais les contes de notre enfance,
« Il était une fois », commencent,
A Göttingen
Bien sûr, nous, nous avons la Seine,
Et puis notre bois de Vincennes,
Mais, Dieu, que les roses sont belles,
A Göttingen, à Göttingen,
Nous, nous avons nos matins blêmes,
Et l'âme grise de Verlaine,
Eux, c'est la mélancolie même,
A Göttingen, à Göttingen,
Quand ils ne savent rien nous dire,
Ils restent là, à nous sourire,
Mais nous les comprenons quand même,
Les enfants blonds de Göttingen,
Et tant pis pour ceux qui s'étonnent,
Et que les autres me pardonnent,
Mais les enfants, ce sont les mêmes,
A Paris ou à Göttingen,
O, faites que jamais ne revienne,
Le temps du sang et de la haine,
Car il y a des gens que j'aime,
A Göttingen, à Göttingen,
Et lorsque sonnerait l'alarme,
S'il fallait reprendre les armes,
Mon coeur verserait une larme,
Pour Göttingen, pour Göttingen... »
Paroles et musique de Barbara.
Evocation de "LILY-PASSION", Barbara/Depardieu
"Il surgit un matin à Précy dans le désordre
d'un bureau jonché de feuilles de cahiers qu'il ramasse en riant. Toujours ce fou-rire de cancres entre nous ! Il est venu me regarder, me rassurer. Il dit qu'il est venu prendre des forces. Il repart. Il tourne.
Il veut chanter dans "Lily". Je sais qu'il veut chanter, il chante d'ailleurs bien.Sa première chanson,il vit avec, il l'apprend dans son sommeil. Il me réveille pour me la chanter; il chante aussi des airs de "Lily". Il y a des jours où il voudrait être "Lily-Passion" et chanter comme elle. Le voleur !...
Oui, c'est un voleur ! Il te vole tout, pour mieux te le retransmettre;
Il te vole aussi tes émotions : à Nantes où nous sommes en tournée, nous assistons, un matin, au baptême de la rue de la Grange-aux-Loups, hommage que la ville a décidé de me rendre pour ma chanson "Nantes".Au moment où l'on découvre la plaque , il s'écrie : "C'est mon père !". Nantes, à cet instant est devenue la ville où est mort son propre père !
Voleur magnifique, il veut partager le butin de joie et de douleur !"
Barbara, Il était un piano noir,
Fragments,1998, p.181.
Rédigé par : M.P. | 06 février 2005 à 11:34