L’été dernier, en musardant dans les hauteurs perdues de la maison, elle a retrouvé à côté de la machine à coudre « Singer » de sa grand-mère Jeanne, les carnets de son père, enfouis dans un carton abandonné aux chauves-souris du grenier. Elle en a sorti le premier classeur, qui rassemble des feuillets de toutes couleurs, datés de 1939 à 1957.
Quelque part, sur les feuilles vertes un peu passées, elle lit :
« Lundi 11 août 19… Angèle gazouille, rit aux éclats, passe sans transition du rire aux larmes, et après une courte pause, pour se reposer d’avoir pleuré, rit à nouveau. Elle s’amuse seule, dans son landau. Son regard court après des chimères invisibles aux yeux des grandes personnes. Toutes couvertes d’écailles… de rhinocéros. A quoi rêvent les petits enfants ? ».
Quelques années plus loin, elle retrouve ces mots d’enfant, que son père a pris soin de noter : « Si tu continues, j’appelle le vent sauvage et je lui dis de t’emporter ». C’était à Bastia, boulevard Graziani, à l'occasion d’une dispute avec son petit frère, de neuf mois son cadet.
Émotion de retrouver intacte cette écriture... toujours connue et tant aimée.
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
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