| 14. Samira Negrouche | 15. Ophélie Jaësan | 16. Myriam Montoya |
UNE BRANCHE DE BOIS VERT Une branche de bois vert, flexible, rebelle aux coups de martinet de la pluie, de la grêle, ploie sans rompre en rejetant sa propre sève : flux dispersé aux quatre vents. Un crachat d'étincelles, un feu d'artifices funèbre. Quand la branche ploie et rompt chute ma tête de plusieurs dizaines de mètres. À genoux, fouillant la terre de mes dix doigts, je tente de me remodeler un crâne, un visage – une touffe d'herbes brunes pour cheveux, des petits cailloux ronds et blancs à la place de mes dents (un espoir sans canines) et puisqu'il nous faut une langue pour parler - une langue. * Voit-on rouler ma tête de plus en plus vite sur l'asphalte brûlant, de plus en plus vite au milieu des hangars, dans la poussière, le sable, me voit-on courir après ma tête qui roule jusqu'au bord du précipice et m'y jeter comme une bête traquée, un enfant trop confiant ? Ophélie Jaësan Texte inédit pour Terres de femmes (D.R.) (extrait de l’ensemble inédit Là où l'infini trouve son lieu) NOTE d’AP : ce poème a été sélectionné pour l’anthologie pas d’ici, pas d’ailleurs (anthologie poétique francophone de voix féminines contemporaines) publiée par Voix d’encre en juillet 2012. ______ Ph., G.AdC |