| 43. Antonella Anedda | 44. Vivian Lofiego | 45. Marie-Florence Ehret |
I LLEVABA UNA HERIDA EN LA FRENTE Llevaba una herida en la frente, alhaja que sobrevivió en la oscuridad del cielo austral, broche engarzado de estrellas, único resistente a la ira de las parcas Tiempo en cuenta regresiva, tiempo que no desemboca como si fuera el cause de un río detenido en su fuerza ella esperaba firme como un soldadito de plomo que la muerte viniera y la construcción que fue su memoria le fuera barrida de un soplo El mismo soplo que nos puso a todos lejanos de la tierra prístina Entonces una mano se estiró en el viento, la distancia del no abrazo cauchemard en la vigilia los rostros girando cual planetas en el centro un sol negro empujándolos a la deriva de sí mismos Caía un telón y como en Shakespeare lo trágico trasciende por causas ajenas a la razón, para Otelo un pañuelo para Hamlet un fantasma para Macbeth tres brujas para Prospero un Elfo He aquí el tejido del drama : ella debe dejar su casa por desalojo un ala negra se le dibujó en la que fue cama de los hijos se espantó sabiendo que no llegaría a otra orilla I ELLE PORTAIT UNE BLESSURE AU FRONT Elle portait une blessure au front, joyau qui avait survécu dans l’obscurité du ciel austral, broche sertie d’étoiles, seule à résister à la colère des Parques Compte à rebours d’un temps qui ne va nulle part où elle attendait la mort, ferme comme un petit soldat de plomb, et qu’ainsi le délicat édifice qu’avait été sa mémoire lui soit balayé par le souffle d’une haleine légère celle-là même qui nous a tous rejetés loin de la terre originelle Alors, une main s’avança au vent dans cette trop grande distance de la non-étreinte cauchemar de nuit blanche ces visages en orbite comme des planètes au centre un soleil noir les entraînant vers leur propre dérive Un rideau tombe et comme dans Shakespeare le drame s’amplifie pour des raisons qui échappent à la raison, un mouchoir pour Othello, un fantôme pour Hamlet trois sorcières pour Macbeth, un Elfe pour Prospero et le tissu du drame bifurque : le père redevient enfant et la fille tente de balayer l’aile noire restée dans le berceau II VIAJE SECRETO A LA CENIZA Viaje secreto a la ceniza, a la primitiva aurora, los sentidos encendidos al mínimo detalle, big bang, big crunch II VOYAGE SECRET VERS LA CENDRE Voyage secret vers la cendre, l’aurore primitive, les sens exacerbés, Par le moindre détail, big bang, big crunch III LAS DOS BISABUELAS Eva y María, las dos bisabuelas, raíces transplantadas a América del Sur puestas bajo un mismo sino Ambas desnudas de la lengua materna ese jardín secreto vuelto flor silvestre que forjó y forjó el lazo del afecto menguando en la tierra en un tejido de evocaciones Era el sur y era el norte, Capuletos, Montescos en la nueva tierra ramas de aquel àrbol tramando vida LLegó un día en que la hija de María – mi abuela – se pusiera guantes de seda, sombrero de ala ancha para asistir a la boda de la nieta de Eva – mi madre – oracular y vengadora augureó una ruptura en plena ceremonia bajo estas gracias comenzó la vida de casados de mis padres Expulsados del paraiso para siempre, para siempre conmigo a cuestas III LES DEUX BISAÏEULES Les deux bisaïeules, Eva et María, femmes universelles tronc de l’arbre racines transplantées consolidées sous un même destin Étrange vie, elles dépouillées de leur langue maternelle jardin secret fleur de désarroi qui avait forgé encore et toujours le lien de l’affection une racine qui avait ancré dans la terre et créé un perpétuel tissu de nostalgies C’était le Sud et c’était le Nord, Capulets et Montaigus, c’était la Pampa ouverte les branches de cet arbre qui se multipliait, l’aïeule veuve, mère du fiancé coiffé d’un chapeau à large bord et tout de satin vêtu, en gants de soie à la noce, Sibylle augura la rupture, Sous le sortilège commença la vie mariée de mes parents Vivian Lofiego D.R. Poèmes inédits (2010) de Vivian Lofiego pour Terres de femmes D.R. Traduction inédite de l'espagnol (Argentine) par Claude Bleton ________ Ph., G.AdC |