éd. Fata Morgana, 2003.
Qui, mieux que Claude Louis-Combet, a cette audace… et ce talent, parmi les écrivains contemporains, de célébrer aussi divinement les blasons du corps féminin ? Qui, mieux que lui, sait décrire tout le subtil du sexe de la femme, avec pareille perfection du détail, pareille profusion formelle, pareille délicatesse de l’évocation ? Claude Louis-Combet sait ce que « co-naître » la femme veut dire. Naître avec elle ! De l’intérieur. A chaque célébration. Re-naître !
C’est aimer la femme avec la ferveur d’un officiant que de l’honorer, comme il le fait, avec cette écriture inimitable et absolue. Comme dans un rituel liturgique dont il est le seul à détenir le sens caché. L’essence ! Rituel des mots et de la langue. Chaque fois identique. Que chaque récit renouvelle. Ainsi Terpsichore, écho de la jeune fille Oô. La jeune fille Oô, elle-même écho de Léda. La Léda du Miroir de Léda. Celle du récit final qui compose le recueil écrit en 1971. Par quels mystérieux enlacements, tressages, maillages de textes et de récits, par quel miracle cet homme aux yeux mi-clos, à mi-chemin de son enclos intérieur et des femmes mythiques qui l’habitent, et de celles, vivantes, qui l’entourent, parvient-il à fouiller et ciseler la dentelle et les circonvolutions grenues des cavités étranges de ces pythonisses, de leurs méandres et de leurs secrets enfiévrés, à en exprimer aussi les sécrétions vitales ? À en exsuder la florale beauté. Avec une solennité toute de finesse dans le doigté, toute de talent sensoriel, Claude Louis-Combet conduit inlassablement, depuis ses origines, une lecture initiatique des profondeurs. Dans les replis et les béances de la chair féminine. Jusques au cœur des forces à l’œuvre dans le plaisir charnel, dans leur montée tellurique. Tout comme dans les premières saccades de l’enfantement, annonciatrices de douleurs plus fulgurantes. Ainsi se renouvelle sans cesse, savamment et patiemment, en vagues successives d’une inépuisable beauté, l’offrande que consacre l’officiant à Oô et à Léda. À « Terpsichore aux doigts de rose » et à « Flora la belle Romaine ». Pour l’auteur de Terpsichore et autres riveraines, grecque ou romaine, grecque ou languedocienne, chacune de ces belles est l’archétype de la femme. Mais le grand prêtre de cette écriture foisonnante de sève et de vie n’oublie jamais longtemps qu’il existe aussi quelque part, masquée par la cohorte de ces troublantes beautés, une maléfique « accoucheuse », une Mala Lucina qui préside au « Sacrement de Folie ».
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CLAUDE LOUIS-COMBET © José Corti ■ Claude Louis-Combet sur Terres de femmes ▼ → Bethsabée à jamais → Celle par qui la ténèbre arrive (note de lecture d’AP) → Depuis le temps que la chair s’épure → Hiérophanie du sexe de la femme → [Il y avait la main] (extrait de Dichotomies) → Isula, insula → « J’écris du désir comme du désert » → Noyau Central → Le Nu au transept (note de lecture d’AP) → Radeau de la première femme, III (extrait de Dérives) → Résurgences → Suzanne et les Croûtons (note de lecture d’AP) |
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Qui est cette Oô ? Est-ce une invention ou une divinité grecque ?
merci
(joliment présenté ton blog)
Rédigé par : jp | 14 décembre 2004 à 01:14
Oô
Oô est d’abord un lac qui se situe dans les hauteurs centrales des Pyrénées (Haute-Garonne). C’est là qu’a été mis au jour un bas-relief en pierre très primitif sur lequel figure une jeune fille en position debout, un serpent accroché à son sein et enfoncé dans son sexe. Ce bas-relief est actuellement conservé au musée des Augustins de Toulouse sous le nom de « La femme au serpent ». À cette jeune fille est aussi souvent donné le nom d’Oô, d’après le toponyme du lac où elle a été exhumée.
Cette jeune fille Oô a inspiré à l’écrivain Claude Louis-Combet le récit Oô, qu’il a publié en mai 2002 aux éditions Shushumna de Bordeaux. Cet ouvrage, qui se présente sous la forme d’un mini-livret de 48 pages, est actuellement distribué par la librairie José Corti à Paris. En mars 2004, Claude Louis-Combet en personne a lu à haute voix ce récit à la maison de Franche-Comté à Paris. Le 28 octobre dernier, ce récit a également été lu à haute voix à Amiens par Marianne Cantacuzène dans le cadre de sa lecture itinérante en Picardie « Les marcheurs d'histoires...ou la bibliothèque qui se livre à pied ».
Rédigé par : Angèle Paoli | 14 décembre 2004 à 02:44
Souvenir d'une belle lecture du livre Oô à la maison de Franche-Comté, par son auteur même, en mars 2004. Mot rédigé par Angèle Paoli, la créatrice de Terres de femmes. Je vous le redonne tel qu'elle me l'a envoyé à l'époque :
«Importance du grain de la voix. Du texte lu par son auteur. Elle ne se souvient plus de sa voix. Elle n’en a que pour ce visage. Ces cheveux blancs et cette barbe de prophète. Ses yeux aussi, minuscules, cernés de sang, presque clos. On pourrait croire qu’il est aveugle.
Il parle de lui. De ses années Corti. Ronald Klapka est là qui le présente. Ils parlent de son travail d’écrivain : lui se tient d’emblée à l’écart de la scène littéraire. Il affirme son désir d’écrire sans souci des résonances socio-culturelles. Se tenir à l’écart de la reconnaissance médiatique. Il a fait le choix de la liberté. Il travaille avec régularité. C’est un écrivain polygraphe qui affirme ses particularités en relation étroite avec l’universalité de sa création.
Il présente Oô. Personnage mythique, d’origine languedocienne. À la frontière de l’Espagne, la statue de cette déesse tient son nom du lac auprès duquel elle a été trouvée, en Haute-Garonne. Elle se trouve actuellement au musée des Augustins, à Toulouse. C’est une déesse des origines. Qui associe en elle les trois dimensions essentielles de la vierge/de la femme/de la mère. De son sexe sort un serpent. Symbole de luxure et d’immortalité. La figure même de l’Ouroboros.
Le petit livre Oô est édité à Bordeaux aux Editions Shushumna et distribué par José Corti.
La seconde partie de la conférence est tenue par Bassara Nicolescu, chercheur au CNRS ; il est roumain et auteur d’un Improbable voyage. Il évoque sa rencontre avec Louis-Combet, décisive ; il évoque la beauté virginale du mot « mathématiques ». Le Bœuf Nabu, texte de C. Louis-Combet.
Écrire c’est entrer en religion, se relier. La foi entraîne une forme de désertification. La voix entendue permet d’opérer un retour à la source. Les mots sont des quanta. Le vide quantique est plein de potentialités. Les mots naissent du vide et retournent au vide. Les mots sont liés les uns aux autres par la salive : statut particulier que leur donne la chair. En même temps que surgit l’épiphanie de l’écriture.»
Rédigé par : Florence Trocmé | 14 décembre 2004 à 12:21
Avez-vous lu le script de l'entretien de Claude Louis-Combet avec Ronald Klapka (le 19 mars 2004 précisément, jour d'inauguration du Salon du Livre 2004) auquel vous avez assisté toutes deux (Angèle Paoli et Florence Trocmé) à la Maison de Franche-Comté ?
Rédigé par : YvesT | 13 mars 2005 à 21:33