lisser dans le sommeil et m’en échapper
pour demeurer là
dans la pure et entêtante présence d’un être
dont la voix murmurait : je suis là…
Scruter le souffle d’un sommeil
Dans la chambre de linge blanc
porte numérotée
nacelle chaude sur la nuit
Tandis que les yeux ouverts sur l’instant
qui se prolongeait
j’écoutais la ville
passage d’averse
vent sur la vitre
Une fontaine de douceur
luxe de pensées lentes en manège friable
une fontaine de douceur pour un inconnu
Si proche fleuve sombre aux veines de la pleine nuit
En contrebas des songes déjà
s’éveillaient les moteurs
et plus tard dans l’à peine montée du gris sous les rideaux noirs
tel un chant du coq à la vibration des fatigues
la lointaine scansion d’un marteau piqueur
des hommes en bleu de travail
dans le matin froid d’octobre question
Mais nous étions là
et tout était vaste
plus vaste qu’octobre
avec ses chandails
ses langes linceul
ses sanglots secrets
Plus vaste que nous
comme un fleuve en souffle
à scruter matin.