La paura ci rende più forti ?
Siamo mortali mortalmente spaventati
tremiamo come volpi e cani
diventando la muta di noi stessi
Basta un sogno sbagliato
e la luce rode dove non c'è riparo.
Sbandiamo tra gli oggetti sperando siano veri.
Stringiamo gli occhi provando a dormire in pieno giorno
dicendo: qui e pensando là
offrendo sacrifici mentre spostiamo mobili
e tronchiamo con le forbici i gerani.
La sera allunghiamo i tavoli per gli ospiti
e dal legno cominciamo ad appassire.
Posiamo con cura i tovaglioli e dal lino si sollevano demoni.
Voltando la testa qui, pensiamo: là
come succede davvero a ogni inseguito.
Spalanchiamo finestre con la scusa del fumo. Il vento sa d’immondizia
ma è una tregua. Lo stesso vento nella bellezza è una rovina.
La saggezza ci confonde come cera.
Stentiamo a respirare.
Restiamo immobili
il sangue scatta tra la nuca e la schiena
torniamo serpi
ci puliamo intrecciandoci.
La peur nous rend-elle plus forts ?
Nous sommes des mortels mortellement terrifiés
et tremblons comme chiens et renards
devenant à nous-mêmes notre propre meute.
Il suffit d’un rêve avorté
et la lumière érode là où il n’y a pas d’abri.
Nous divaguons entre les objets en espérant qu’ils soient vrais.
Nous fermons fort les yeux pour tenter de dormir en plein jour
disant : ici et pensant là
offrant des sacrifices tout en déplaçant des meubles
et en coupant les géraniums avec un sécateur.
Le soir nous rajoutons des rallonges pour les invités
et du bois naît notre flétrissure.
Nous posons avec soin les serviettes de table et du lin se lèvent les démons.
En tournant la tête ici, nous pensons : là
comme il advient pour tout ce que nous entreprenons.
Nous ouvrons grand les fenêtres sous prétexte de fumée. Le vent
s’y connaît pour ce qui est des immondices
mais c’est un répit. Dans la beauté le même vent est un désastre.
La sagesse nous confond comme cire.
Nous avons du mal à respirer.
Nous restons immobiles
le sang pulse entre la nuque et l’échine
nous redevenons serpents
nous nous faisons propres en nous contorsionnant.
Spazio della paura diurna
A distanza e indietro c'è il sanatorio dove viene ricoverata a vent’anni. Indossa sempre la stessa giacca di lana a quadri ruggine e nero. La neve sferza la sdraio dove resta tutta la mattina con una bottiglia di acqua calda tra le gambe. Ha paura. Di nascosto si cuoce un uovo in un tegame. Tra la porta e il vento il gas stringe il tuorlo in un fuoco azzurro-rame.
Lei dorme con un berretto di pelo e il petto chiuso mentre la strada scricchiola di gelo. La notte ha mille astucci. Uno per ogni fiala.
Guarisce. Nasciamo. Siamo piccoli.
Un giorno lei prende la rincorsa verso i muri.
Si ferisce. E' guarita ma è malata.
Ammaina le vele. Scuce l'orlo di tutte le tende di casa
le stacca dagli anelli.
Tutta la stanza tintinna.
Faccio le finestre nude, dice.
Apre i rubinetti.
Accatasta le acque come un Profeta.
E’ la Regina della Notte dalla lunga voce.
E’ Turandot e noi le costruiamo una Città Proibita rovesciando i tavoli e le sedie.
Si avvolge nelle stoffe, si sdraia sul pavimento. E' il Faraone che naviga sul Nilo.
Aspetta che sia tardi. E' tardi, bisbiglia.
(Lei è ― e non è ― mia madre)
Espace de la peur diurne
À distance et sur l'arrière il y a le sanatorium où elle a été hospitalisée à l’âge de vingt ans. Elle porte toujours la même veste de laine à carreaux rouille et noir. La neige cingle la chaise longue où elle passe la matinée une bouteille d’eau chaude entre les jambes. Elle a peur. En cachette elle fait cuire un œuf au plat. Entre la porte et le vent le gaz contracte le jaune d’œuf en une flamme bleu azur et cuivre. Elle dort une toque de fourrure sur la tête et la poitrine emmitouflée tandis que la route crisse de gel. La nuit elle a mille étuis. Un pour chaque fiole.
Elle guérit. Nous naissons. Nous sommes petits.
Un jour elle s’élance droit contre le mur.
Elle se blesse. Elle est guérie mais elle est malade.
Elle baisse pavillon. Elle découd l’ourlet de tous les rideaux de la maison, détache les anneaux.
La pièce entière tintinnabule.
Je dénude les fenêtres, dit-elle.
Elle ouvre les robinets.
Elle rassemble les eaux comme un Prophète.
Elle est la Reine de la Nuit à la longue voix.
Elle est Turandot et nous lui construisons une Ville Interdite tables et chaises renversées.
Elle s’enroule dans ses étoffes, s’allonge sur le parquet. Elle est Pharaon naviguant sur le Nil.
Elle attend qu’il soit tard. Il est tard, chuchote-t-elle.
(Elle est ― et elle n’est pas ― ma mère)
Vista da uno spettro
Se l'avesse vista
se avesse visto la sua forma mortale
spalancare stanotte il frigorifero
e quasi entrare con il corpo
in quella navata di chiarore,
muta bevendo latte
come le anime il sangue
spettrale soprattutto a se stessa
assetata di bianco, abbacinata
dall'acciaio e dal ferro
bruciandosi le dita con il ghiaccio
avrebbe detto non è lei. Non è
quella che morendo ho lasciato
perché mi continuasse.
Vue par un fantôme
S’il l’avait vue
s’il avait vu sa forme mortelle
ouvrir tout grand le frigidaire cette nuit
et presque entrer de tout son corps
dans cette nef de clarté,
silencieuse buvant du lait
comme les âmes le sang
spectrale surtout à elle-même
assoiffée de blanc, éblouie
par l’acier et le fer
se brûlant les doigts sur la glace
il aurait dit ce n’est pas elle. Ce n’est pas
celle qu’en mourant j’ai laissée
pour qu’elle me survive.
Questo è un modo per dimenticarsi
Stilare un elenco.
Rivolgersi alla montagna per esempio
Pregarla come i dannati nell’Apocalisse
Dire che il cielo è nero come un sacco di crine.
Ormai certi che l’anima è mortale
e il corpo solo astuto
e la coscienza un’invenzione
trasmigriamo con volumi di luce.
Seduti nel pomeriggio di ottobre
colpiti dal sole
irreali ma pieni di tepore.
Ceci est un moyen pour s’oublier
Dresser une liste
Se tourner vers la montagne par exemple
La prier comme les damnés de l’Apocalypse
Dire que le ciel est noir comme un sac de crin.
Sûrs désormais que l’âme est mortelle
et le corps seulement rusé
et la conscience une invention
nous transmigrons enveloppés de lumière.
Assis dans l’après-midi d’octobre
frappés par le soleil
irréels mais emplis de tiédeur.
Antonella Anedda
Poèmes pour partie extraits du recueil
d’Antonella Anedda, Salva con nome
(Mondadori, Collana Lo Specchio, marte 2012)
Traduction inédite d’Angèle Paoli
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Photos, G.AdC
Note d’AP : pour entendre les poèmes ci-dessus dits par Antonella Anedda, se rendre sur le site Lyrikline (poèmes enregistrés en 2010).