(hommage à Hélène Cixous)
ÉLÉPHANT DE JUIN
La petite fille est là, au bord de la mer, avec son panier. Elle guette les poissons accessibles. Puis elle plonge, d’un coup de reins léger, dans l’eau transparente. D’énormes méduses roses, translucides, évanescentes, se meuvent en un ballet élégant au milieu des palmes de plongeurs, noires et échancrées, qu’elles effleurent de leurs filaments. En mer, à quelques encablures, un éléphant lance sa trompe. Ses grandes oreilles balaient l’espace, ciel et vagues confondus.
La petite fille refait surface, son panier rempli de friture. Son séjour au fond des eaux l’a grandie. Je reconnais dans son sourire et sa blondeur enjôleuse la fille de Brassaï. Sa mère, mon amie, rit à gorge déployée des bons mots qui circulent alentour. En sortant, je me suis penchée pour ramasser un bracelet qui gisait à terre. Il y avait aussi un méli-mélo de bagues et colliers très abîmés. Mais je n’ai pris que le bracelet. J’ai alors commencé une partie de pétanque avec mes clés. En faisant tourner ma main d'une certaine manière, les clés tombaient pile à l’intérieur d’une chaussure qui se trouvait à bonne distance. J’ai effectué plusieurs essais. Tous fructueux. Dont j’étais très fière. Nous avons repris la voiture. A la sortie du village, juste dans la descente, à la hauteur de la pompe à essence, je me suis engouffrée sans le vouloir dans un sac saran… qui me tenait prisonnière.
Plus tard j’ai repris ma route en direction de l’hôtel. Sur le lit était allongée une fillette, jambes écartées, largement ouvertes sur sa culotte. Je l’observais à travers une glissière. Je vis alors que c’était moi, à l’envers. Je me reconnus à la culotte bouchonnée sur la fente béante.
Angèle Paoli
D.R. Texte angelepaoli
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