BAJAMAR Con tijeras me corté del alfabeto
Me castré de
ma patrie de tinta y savia
Sin que adónde y sin que nada en este Sur
Exiliada del eco de mi alfa
Soy un suicidio de metáforas
Una letra ciega un verbo sin raíz
El plenilunio materno erró su itinerario
Y me alumbró en esta tierra austral
Soy un desliz de la Natura
Después de cada viaje
Desvestida de piel templo sin Dios
En el vapor oxidado de una sombra
Escribo sobre esquirlas del infierno
Con sangre bendita mis manos sangran
Pero arden. No hay cenizas sino fuego
Soy el gemido de la Tierra en celo
Implorante de la lluvia viril de ma patrie
Buenos Aires, 2 de febrero de 2008
Cristina Castello
© Cristina Castello. Poema inédito a publicarse en el tercer poemario bilingüe francés-castellano de Cristina Castello.
BASSE MER
Aux ciseaux je me coupai de l’alphabet
Je me châtrai de ma patrie* d’encre et de sève
Sans où et sans rien dans ce Sud
Exilée de l’écho de mon alpha
Je suis un suicide de métaphores
Une lettre aveugle un verbe sans racine
La pleine lune maternelle se trompa de route
Et me donna le jour en cette terre australe
Je suis un faux-pas de la Nature
Après chaque voyage
Dévêtue de ma peau temple sans Dieu
Dans la vapeur oxydée d’une ombre
J’écris sur des esquilles de l’enfer
Du sang bénit gicle de mes mains
Mais elles brûlent. Pas de cendres, que du feu
Je suis le gémissement de la Terre en rut
Implorant la pluie virile de ma patrie*
* en français dans le texte
Buenos Aires, le 2 février 2008
Traduit de l’espagnol (Argentine) par Pedro Vianna
Cristina Castello
© Cristina Castello. Poème inédit à paraître dans le troisième recueil bilingue (français-espagnol) de Cristina Castello.
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Photos, G.AdC