| 59. Sophie Loizeau | 60. Béatrice Brérot | 61. Claude Ber |
DE L’AUTRE CÔTÉ il n’y a pas d’accord entre le monde entrant et le monde sortant les trottoirs mouillés reflètent bien plus que la pluie ils donnent la mesure du jour celle de la nuit et le temps déborde toujours au-delà de minuit de l’autre côté il est midi la nuit est tellement douce peu de bruits la ville assoupie vous vous endormez je vous aime vous êtes si belle il n’y a pas d’accord entre les mots du dedans et les mots du dehors les fenêtres fermées offrent en plusieurs strates les traces visibles de l'impermanence du temps qui jaunit les dents les états se superposent et l’esprit vacille toujours au-delà de l’infini de l’autre côté c’est fini la nuit est tellement douce vous dormez respirez je sais que cet été est le dernier où je vous regarde vous respirer vous ne savez pas l’écart qu’il y a entre rester et partir tout est dans l’excès même la chatte quitte le rebord il n’y a pas d’accord il n’y a pas raccord mais l’amour est comme la lumière jamais vide jamais hors champ d’une bulle éclatée brille le pollen poudroie les baies de nos quartiers et parsème l’univers mon corps avec lui s’éparpille cristallise et chante aujourd’hui pour demain la geste des femmes Béatrice Brérot Texte inédit pour Terres de femmes (D.R.) Photos, G.AdC NOTE d’AP : ce poème a été sélectionné pour l’anthologie pas d’ici, pas d’ailleurs (anthologie poétique francophone de voix féminines contemporaines) publiée par Voix d’encre en juillet 2012. |