Ph.©Anna Toscano
ANNA TOSCANO OU DE L’ART DE LA FRAGMENTATION
Artiste au talent fulgurant, Anna Toscano, née à Trévise (Vénétie) le 12 octobre 1970, a choisi de vivre à Venise. Il y a presque vingt ans. Pour aiguiser tout à la fois son œil de photographe et son regard de poète. Deux modes d’expression complémentaires et indissociables pour cette jeune femme en quête de sens et de soi.
Armée de ses nombreux objectifs, Anna Toscano se plaît à parcourir venelles (calli) et campi de sa ville de prédilection. Et de bien d’autres villes encore. D'Europe ou d'ailleurs. Rome, Paris ou New York par exemple. À l’affût de la beauté cachée du monde, la belle promeneuse cueille et saisit ― au hasard de ses pérégrinations, promenades ou errances « rêvantes » ― les « instants d’objets » qui vont nourrir sa poésie. Instances d’un ailleurs ( altrove est l'intitulé d'une de ses expositions) qu’elle n’a de cesse de débusquer et de dépoussiérer derrière la grisaille monochrome du quotidien.
Fascinée par les entre-deux, les liminaires, les fragments et les détails insolites, fenêtres et bancs publics en particulier enrichissent des pans importants de sa réflexion et de son imaginaire. Mais la sensualité et l’acuité de son regard l'aimantent également vers les sculptures qu’elle croise sur son chemin. Son œil capte, cadre et recadre seins, bras, épaules ou baisers volés. Corps fragmentés et espaces parcellisés constituent autant d’instantanés immédiats ― et éphémères ― de l’œil et de la conscience.
De ces voyages sur le fil, Anna Toscano rapporte les téguments qui vont servir de trame à son travail. Jouant sans cesse du miroir des oppositions et des contrastes, l’artiste tisse d’innombrables réseaux où se croisent et s’entrecroisent d'infinis contraires. Son art est un art du reflet fugitif et du disparate, autour desquels se concentre et se densifie l’émotion. Ombre et lumière. Vide et plénitude. Hors-soi et en-soi. Altérité et atomisation de l’espace extérieur et intérieur. Car c’est du face-à-face et de la confrontation inattendue des contraires que naissent l’illumination et le sens.
C’est aussi sur la lisière et le seuil que son écriture trouve son mode idéal d’expression et d'équilibre. Une écriture condensée et dépouillée, mais dense d’émotion intacte que celle qui compose les poèmes de son recueil poétique, Controsole. Un recueil hors temps, à contre-jour et à contre-temps. Une écriture neuve tout à la fois menue, intimiste et évanescente, mais aussi aux aguets, dans laquelle chaque vers, chaque notation, chaque bribe est « une figure de l’âme ». Et chaque poème « un paysage choisi ».
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
Ph.©Anna Toscano |
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Buongiorno Angelepaoli,
Je vous remercie de me faire découvrir cette artiste au talent si manifeste. L'influence de l'immense Canova est évidente mais il y a dessous la grâce un tourment qui bossue le marbre à quoi je suis sensible. Il y a aussi du Michel-Ange. Je la suivrai désormais avec intérêt en espérant qu'elle expose un jour à Paris.
Dondiego
PS : Félicitations pour votre blog, riche, savant, original.
Rédigé par : Dondiego | 28 janvier 2005 à 07:38
Précision au commentaire précédent. Loin de moi l'idée de réduire Anna Toscano aux deux grands artistes cités précédemment (vieux défaut des critiques : réduire le nouveau à l'ancien). Elle a à l'évidence à mes yeux un talent, une originalité qui n'appartiennent qu'à elle.
Rédigé par : Dondiego | 28 janvier 2005 à 07:49
Bonjour Angèle Paoli,
La galerie des portraits féminins que vous m'avez aimablement indiquée n'offre pas la possibilité de proposer des commentaires ; je le fais donc ici.
Bravo, j'apprécie ce travail en duo, il est original. S'il me fallait choisir un portrait, ma foi, ce serait celui d'Anaïs Nin… bien que pour des raisons assez étrangères au thème de la mostra… Au plan littéraire, je n'ai pas lu tous ces auteurs mais de ceux que j'ai lus, ma préférence va sans conteste pour la si charmante, la si moderne, la si… belle cordière.
Rédigé par : Dondiego | 29 janvier 2005 à 10:52