(hommage à Hélène Cixous)
![]() Ph, G.AdC ICARION Sur un sentier en surplomb de la mer ils vont les adultes plus loin un peu plus haut le jeune garçon court au bord du précipice se joue des conseils prodigués en échos sur le rebord du talus il court ébauchant une simulation  de chute le sol soudain se dérobe à lui il titube et tombe dans le vide entraîné jusqu’aux flots dans sa chute pourtant il n’a rien perdu de son sang-froid et  d’un mouvement de jambes d’un battement de pieds il s’écarte de la paroi rocheuse il infléchit sa trajectoire évite les écueils sur lesquels il va se fracasser terrifiés les adultes se penchent sur l’à-pic suivent longuement des yeux sa perte Icarion disparaît soudain minusculement étréci les vagues le reçoivent l’accueillent en leur sein mystérieux il a eu le temps le réflexe de donner une ultime pulsion des pieds pour se maintenir à bonne distance des rochers il est englouti dans la masse dure de l’eau peut-être va-t-il resurgir le voilà qui refait surface son cahier de mathématiques à la main il l’arbore fièrement tel un trophée ramené du fond des eaux cahier gondolé verdi visqueux spirales rouillées pages bleuies d’encres lavées par la mer la mer a tout effacé avalés chiffres équations larmes efforts calculs algébriques sueurs soirées laborieuses englouties dans les flots noirs formules cabalistiques dans les fonds abyssaux tous ils s’en vont rejoindre dans les failles insondables les trésors égarés portulans mappemondes lunettes et compas instruments de mesures règles de Troie que seul peut contempler d’un œil morne et absent le coelacanthe aveugle depuis la nuit des temps Angèle Paoli D.R. Texte angèlepaoli |
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