Ce matin, en consultant le site corse d’InterRomania, lié au Centre culturel de l’Université de Corte [Centru culturale Università di Corsica] (Scriviture intricciate, InterTestu, InterIsule : « Un viaghju in puesia da un’isula à l’altre », un voyage en poésie d’une île à l’autre), je me suis longuement attardée sur un poème de Flavia Carlotti. Un poème qui m’émeut, touche mes fibres profondes d’insulaire. Je donne ici le texte original en corse (et sa traduction) :
PAROLLE À PEZZI
Stu paese
In mare ùn finisce
Ne cunnoscu
Chì l’anu in corpu
Ferita ch’ùn si sarra
Frizzura accesa
Chì tuttu u sale di l’acqua
Ùn pò guarrisce.
Daretu à u vetru
U vetru di u distinu
Ci semu
Cù a nostra vita proibita
È fighjulemu
Ciò ch’è no’ puriamu esse
S’ellu si sciappava stu vetru
Da e nostre mane
À noi rese.
U to pane
Sè andatu à manghjallu in altrò
Pane sudatu
In lochi stragneri
Ma cumu hè ch’ella ùn s’hè spenta
A fame
A fame di u to locu
A fame d’esse tù.
BRIBES DE MOTS
Cette terre
Ne s'arrête pas à la mer
J'en connais
Qui l'ont en eux
Blessure non refermée
Brûlure ignée
Que toute l'eau salée
Ne peut apaiser
Derrière la vitre
La vitre du destin
Nous nous tenons
Avec notre vie empêchée
Et nous regardons
Ce que nous pourrions être
Si se brisait cette vitre
Sous nos mains
Enfin restituées
Ton pain
Tu as dû aller ailleurs
Le manger
Pain à la sueur
En des lieux étrangers
Mais comment se fait-il
Qu'elle ne soit rassasiée
Ta faim
Faim de ta terre
Faim d'être toi
Traduction de Hélène Bonerandi
Voir aussi : - le n° spécial (n° 17) de Transcript (revue européenne internet des livres et des lettres) consacré à la langue, la littérature et la poésie corses. |
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Ci-dessous :
le texte d’une chanson de Franco Battiato
Un cantautore sicilien
qui parle merveilleusement du manque de l’île aux insulaires ...
Je vous laisse le soin d’en donner une belle traduction aux lecteurs de Terres de femmes !
Pace e salute, cara isulana …
Guidu
____ Amata solitudine ___
A quel tempo tu stavi, sicura di te, della tua logica,
guidando e parlando ininterrottamente...
ed io, che già non ti ascoltavo più, (come ipnotizzato),
seguivo gli occhi che seguivano i colori,
i raggi elettrici della città.
Chissà cos'è quel moto che ci unisce e ci divide,
e quel parlare inutilmente delle nostre incomprensioni,
di certi passeggeri malumori.
Amata solitudine,
isola benedetta.
A quel tempo di te, amavo il tuo pensiero logico
e quella linea perfetta del baciare,
la simmetria delle tue carezze;
vivificato dal chiarore vibrante di sapore:
scintilla di una mente universale.
Ero in te come un argomento del tuo amore sillogistico,
conclusione di un ragionamento.
Ma mi piaceva essere così,
avviluppato dai tuoi sensi artificiali.
Ora sono come fluttuante...
Amata solitudine,
isola benedetta.
Così è finita, mi stacco da te, da solo continuo il viaggio.
Rivedo daccapo il cielo colorato di sole, di nuovo vivo.
_____ Franco Battiato ____
Rédigé par : Guidu Antonietti di Cinarca | 03 janvier 2005 à 23:11
Caru Guidu,
Voici la traduction demandée :
Solitude aimée
« En ce temps-là, tu étais sûre de toi, de ta logique,
conduisant et parlant sans interruption…
et moi, qui ne t’écoutais déjà plus (hypnotisé que j’étais),
je suivais le regard qui suivait les couleurs,
les rayons électriques de la ville.
Qui sait quel est ce mouvement qui nous unit et nous divise,
et cet inutile bavardage de nos incompréhensions,
de ces mauvaises humeurs passagères.
Solitude aimée,
île bénie.
À l’époque où tu étais là, j’aimais la logique de ta pensée,
et cette ligne parfaite du baiser,
la symétrie de tes caresses ;
vivifié par la vibrante clarté de saveur :
étincelle d’un esprit universel.
J’étais en toi comme un argument du syllogisme de ton amour
conclusion d’un raisonnement.
Mais j’aimais être ainsi,
enveloppé par tes sens artificiels.
À présent je me sens flottant…
Solitude aimée,
île bénie.
Ainsi c’est fini, je me détache de toi, je continue seul le voyage.
Je revois à nouveau le ciel coloré de soleil. À nouveau je vis. »
Franco Battiato
Rédigé par : Angèle Paoli | 04 janvier 2005 à 11:47