« Personne qui n'aille au renard ? » s'interrogea un jour F. dans un Forum. « Aller au renard », « renarder » ! Pour un peu, on imaginerait une kyrielle de ruses de Sioux, de tapinois dans les fourrés, pour débusquer messire Renard avant qu’il ne se joue de nous ! Eh bien, c’est prendre martre pour renard ! Jugez-en par vous-même !
Soit la phrase d’Aristide Bruant tirée des Bas-fonds de Paris : « Et la pocharde lança encore un renard de bonne taille, au milieu de l’honorable société ». Croyez-vous, lisant cela, qu’il s’agisse d’aller musarder dans les taillis ? Examinons encore, pour plus de précision, comment Pantagruel réprimandait l’écolier limousin récalcitrant, le saisissant à la gorge et le menaçant : « Tu écorches le latin ; par saint Jean, je te ferai écorcher le renard, car je t'écorcherai tout vif. » !!! Et, dans Gargantua, l’on peut lire : « Et tous ces bonnes gens rendoient leurs gorges devant tout le monde, comme s'ils eussent escorché le regnard». Vous l’aurez compris. « Écorcher le renard », « aller au renard », « piquer un renard », c’est « gerber », « dégobiller », « aller au refile », aller vomir après avoir ripaillé hors de mesure ou s’être fait serrer le gaviot ou le kiki.
Deux explications sont retenues à ce jour : la plus simple, celle du moins qui va de soi, nous est fournie par maître François. La puanteur du renard écorché est telle qu’elle fait vomir ceux qui s’approchent du goupil ! L’autre renvoie à une curieuse pratique médiévale de vilain: « On passait la queue du renard dans sa gueule après l’avoir écorché ». Rien, parait-il, n’est plus difficile que d’écorcher une queue !
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
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