Gallimard, Collection blanche, 2003.
LES COULOIRS DE LA MORT
Pour le lecteur qui n’aurait pas le palais sucré, ce titre pourrait être dissuasif. Pourtant, par sa concision et par son étrange balancement, le titre, encore plus suave en anglais (« sweet and secret »), invite à dépasser ce goût de bonbon à la fraise qui emplit la bouche. Très vite, dès les premières pages, fond l’idée même de sucre candi qui roule sous la langue et crisse sous les dents. Le goût de sucre d’orge se change en goût de sperme et de sang. Le titre du roman surgit brutalement au cœur de l’intrigue et saisit le lecteur à la gorge et à l’estomac : « sexe et secret » (titre initial du roman, comme Paule Constant a eu l’occasion de le dire sur les ondes). Ce sont là les deux maîtres mots du récit, les deux ingrédients véritables autour desquels se construit ce roman magistral, écrit et composé à partir de faits authentiques : la condamnation à mort, aux États-Unis, d’un jeune homme accusé d’avoir violé, tué Candice, son amie, et d’avoir commis sur sa personne des actes de barbarie. Pour la narratrice, convaincue de l’innocence de celui qui va être exécuté, après dix ans d’incarcération, David Dennis a été l’objet d’une machination. Elle va tenter d’en dénouer les rouages et d’en révéler le secret.
Mené avec maestria, ce récit, qui milite en faveur de l’abolition de la peine de mort, dénonce également les complots et les enjeux de pouvoir des autorités, universitaires et magistrats de l’État de Virginie, qui ont intérêt à étouffer la vérité de cette sordide affaire. Autant dire que le combat, engagé par l’écriture de ce roman et par sa publication, se poursuit. Mieux, il commence.
Paule Constant, Sucre et secret, Gallimard, Collection blanche, 2003.
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
Retour au répertoire de février 2005
Retour à l' index des auteurs
Retour à l’ index des « Lectures d’Angèle »
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.