D.R. Ph. angèlepaoli L’OLIU D’ALIVA IN FESTA È « À L’ANTICA » Tout récemment, une amie m’a proposé un jeu. Plus qu’un jeu, un travail sur les mots ! À la manière de Francis Ponge ! Mais n’est pas Ponge qui veut. Tant pis, cela ne coûte rien de s’y frotter… même si ça pique un peu ! Soit le mot « huile », puisque c’est le mot qu’elle a choisi : en italien « huile » se dit « olio », en corse « oliu », en anglais « oil » . Et après, mystère ! Comment dit-on « huile » en chinois, en hindi, en ougaritique ou… en araméen ? Comment aller à l'universel ? Soyons modeste et contentons-nous d’aller voir du côté des racines latines. Tous les mots ont des racines, enfin, je crois ! C’est d’ailleurs une des choses les plus mystérieuses qui soit, à mon sens ! « Huile » vient du latin « oleum » que l’on retrouve dans « oléagineux » ou « oléoduc ». Par exemple. Mais en quoi cela peut-il nous aider ? Je crains fort que, pour le jeu qui nous occupe, les racines latines ne nous soient pas d'une grande utilité. Comment procéder ? Comment faire le tour de l’huile ? Ces huiles sont si nombreuses, presque aussi nombreuses que les fruits dont elles sont extraites. Huile de noix, huile de soja, huile de tournesol, de pépin de raisin. Huile d'arganier ! Excellente pour la peau ! Huile d’amande douce. Chacune a son odeur. Plus fade, plus âpre, plus nacrée, plus amère ; plus entêtante, plus obstinée ! Chacune a sa teneur particulière. Plus grasse, plus légère, plus fruitée ! Plus translucide ou plus épaisse, plus lourde. Dans les pays froids, les huiles proviennent d’animaux. Huile de foie de morue, huile de phoques, huiles de baleines. Ce sont des graisses fortes, plus fortes que les huiles végétales ; mais quelle que soit leur provenance, les huiles réchauffent le corps et irriguent la peau, la protègent. Rien n’est plus apaisant pour le corps et pour l’âme qu’un massage aux huiles essentielles. Comment faire le tour de l’huile ? Aller là où nous porte notre préférence. Pour moi, l’huile, la vraie, l’unique, celle qui est vraiment huileuse, comme la mer étale, sans ride aucune, celle qui est vraiment fruitée, c'est l'huile d’olive. Chacune de ces huiles provient d’une graine et d’un fruit différent (en Corse, variétés Germaine, dont la Germaine d'Alta Rocca, et Sabine). Fruits du soleil pour la plupart. Qui dit huile, dit donc pour moi olive ! Mais l’olive est modeste et timide. Drupe minuscule, légèrement oblongue, ovoïde, le fruit vert pâle se cache sous les feuilles délicatement argentées de l’olivier. « A cugliera », l'olivaison, se fait à maturité, de décembre à mai, pour le procédé d'élaboration traditionnel : la pulpe est alors légérement colorée. En tendant des filets sous les arbres. En Corse, il était rare que les cugliatori (des femmes pour la plupart d'entre eux) gaulent ou "peignent" les frondaisons, même si les olives déjà tombées à terre donnaient une huile au goût âcre.
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Le plus étonnant quand on aime les mots et le langage et qu'on se met à plonger dans la linguistique et la sémiotique, en amateur comme je l'ai fait, c'est de découvrir qu'il n'y a aucun rapport entre le mot et la chose et que le langage est d'abord affaires de signes. Il est probable que le coq corse, quand il chante, émette le même bruit que le coq anglais ou espagnol. Et pourtant, on dit "cocorico" en français, "quiquiriqui" en espagnol et en allemand (c'est le cri de bête poussé sur scène par le malheureux professeur de l'Ange Bleu) et "cok-adoodle-doo" en anglais: et en corse, on dit quoi?
Bonnes fêtes à tous les poètes et poètesses!
Rédigé par : Luc Fayard | 27 décembre 2004 à 12:34
Bon di,
En corse, cocorico se dit soit, à l'italienne, chicchirichì, soit (plus linguistiquement corse) cuccuricù. Le chant du coq étant le cuchjacù.
Pace è salute (c’est la manière corse de se saluer au moment du Nouvel An) è bon Capudannu a tutti.
Anghjula
Rédigé par : Angèle Paoli | 27 décembre 2004 à 14:49