Emmanuelle Thomas (soprano de l'ensemble vocal Kantika
et fille aînée d'Angèle Paoli)
Image, G.AdC
Cette messe des Quatre-Temps de l'Avent, où alternent tour à tour chants grégoriens et polyphonies de Saint-Martial de Limoges (XIe et XIIe siècles), est ici interprétée a cappella par l'ensemble vocal féminin Kantika, sous la direction de Kristin Hoefener.
L'équilibre très réussi entre l’homogénéité sonore de l'ensemble et l’expression très typée de chacune des voix contribue pour beaucoup au caractère à la fois recueilli et débordant d'émotion de cette interprétation. Véritablement « unique ». Pour s’en convaincre, il suffit d’entendre la manière parfaite avec laquelle les ornements des chants grégoriens s’intègrent dans chacune des phrases musicales. Sans jamais perdre leur naturel.
Il est possible d’entendre quelques extraits de ce disque admirable sur le tout nouveau site (en cours de création) de l'ensemble Kantika ou sur le site de la Fnac.
Ci-après un article de la revue Diapason sur le disque A summo celo de l'ensemble KANTIKA
Attention, expérience extrême. Les chantres féminins de Kantika proposent ce qui peut se faire de plus déroutant dans l'exploration actuelle du chant ecclésiastique du haut Moyen Age. Une fois annoncé un contexte rassurant car bien connu (le répertoire de Saint-Martial de Limoges), cette réalisation n'est que prise de risques assumée avec une maîtrise et une intelligence rarement en défaut.
Ensembles homogènes, interventions solistes très typés (jusqu'à donner l'impression de suivre individuellement chaque voix au fil de l'office), timbres naturels combinés aux plus fines sophistications (le dosage du vibrato ornemental est bluffant) : Kantika s'impose d'abord par la palette de ses possibilités. Au même niveau se situe l'aisance avec laquelle le groupe investit les techniques cantorales ancestrales. Leur déchant est aussi agile que leur ornementation est souple, alors que les "tempos" sont toujours distincts depuis les premières pièces de la messe – presque allantes – jusqu'au ton adopté pour le Sanctus, solennel portique d'entrée de la prière eucharistique.
L'écoute attentive du programme vire alors à l'inédit. Dans une acoustique et une prise de son favorisant de séduisantes résonances, il devient impossible de décrocher de ce kyrie dont les duplications tropées accusent la forme litanique, de cette interminable hymne dont les strophes forment autant de reflets particuliers d'une totalité unifiée. Ponctuellement, l'auditeur se sentira peut-être exclu d'une telle démarche : comme enivré de lui-même, le chant de Kantika n'évite pas le narcissisme hermétique. Et la multiplication des bourdons vocaux ou l'emploi de techniques propres aux vocalités de tradition orale peuvent dérouter longuement, tant les clichés moyenâgeux volent en éclat au contact de cette recréation. Certains choisiront de rester sur le bord de la route. D'autres suivront Kantika avec bonheur, sur un itinéraire aussi secouant qu'enthousiasmant.
Xavier BISARO
Retour au répertoire de décembre 2004
Je viens d'apprendre à l'instant que l'ensemble Kantika participera au prochain festival de Nuremberg (Concert d'ouverture du festival). Il entreprendra aussi à la fin de l'été une tournée musicale en Pologne. L'ensemble Kantika bénéficie actuellement du soutien de la Fondation France Telecom et enregistrera cette année deux nouveaux disques (dont une création de musique contemporaine).
Rédigé par : Yves | 19 février 2005 à 18:00