Topique : Les cailloux
Une définition de l’image : « La saisie instantanée d’un complexe intellectuel et émotionnel ». Ezra Pound.
Marine de Giottani, le 24-xx-2004

Ph.©angelepaoli
Une coccinelle vagabonde sur ma serviette de plage. Elle est dodue et file à vive allure. Pour aller où ? Elle doit bien le savoir, elle ! Pas moyen de la courser ! Elle déploie ses ailes noires lorsqu’elle sent que je l’approche d’un peu trop près et veux me saisir d’elle. J’admire sa carapace rouge agrémentée de boutons de culottes noirs. Par moments, elle disparaît sous un caillou et resurgit beaucoup plus loin sur un galet rond. Comment fait-elle pour se diriger ainsi dans cette vastitude de rondeurs inégales ? Elle est seule. Nulle autre pareille à elle ne se montre alentour.
Giottani, la plage gloutonne. Soleil printanier. Les vagues sont fortes et les cailloux lavés par les embruns. Aujourd’hui, c’est le jour des rouges et des verts. Je cherche autour de moi les plus beaux, les plus lisses. Ceux dont les couleurs détonnent et étonnent. Je fais des petits tas que je range sur ma serviette. Ils vont alourdir mon sac à dos. Mais tant pis. Je ne résiste pas à l’envie de les emporter avec moi. Je sais pourtant bien qu’une fois sortis de leur contexte, ils ne seront plus aussi éclatants. Quelque chose aura changé, que je ne parviens pas à m’expliquer.
Nous avons pris le sentier à partir du hameau de Cunchigliu (qui porte bien son nom de conque). Un sentier paisible et sacré. Bordé de tombeaux. Je prends des photos de fleurs du maquis, de rocailles, de marches usées par le temps et incrustées de mousses diverses. Il y a des crocus, des cyclamens sauvages, des nombrils de Vénus, des orchidées et mille plantes dont j’ignore encore les noms. Je musarde comme ma coccinelle que je cajole du regard.
La dernière fois que j’ai emprunté ce sentier, c’était l’été d’avant, en septembre avec M-P et Renato. M-P se souvient de tous les noms de plantes que je lui ai montrées.
Je rêve d’une maison à Cunchigliu. C’est un lieu magique et enchanté, qui abrite depuis peu un « théâtre de verdure ».
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
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