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14 décembre 2004

Fabio Pusterla/Une vieille

Poésie d'un jour


Una vecchia


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Ph, G.AdC



« Parlare fino ad uscire dalle parole,
un ampio intreccio di sospiri
e di vicoli. Le lunghe glosse
di ogni più minuta fatica, i resoconti
degli anni e dei secoli dei morti.
Miracoli e naufragi. Calendari.
Silenzio, dopo.
Dalle finestre. Ti avvolge. »


Une vieille


« Parler jusqu’à sortir des paroles,
un entrelacs sans fin de soupirs
et de ruelles. Les longues gloses
sur la moindre peine, le compte rendu
des années, des siècles, des morts.
Calendriers, miracles, naufrages.
Puis, le silence.
Qui vient des fenêtres. T’enveloppe. »


Fabio Pusterla, Deux rives, Cheyne éditeur, Collection D’une voix l’autre, Le Chambon-sur-Lignon, 2002, page 47. Traduit de l’italien par Béatrice de Jurquet et Philippe Jaccottet.


BIO-BIBLIOGRAPHIE DE FABIO PUSTERLA


« Né dans un pays d’alpes, de grèves et d’eau, tout près de la frontière suisse », Fabio Pusterla est un poète des liminaires et des confins, des frêles frontières où s’estompent les lignes entre deux « rives imaginaires, hors de vue », des lisérés de lumière en forme de fentes grises échappées dans les brumes de l’aube. Les mots affleurent, comme esquissés, indéfinissables et incertains. Ainsi que le souligne Philippe Jaccottet, tout, à travers la « voix ferme, sobre admirablement maîtrisée » de Fabio Pusterla est « toujours à la fois quotidien, proche, vrai et vaste, réel et néanmoins mystérieux ».


Né à Mendrisio (Suisse italienne ; canton du Tessin) en 1957, Fabio Pusterla vit entre Lugano et Albogasio et enseigne la langue et la littérature italiennes au lycée cantonal de Bellinzona. Poète et essayiste, il est aussi le traducteur de Philippe Jaccottet, dont il a traduit quatre recueils en italien. Il est notamment l’auteur des recueils poétiques suivants : Concessione all’inverno (1985 ; rééd. 2001), Bocksten (1989), Le cose senza storia (1994), Isla Perla (1998), Laghi e oltre (1999), Pietra sangue (1999) et Folla Sommersa (2004).


• Ouvrages également disponibles en français :
- Fabio Pusterla, Me voici là dans le noir, Lausanne, Editions Empreintes, 2001. Traduction de Mathilde Vischer.
- Fabio Pusterla, Une Voix pour le noir. Poésies 1985-1999, Editeur d'En bas, 2001. Préface de Philippe Jaccottet. Traduction de Mathilde Vischer (édition bilingue).
- Fabio Pusterla, Les Choses sans histoire, Lausanne, Editions Empreintes, 2003. Traduction de Mathilde Vischer.





Voir aussi :
- l’article du
Matricule des anges sur l’ouvrage Deux rives de Fabio Pusterla ;
- (sur letemps.ch) une interview de Fabio Pusterla: « 
Pusterla donne la parole aux choses et aux êtres sans nom » ;
- (sur le site de culturactif.ch) une
bio-bibliographie très complète de Fabio Pusterla ;
- (sur Terres de femmes) Fabio Pusterla/
Due rive ;
- (sur Terres de femmes) Fabio Pusterla/
Entre-deux
- (sur Terres de femmes) Fabio Pusterla/
La fugitive.



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Commentaires

A la vieillesse aimée

"S'il m'était possible
à moi de dire : "Oui, que je me souvienne !"
au lieu de ce cruel : "Foin de souvenirs"

Si ce passé mien
était pareil
à cette allée matinale,
plaisant, transparent, attirant l'or
bleu du matin
à l'orient !"

"Si pudiera decir
yo "¡Que sí recuerde!"
en vez de este cruel "¡Que no recuerde!"

¡Si su pasado mío
fuese como es esta alameda matinal,
gustoso, trasparente, atraedor al oro
azul de la mañana
por oriente !"

Juan Ramon Jiménez, Beauté, José Corti, pp. 41-43.

Fuggiasca

« Cerca quelle che resta
dopo la sguardo,
dopo la marea e il ritiro delle acque,
dopo ogni giorno e prima di ogni giorno.
La sua è una luce incerta
o fuori spettro :
credi di intuirla, ti volti e non c’è.
Prende quelle che resta
e lo rimette in gioco : aghi di pino
sparsi, forellini,
ombre di gatto già saltato via,
gli arabeschi dei gabbiani sulla sabbia.
Raccoglie le cortecce, gratta i muri.

Dici che lungo il cammino
bruciavano le foreste dietro di noi.
Che non si sapeva perché,
ma qualcuno diceva : ecco,
è questo il motivo del viaggio,
per questo siamo qui. »

La fugitive

« Elle cherche ce qui demeure
au-delà du regard,
après la marée et le retrait des eaux,
après chaque jour, avant chaque jour.
Incertaine est sa lumière,
ou hors spectre : on croit la deviner, on se retourne et plus rien.
Elle prend ce qui reste
et le remet au monde : aiguilles de pin
éparpillées, petits trous,
ombres d’un chat qui a déjà sauté loin,
les arabesques des mouettes sur le sable.
Elle ramasse les écorces, gratte les murs.

Tu dis que le long du chemin
derrière nous brûlaient les forêts.
Qu’on ne savait pas pourquoi,
mais quelqu’un disait : voilà,
la raison du voyage c’est ça,
c’est pour ça que nous sommes ici.»

Fabio Pusterla, Deux rives, Cheyne éditeur, pp. 42-43. Poème issu de l’ouvrage original Le Cose senza storia, Marcos y Marcos, Milano, 1994.

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