Ph., G.AdC LE TOUCHER Les arbres ont gardé du soleil dans leurs branches. Voilé comme une femme, évoquant l’Autrefois, Le crépuscule passe en pleurant… Et mes doigts Suivent en frémissant la ligne de tes hanches. Mes doigts laborieux s’attardent aux frissons De ta chair sous la robe aux douceurs de pétale… L’art du toucher, complexe et curieux, égale Les rêves des parfums, le miracle des sons. Je suis avec lenteur le contour de tes hanches, Tes épaules, ton col, tes seins inapaisés. Mon désir délicat se refuse aux baisers ; Il effleure et se pâme en des voluptés blanches. Renée Vivien, Evocations, Alphonse Lemerre éd., 1903, page 11. _________________________________________ NOTE d'AP : pour le vers 5, j’ai maintenu le texte de l’édition originale de 1903 à laquelle je me suis référée (« doigts laborieux »), le site Renée Vivien de Cristie Cyane ayant opté pour la variante « doigts ingénieux », telle qu'elle existe dans la version remaniée et définitive du poème (conformément à la volonté de Renée Vivien et à la correction transmise par la poète à l'éditeur, au lendemain de la première publication). |
RENÉE VIVIEN ■ Renée Vivien sur Terres de femmes ▼ → 11 juin 1877 | Naissance de Renée Vivien → 3 mars 1903 | Publication des poèmes de Sappho dans une traduction de Renée Vivien → La Dame à la louve (note de lecture d'AP) → Atthis → Nocturne ■ Voir aussi ▼ → le blog de Cristie Cyane sur Renée Vivien → une page Renée Vivien sur le site Remy de Gourmont → Nicole G. Albert, Saphisme et décadence dans Paris fin-de-siècle, éditions de La Martinière, avril 2005, 340 pages. ISBN 2846751641. Compte-rendu de lecture dans fabula.org |
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"Je suis l'être qu'hier ton sein nu vint charmer,
Qui ne sut point assez te haïr ni t'aimer,
Que tu mangeas, ainsi que mange ton escorte,
Les crabes dont la faim se repaît de chair morte,
Tu l'enserras, avec de visqueuses douceurs,
Du même enlacement que les pieuvres, tes soeurs...
Viens, je t'accorderai le remords qui m'accable,
Sous la paix du pardon profonde et délectable."
Renée Vivien, La Rançon in Evocations, même source, page 19.
Rédigé par : Critias | 11 décembre 2004 à 12:20
Le dialogue de la chair
et du temps
s'éprend de tes émois
historiques
il faut trouver des mots
il faut traquer des âges
non totalement
chronologiques
L'éloignement peureux
implorant fort
la concordance
Tes regards appuyés
sur la vie pulsionnelle
la tendresse et le cri
empruntant les venelles
prospectives
Tes paroles inédites
ont un goût virginal
hautement
échaudé.
Marie.Pool
Pour vous deux : Critias&AngèlePaoli
12/11/04 - 11h07
J’ajoute un poème de Paul VALERY dans CHARMES
SYLPHE
"Ni vu ni connu
Je suis le parfum
Vivant et défunt
Dans le vent venu !
Ni vu ni connu
Hasard ou génie ?
A peine venu
La tâche est finie !
Ni lu ni compris ?
Aux meilleurs esprits
Que d’erreurs promises !
Ni vu ni connu
Le temps d’un sein nu
Entre deux chemises !"
Anthologie de la poésie française établie par Georges Pompidou ,
Collection classique ,Le livre de poche,
Nouvelle édition-Hachette 1961,page 449.
Rédigé par : M.P. | 12 décembre 2004 à 11:09