Ph., G.AdC
TICCHETTIO
II
Pianura, pianezza di dolceoro, che va,
émpito secco di minimi ardimenti
estate estate estate che non sa più, che va, smemorato coro,
smemorata in finissime perspicuità
Quale sovrasenso, gentilezza e caparbietà
arsa di nuove ruggini e polveri, larga di obliquità,
stai tu introducendo oltre ogni equinozio, ogni
pomerio, ogni struttura o ruina ―
tu tranquillissima trasognatissima noncuranza
perché sei così sicura della tua dismisura senza
alcun ruvido di dismisura,
da qual mai-prima-stato rinvieni e divieni?
E tu intimidisti le sorelline, le acquigere tracce
cancellasti ― e non importa ― linguine zittisti,
ma innocente mistericamente
non meno che quegli intricatamente nuovi silenzi,
debordasti ad altre affinità
sopra ogni variante acquea, ogni desio d’altri colori,
troppi istinti ha ogni tua singola friabilità
troppo destino è in ogni tuo ticchio di acquisizioni
e raggiri dei tempi lineari, agogni a ciò che senza esserlo
è pur primo-fra-tutto e frange e riaccende
in altri oriruggine similori e ori; e nulla
ti distingue dall’in-sé della luce che per
quanto s’irradii, proceda, pur sempre riposa riposa.
10000 sono le gratitudini che
ti si dedicano
da ogni ovunque, e che ti aspetti,
è bene non saziarsi di questo non-bere infinito
oh quali e quante in te
millipartite iperboli, inflorazione e
deflorazione d’ogni [ ] entità di stagione,
si fanno, puntate a rialzi sobbalzi
Ogni più pulviscolare pensiero sa che tu sai
anche se maligni raggi forse ti attizzarono
e tuoi ticchettii, grilli inaudibili, si fanno agguato
o sospetto, ma pur sempre nel più sottil bilico
atto sei tu di [ ] maxievidente,
estate a sé postrema, oro post-mente
Andrea Zanzotto, Meteo, Donzelli, Roma, 1996, in Andrea Zanzotto, Tutte le poesie, Oscar Mondadori, Collezione Oscar poesia del Novecento, 2011, p. 807. *
Note d’AP : cet ouvrage est disponible en librairie (en Italie) depuis le 10 octobre 2011.
TIC-TAC
II
Plaine, planitude de doux-or, qui va,
fougue sèche de minuscules hardiesses
été, été, été qui ne sais [sic] plus, qui chœur oublieux, va,
oublieux, en très fines clartés
Quel sursens, gentillesse et opiniâtreté
brûlée de nouvelles rouilles et poussières, large d’obliquités,
es-tu en train d’introduire au-delà de tout équinoxe, de tout
poemerium, toute structure ou ruine ―
toi, nonchalance des plus tranquilles, des plus égarées dans tes rêves
parce que tu es si sûre de ta démesure, sans
aucune rugosité de démesure,
depuis quel jamais-avant-été reviens-tu, deviens-tu ?
Et toi tu intimidas les sœurettes, effaças les traces aquifères
― et qu’importe ―, de petites langues tu fis taire,
mais innocent, mystériquement
mais non moins que ces nouveaux silences enchevêtrés,
tu débordas vers d’autres affinités
sur tout autre variante aqueuse, tout désir d’autres couleurs,
ta singulière fiabilité a trop d’instincts,
trop de destin est en chacune de tes fantaisies d’acquisitions
et manigances des temps linéaires, tu convoites ce qui sans l’être
est néanmoins premier-entre-tout et brise et rallume
en d’autres or-rouilles, ors et simili-ors et ors ; et rien
ne te distingue de l’en-soi de la lumière qui pour
autant qu’elle s’irradie, avance, repose, repose néanmoins toujours,
10000 sont les gratitudes qu’on
te dédie
de tout partout, auxquelles tu t’attends,
il est bon de ne pas se rassasier de ce non-boire infini
oh en toi que de
milliparties hyperboles, infloration et
défloration de toute [ ] entité de saison,
épisodes à la hausse, en sursauts se font
Toute pensée plus pulvérulente sait que tu sais
même si de malins rayons t’attisèrent peut-être
et, inaudibles grillons, tes tic-tac se font guet-apens
ou soupçon, mais néanmoins toujours dans le plus subtil instable équilibre,
tu es un acte de [ ] maxi-évident,
été pour lui-même ultime, or post-mental
Andrea Zanzotto, Météo (édition bilingue), Maurice Nadeau, 2002, pages 48-50. Traduction de Philippe Di Meo.
COMMENTAIRE
« La constellation sémantique à laquelle le titre renvoie nous reporte au grec tà metéora : les choses qui se trouvent en haut lieu. De ces « choses célestes » font aujourd’hui partie les satellites artificiels destinés à l’exploration du cosmos, quelques-uns sont peut-être égarés dans un « Limbe » très actuel de l’univers technologique. »
Stefano Dal Bianco, Postface de l’ouvrage Météo.
Comme le souligne le traducteur Bernard Simeone, Zanzotto n’est pas seulement « le poète de la déconstruction et de l'expérimentation linguistique tous azimuts, ayant lu Lacan autant que Pétrarque et surtout Hölderlin », mais aussi « un poète profond dont la douceur subvertit le langage de façon bien plus radicale que les mots d'ordre avant-gardistes. »
Comme le disait aussi Eugenio Montale, dans la Préface du recueil La Beltà, « c’est une poésie très cultivée que la sienne, un véritable plongeon dans cette pré-expression qui précède le mot articulé et qui se contente ensuite de synonymes en kyrielle, de mots se regroupant uniquement par affinités phoniques, de balbutiements, interjections et surtout itérations. Il s’agit d’un poète percussif mais non bruyant : son métronome est peut-être le battement de cœur. »
Pasolini, un de ses amis les plus proches, soulignait également qu’avec Zanzotto, chaque lecteur « est mis dans un état "d’estrangement" sans précédent de ses habitudes. »
Bonjour Angela,
merci pour ces textes de Zanzotto et ces précieuses traductions.
Puis-je simplement vous dire que l'été ne "saiT" pas, ne "sait" plus (v.3). Zanzotto aurait pu effectivement tutoyer l'été (comme l'eût fait Ungaretti..., mais tous deux sont bien différents à bien des égards ).
Merci, encore, pour ce partage et - je vous l'ai déjà dit - ce si beau blog riche pour ses lectures, ses traductions. Son sens.
Rédigé par : Fabrice Farre | 22 janvier 2012 à 05:18
Grand merci, Fabrice, pour votre remarque sur la traduction. Oui, je comprends bien votre étonnement à propos de ce "sais" (il avait été le mien) qui laisse entendre que le poète apostrophe l'été, mais je ne peux me permettre de corriger, dans la mesure où je cite très précisément ma source et que je suis tenue de ce fait de respecter à la lettre la traduction d'origine, celle de Philippe Di Meo, par ailleurs considéré en France comme le plus grand spécialiste de Zanzotto. Je me permets toutefois de rajouter un [sic] après sais et transmettrai votre remarque à Philippe Di Meo.
A nouveau merci et très cordialement,
Anghjula
Rédigé par : Angèle Paoli | 22 janvier 2012 à 11:12